Depuis sa sortie en salle, Avengers L’ère d’Ultron totalise plus de 875 millions de dollars de recettes dans le monde (chiffres du 11 mai). Derrière ce succès : des effets visuels de plus en plus perfectionnés réalisés par une vingtaine de studios situés aussi bien en Amérique, qu’en Europe, en Asie, en Afrique ou en Océanie. Cette organisation mondialisée de la post-production a permis à Disney de réaliser en un temps record des effets spectaculaires.
Le poids de la filière effets visuels dans la production des blockbusters américains est de plus en plus imposant. Signe de cette tendance inflationniste, en 2014, les 5 films ayant générés le plus de recettes mondiales étaient des films dans lesquels les effets visuels avaient une place prépondérante (Transformers 4 – 803 techniciens / Le Hobbit 3 – 615 techniciens / Les Gardiens de la Galaxy – 1464 techniciens).
Afin de réaliser des effets visuels de plus en plus perfectionnés et nombreux dans des délais de plus en plus courts, l’industrie du cinéma américain a recourt simultanément à de nombreux studios – plus ou moins spécialisés – réalisant les effets visuels aux 4 coins du globe. Une situation qui tranche avec l’organisation de l’industrie française plutôt habituée à signer un contrat avec une ou deux sociétés d’effets visuels par production (Taken 3 n’a par exemple nécessité l’emploi que de 22 techniciens spécialisés répartis entre 2 studios).
Dans ce contexte, l’industrie américaine semble être à l’avant-garde de la production d’effets visuels. Le montant toujours plus important des budgets engloutis par les équipes dédiés à la production de ces effets explique que les studios américains cherchent désormais à passer d’une méthode artisanale de création à une méthode industrielle.
En ce sens, la production d’Avengers 2 est un cas d’école : les 3000 plans truqués en image de synthèse ont été réalisés en 6 mois (automne 2014 et hiver 2015).
Pour parvenir à un tel délai, le studio Marvel (groupe Disney) a employé 26 studios d’effets visuels différents (habitués à travailler sur ces productions). Autour d’un studio-pilote (ILM, structure de référence aux Etats-Unis) se sont articulés 25 autres studios. Puisque la production d’effets visuels est désormais mondialisée, ILM est à la fois basé aux Etats-Unis, à Singapour et à Londres (cette dernière filiale a été créée spécialement pour Avengers) le second studio le plus contributif en ressource humaine était le studio allemand Trixter (basé à Munich et aux Etats-Unis) suivi du studio anglais Double Negative (basé à Londres). On compte aussi parmi les studios mobilisés un studio sud-africain (BlackGinger), un studio macédonien (fx3x), un studio canadien (Soho VFX) et plusieurs succursales de studios basées en Asie (ILM Singapour, Prime Focus Inde ou Chine).
Derrière ce constat se dessine une industrie en mutation, capable de travailler mondialement tout en déployant de nombreuses spécialités : ILM se charge des effets les plus complexes, Perception se charge du générique, Luma réalise l’animation 2D, The Imaginarium Studios se charge de la capture de mouvement, The Third Floor s’occupe de la PreViz, Stereo D s’occupe des effets en stéréoscopie 3D, Blur s’occupe des effets de type hologramme et incrustations d’images dans des écrans etc.
Ce modèle américain pourrait inspirer l’industrie française, elle aussi compétitive mais encore largement sous employée par la production cinématographique et télévisuelle française pour des raisons autant économiques que culturelles. Pourtant, l’industrie des effets visuels est de plus en plus incontournable pour produire des films d’envergure internationale. La dématérialisation complète de la chaîne de post-production ouvre par ailleurs de nouvelles opportunités de travail pour créer des équipes de productions véritablement mondiales.
