L'édito de Philippe Bailly

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Les stratégies de partenariat dessinent l’avenir de la voitures connectée

Le salon automobile de Shanghai qui s’est tenu du 20 au 29 avril a confirmé les trois principaux axes stratégiques d’innovation qui structurent de manière durable l’industrie : la réduction des émissions de polluants, l’automatisation croissante des véhicules et la connectivité.

L’automobile autonome est l’un des sujets les plus commentés actuellement dans l’industrie avec la multiplication de prototypes, de nouveaux entrants emblématiques comme Google ou Tesla et les investissements massifs en R&D chez les principaux constructeurs, pourtant l’automatisation complète reste encore lointaine. Carlos Ghosn, patron du groupe Renault-Nissan ne l’envisage pas avant une décennie. Elle se réalisera par étapes avec dès aujourd’hui une assistance à la conduite poussée, puis le déploiement progressif de dispositifs de conduite automatique très précis (autonomie de conduite en embouteillage, gestion autonome des obstacles, stationnement autonome…). Mais, outre la levée d’obstacles législatifs et comportementaux importants, l’autonomisation complète nécessite au préalable la réalisation d’une voiture totalement et réellement connectée. Autrement dit un véhicule qui ne sera pas seulement connecté à Internet mais en deviendra partie prenante avec un échange en temps réel de données de circulation avec les infrastructures et les autres véhicules, et une analyse des données de navigation puis leur croisement avec d’autres bases de données en ligne permettant une conduite prédictive.

Les enjeux de la connectivité dépassent donc la seule intégration par les fabricants de services multimédia mobiles personnalisés, d’infodivertissement ou même de services de gestion des flux de trafic dans l’habitacle. La réalisation du véhicule entièrement connecté nécessite une expertise technologique dans l’intelligence embarquée mais aussi dans le Big Data et la gestion de plates-formes cloud très évolutives. L’actualité récente montre que nous sommes bien entrés dans un deuxième âge de la voiture connectée après une première phase marquée par le déploiement par chaque constructeur de plates-formes de services et de magasins d’applications, soit bâtis soit sur une solution communicante intégrée soit reposant sur les Smartphones et les principaux OS (Android Auto, Apple CarPlay). L’enjeu s’est donc déplacé vers un niveau de connectivité supérieur comme le montre la dernière version du partenariat entre Volvo et Ericsson présentée au MWC de Barcelone au début du mois de mars puis cette semaine l’annonce d’un partenariat renforcé entre PSA Peugeot Citroën et IBM.

Dans le cas de Sensus Cloud, la solution proposée par Volvo et réalisée avec Ericsson, l’offre de services axée sur le Cloud avec des nœuds régionaux et centraux permettant son adaptation en fonction des pays, évolue. Le divertissement (radio en streaming) et l’information restent importants mais la plate-forme s’ouvre à des applications liées aux fonctions « vitales » de l’automobile comme la révision connectée ou le pré-conditionnement de l’habitacle à l’aide du Smartphone. Dans le cas de PSA et IBM, il s’agit d’un partenariat conclu en mars 2014 mais désormais étendu pour une durée de 7 ans avec un modèle économique de partage des coûts et des revenus et qui concerne la conception d’une nouvelle génération de services embarqués liés à la sécurité, au confort ou à l’interaction avec les infrastructures et l’environnement extérieurs (Smart Cities par exemple). IBM apporte son expertise dans les processus de collecte, de traitement et d’analyse des données issues des véhicules PSA (capteurs, intelligence embarquée…) et les deux partenaires pourront les proposer à des tiers afin qu’ils les exploitent pour créer des services personnalisés.

Si les infrastructures Cloud et Big Data sont donc progressivement mises en place chez les constructeurs grâce à de nouveaux partenariats avec des équipementiers IT, il reste donc à inventer les services intelligents dans lesquels réside la valeur ajoutée. C’est tout l’enjeu du programme UbiMobility, porté par Bpifrance et Business France, l’agence française pour le développement international des entreprises, qui a sélectionné cette semaine huit entreprises françaises pour un voyage d’étude de 17 jours aux Etats-Unis, visant à développer des partenariats avec des grands groupes américains dans le domaine de la voiture connectée.

Les huit entreprises sélectionnées « ont la particularité de développer des briques technologiques de pointe qui correspondent aux besoins des grands donneurs d’ordre américains » selon Bpifrance :

  • Actia Automotive conçoit des systèmes embarqués pour les véhicules.
  • http://automotive.actia.com/fr#
  • Eliocity a développé le boîtier Xee, qui se branche sur la prise diagnostic de l’automobile et permet à l’utilisateur d’accéder en temps réel aux données de la voiture via son smartphone.
  • http://www.xee.com/
  • Intempora édite des logiciels spécialisés dans les applications multi-capteurs embarquées temps réel et propose des systèmes d’aide avancée à la conduite.
  • http://www.intempora.com/industries/adas-a-active-safety-systems.html
  • Krono-Safe propose un OS capable de traiter plusieurs applications en parallèle, sans faire appel à la virtualisation, adapté aux secteurs de l’automobile, de l’énergie, de l’industrie ou du médical, qui nécessitent un haut degré de sûreté et de sécurité.
  • http://www.krono-safe.com/
  • Navya propose des solutions de transport innovantes basées sur des véhicules robotisés.
  • http://www.syrobo.org/nos-adherent/navya/
  • Roadeyes commercialise des boîtes noires vidéo pour les automobiles grâce à des caméras embarquées qui intègrent les données concernant la vitesse, les accélérations, les freinages ou la position d’un véhicule.
  • http://www.road-eyes.com/
  • Trust In Soft sécurise les applications sensibles (nucléaire, aéronautique) grâce à une analyse formelle de leurs codes.
  • http://trust-in-soft.com/
  • Vulog développe des solutions technologiques pour les opérateurs d’autopartage
  • http://vulog.fr/?lang=fr

Alors que la première phase de la connectivité a permis à la voiture de devenir une extension de l’environnement numérique personnel du conducteur et de ses passagers, la deuxième phase la transforme en plate-forme de services interconnectés, liés à la sécurité, à la conduite ou à l’échange d’informations avec l’environnement. La maitrise des données comportementales du véhicule replace les constructeurs en position favorable mais il est évident que la chaîne de valeur se complexifie avec la nécessité de multiplier les alliances, avec les opérateurs télécoms et leurs plates-formes M2M, les professionnels de l’informatique en nuage et de la gestion des données et de nouvelles sociétés innovantes spécialisées sur certaines briques technologiques. Le futur de la voiture connectée se dessine donc dans une collaboration croissante des constructeurs avec de nouveaux partenaires.

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