L’édition 2015 du Marché International des Programmes TV (MIPTV) s’est conclue jeudi 16 avril. Pendant 4 jours, le sa lon a dévoilé les dernières tendances en termes de production, de fiction et de format. NPA Conseil propose un panorama des tendances mises en avant pendant le MIPTV.
Les tendances en termes de production : vers une « communauté européenne de la création »
Lors de cette édition 2015, les séries ont particulièrement été mises à l’honneur. Si Texas Rising a particulièrement fait parler d’elle grâce à son innovation technologie – elle a été tournée en 6K et présentée au format cinémascope – la série Versailles a été représentative d’une autre tendance de fond : le développement des coproductions européennes. Afin de concurrencer la puissance des séries américaines et de répondre au goût plus pointu des téléspectateurs, les diffuseurs et producteurs européens multiplient les coproductions, le plus souvent tournées en anglais, pour viser un public mondial.
Parmi les projets présentés, on retrouve plusieurs coproductions incluant la France dont Versailles, coproduction franco-italo-canadienne de 27 millions d’€ réunissant Canal+, Capa Drama, Zodiak Fiction et Incendo ; Occupied, l’histoire de l’invasion de la Norvège par les Russes, coproduite par TV2 Norway et Arte, avec la société de production GTV (groupe Zodiak), tournée en russe, norvégien et anglais ; ainsi que 1001, thriller créé par Lars Lundström (Real Humans) en coproduction avec Gaumont et la société scandinave Eyeworks Scandi Fiction. Parmi les autres grands projets européens : The Refugees, série de science-fiction anglo-espagnole coproduite par BBC Worldwide, Atresmedia et Bambu Producciones et Jordskott, coproduction anglo-scandinave autour de l’enquête sur un enfant disparu.
Les tendances éditoriales des séries : une peinture noire et réaliste de la société
Lors de la conférence The Fresh TV, The Wit a présenté quatre thématiques fortes issues des séries mondiales :
– La disparition d’enfants : dans la veine de Broadchurch, la série espagnole Under Suspicion raconte la disparition d’une fillette le jour de sa communion et une famille aux secrets inavouables. Dans Jordskott, succès en Suède, un enfant disparaît dans une petite ville : la policière en charge de l’enquête est convaincue qu’il s’agit du même homme qui a enlevé sa propre fille.
– La collusion entre politique, corruption et drogue : moins sentimentales que les telenovelas mais s’exportant tout aussi bien, les nouvelles séries latino-américaines racontent la violence du continent : Shot of grace (Colombie) décrit un acteur raté, sosie d’un parrain du crime, se retrouvant pourchassé à sa place ; la chilienne Masters of Paradise met en scène la veuve d’un parrain de la drogue qui mène une guerre de la cocaïne à Miami. Autres pays : le thriller italien avec 1992, sorte de House of cards sur les scandales de corruption dans l’Italie des années 90, et Follow the Money, série danoise sur le crime économique.
– L’Histoire locale à visée universelle ou la « glocalisation » : la série allemande Deutschland 83 raconte l’histoire d’un espion d’Allemagne de l’Est envoyé en mission pour vivre à l’ouest. The Bureau (Canal +) s’intéresse à un espion français (Mathieu Kassovitz) de retour de Syrie, obligé de conserver sa couverture. Le thriller norvégien Acquitted, grand succès local, relate l’histoire d’un homme blanchi des soupçons de meurtre de sa fiancée vingt ans plus tôt, de retour dans sa ville natale. L’Afrique livre également des histoires à vocation universelle avec The Samaritan, sur des consultants occidentaux « conseillant » des Africains, dévoilant un choc des cultures.
– L’anticipation, aux prises avec la réalité : deux séries espagnoles proposent une expérience prospective avec Rabia (une épidémie rend les gens enragés et se propage dans le monde entier) et The Department of Crime (deux agents spéciaux voyageant dans le temps). Trepalium, prochaine série d’Arte, décrit un monde où 80% des gens n’ont pas de travail. La norvégienne Occupied imagine l’invasion de la Norvège par la Russie, tandis que la série russe Tchernobyl suit l’errance de cinq jeunes dans la zone irradiée, devenue une friche industrielle cauchemardesque peuplée de chiens mutants.
Les tendances des formats TV : la surenchère dans le domaine du jeu
Le cru 2015 s’illustre avec trois tendances fortes et montre que les « talent show » se font plus rares au profit des jeux :
– Le lyrisme en compétition : alors que Prodiges (France 2) faisait concourir de jeunes talents dans les domaines des arts classiques, cette tendance se retrouve en Norvège avec When the orchestra came to town, qui suit un orchestre symphonique à la recherche des nouveaux talents, et aux Pays-Bas avec The Orchestra of the Nation, qui raconte la création d’un orchestre de musiciens amateurs qui joueront dans la plus grande salle de concert d’Amsterdam.
– Dans l’intimité des gens : si l’intime n’est pas nouveau, certains territoires n’avaient pas encore été explorés. Le jeu danois Stripped filme des gens laissés nus dans leur appartement, dont l’ensemble du contenu a été vidé dans un container ; ils doivent choisir chaque jour un objet indispensable. Le jeu suédois Pray for love présente quatre prêtres suédois à la recherche de l’âme sœur. Father Pride (Pays-Bas) filme de jeunes hommes homosexuels et leur père, n’acceptant pas leur homosexualité, se rendant à la Gay Pride de Buenos Aires. Dans Labor Games, des femmes américaines sur le point d’accoucher doivent répondre à un quiz pour remporter des prix à destination de leur futur bébé. Surviving Mariage (USA) ressoude des couples désunis grâce à des défis sur une île déserte.
– Toujours plus d’adrénaline : les jeux d’aventure sont de plus en plus spectaculaires, comme Bullseye (Etats-Unis), pour qui les participants relèvent des défis hors-normes ou encore Blinfdolded (Suède) où les participants découvrent au dernier moment les épreuves auxquelles ils vont être soumis. Autre épreuve de survie : The Raft, qui abandonne les candidats sur un canot en pleine mer pendant une semaine, sans eau ni nourriture.
