L'édito de Philippe Bailly

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De Kingsman à Avatar 2 : la France, championne des effets visuels ?

A l’occasion du lancement de l’étude Les techniques numériques et les effets visuels appliqués à la production audiovisuelle, NPA Conseil revient sur les productions à succès liées aux studios d’effets visuels français.points_cles_effets_visiuels

Le succès des productions à effets visuels

Parmi les 10 films à succès du premier trimestre 2015, on compte 4 films faisant un usage abondant d’effets visuels : Taken 3 (2,6 millions d’entrées), American Sniper (2,2 millions d’entrées), La Nuit au Musée 3 (1,5 million d’entrées) et Kingsman : Services Secrets (1,1 million d’entrée).

A l’image de ces succès, le box-office mondial 2014 est dominé par des productions dans lesquelles les effets visuels jouent un rôle-clé. Les genres Science-Fiction, Fantastique, Fantasy et Péplums – fortement consommateurs d’effets visuels – sont ainsi à l’origine de 63% des recettes du cinéma mondial parmi les 40 productions ayant générés le plus de recettes.

La popularité des œuvres intégrant des effets visuels s’étend à l’univers de la TV et du web : les 2 séries TV les plus piratées en 2014 sont Game of Thrones et Walking Dead (Source : Torrent Freaks), 2 programmes faisant un usage abondant des effets visuels.

 Des savoir-faire français courtisés

Grâce à des formations supérieures d’excellence – comme Supinfocom ou les Gobelins – et des studios réputés – Buf, MacGuff, Mikros – la France est un pays champion dans le domaine de la création d’effets visuels.

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Une partie du succès international des productions européennes Taken 3 et Kingsman (près de 280 millions de dollars de recettes chacun pour des budgets de production d’environ 80 millions) est ainsi liée au travail de studios français qui permettent de créer des images spectaculaires pour des coûts de production réduits.

Alors que la France forme de nombreux professionnels (environ 800 diplômés/ans qui sortent de 67 formations initiales), le marché des effets visuels reste largement dominé par les anglo-saxons, obligeant les Français à se tourner vers les productions internationales pour trouver du travail (en groupe via les studios ou individuellement en s’expatriant). Ce contexte particulier explique qu’un studio de référence comme Buf a travaillé depuis ses débuts pour seulement 18 productions françaises (La cité des enfants perdus, Bird People) contre 74 productions étrangères (Matrix, L’Odyssée de Pi…).

Au-delà des studios, les ingénieurs travaillant dans le secteur de la R&D sont aussi très demandés. Parmi les start-up qui se distinguent, SolidAnim a par exemple été sélectionné par le réalisateur James Cameron pour réaliser une partie des effets visuels révolutionnaires des films Avatar 2, 3 et 4 (grâce à la technique de la « Pre Viz » le réalisateur peut pré visualiser les effets visuels dès le tournage). Autre exemple avec Golaem, une start-up lyonnaise qui a inventé un logiciel de simulation de foule, très utile pour dupliquer virtuellement des figurants pour un coût de production très bas. Le logiciel a par exemple été utilisé pour créer les effets visuels de la dernière saison de la série Game of Thrones.

 Une filière au cœur de la mondialisation

L’attrait des spécialistes français des effets visuels pour l’international n’a cependant pas que des avantages : outre l’exode des cerveaux, les Français se heurtent à une concurrence internationale de plus en plus rude (crédits d’impôts avantageux en Belgique ou au Royaume-Uni, main d’œuvre bon marché en Asie). La dimension virtuelle du travail effectué par les techniciens rend aisément délocalisable la production d’effets visuels, permettant de créer des équipes de travail internationales où petits et grands studios de différents pays  combinent leurs compétences pour produire simultanément des effets visuels.

Dans ce contexte mondialisé, la dimension nationale des studios, comme des productions, est peu  à peu remise en question. Les studios « français » Buf, Mikros et MacGuff sont présents en France, mais également en Belgique et au Québec. L’Américain ILM est présent en Californie mais aussi au Canada et à Singapour. L’Indien Prime Focus World est présent en Inde, mais aussi en Chine, en Angleterre et aux Etats-Unis. La société anglaise MPC (Godzilla, X-Men, Superman), présente dans 10 métropoles, est ainsi emblématique de la dispersion transcontinentale d’une même société.

Parmi les 276 techniciens ayant travaillé sur les effets visuels de Kingsman, le studio français Buf n’est plus qu’un studio parmi d’autres (on compte 25 salariés de Buf au générique). Au total, 9 sociétés se sont unies pour réaliser les effets visuels de ce film. On observe aussi que de plus en plus de structures se spécialisent dans des types d’effets visuels précis. La société anglaise Blind – aussi au générique de Kingsman – s’est par exemple spécialisée dans la production d’animations en vue de s’intégrer dans des écrans filmés (ordinateur, téléphone, TV, radars…).

Le succès croissant des œuvres employant des effets spéciaux doit obliger les professionnels français à s’intéresser davantage à cette filière en vue de moderniser les œuvres mais aussi les organisations de production. La dimension « numérique » du secteur des effets visuels pourrait ainsi ouvrir la voie à de nombreuses possibilités économiques et créatives.

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