L'édito de Philippe Bailly

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Bilan du SNEP 2015 : Le streaming musical et les productions locales s’affirment comme les moteurs du marché musical en France

Le Syndicat national de l’édition phonographique a tenu sa conférence de presse annuelle pour présenter les chiffres de production et consommation de musique en France pour l’année 2015. Sans surprise, le streaming musical prend une place de plus en plus conséquente au sein de l’industrie musicale face à un marché physique en constante diminution.

La mutation des usages dans la consommation de musique

La mutation des usages liés à la consommation de musique a fortement marqué 2015. En effet, 50 milliards de titres ont été écoutés en ligne en France en 2015, streaming audio et vidéo confondus, preuve du véritable changement des modes de consommation de musique chez les Français. Parmi ces derniers, on dénombre aujourd’hui 3 millions d’abonnés à un service de streaming musical, soit 1 million de plus qu’en 2014, ce qui représente environ 5% de la population française. Cet engouement pour les plateformes de streaming s’explique notamment par l’arrivée de nouveaux acteurs (comme Apple Music en 2015), la diversification des offres existantes (le développement des forfaits dédiés aux familles, l’arrivée des albums d’artistes « légendaires » comme les Beatles, ACDC ou Led Zeppelin sur l’ensemble des plateformes de streaming audio). De plus, l’usage du streaming musical s’affirme de plus en plus auprès du grand public : 42% des internautes utilisent chaque mois un service de streaming musical audio ou vidéo.Cependant, face aux autres pays occidentaux, à population égale, la France compte moins de titres écoutés en streaming via les plateformes audio de type Spotify ou Deezer, que la Grande Bretagne : 18 milliards de titres streamés en 2015 en France, contre 27 milliards outre-Manche. De plus, en Suède on écoute 1649 titres par an par habitant, contre 267 seulement en France, signe d’espoir selon le SNEP qu’une augmentation de ces chiffres est encore à prévoir au sein de l’Hexagone pour les années à venir.

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Le marché numérique de la musique boosté par le streaming

En 2015, le streaming a franchi le seuil symbolique des 100M€ de chiffre d’affaires, chiffre multiplié par 5 en 5 ans. Il est aujourd’hui 2 fois supérieur à celui du téléchargement à l’acte qui, lui, a diminué de 20% en 2015. Dans le marché du numérique, le streaming musical (streaming financé par la publicité + streaming par abonnement) représente pas moins de 69% des revenus du marché numérique en 2015, contre 28% pour les téléchargements légaux.

aDe plus, le marché numérique tire plus de la moitié de ses revenus des abonnements payants à une plateforme de streaming musical (55%). Ces mêmes abonnements représentent 20% des revenus du marché global de la musique.

Les revenus du marché physique en berne

En 2015, le marché de la musique enregistrée a diminué de 4,7% en raison de la baisse conjuguée des ventes physiques (-15,9%) et des ventes de téléchargement à l’acte (-20,5%) suite au basculement progressif des usages des Français vers le streaming. De plus le SNEP évoque des raisons conjoncturelles propres à la France comme les attentats qui ont eu un fort impact sur la consommation de biens culturels.

aSource : SNEP, SPPF, SCPP

Malgré cette diminution des ventes, les revenus du physique restent toujours majoritaires dans le marché global de la musique (61%), mais l’ensemble du numérique (streaming, revenu mobile et téléchargement) représente aujourd’hui 36% des revenus du marché, contre 16% en 2010. Sur la période 2010-2015, la consommation d’achat, que ce soit physique ou dématérialisé, a ainsi baissé de 21%. En 2010, les ventes de CDs physiques représentaient 76% des revenus du marché musical, mais plus que 58% en 2015, soit une perte de 18 points ; alors que sur la même période, le streaming est passé de 4% à 25% des revenus du marché (+21 points). En revanche, le vinyle tire son épingle du jeu puisqu’ont été enregistrés 750.000 ventes en 2015, chiffre qui a doublé en 3 ans et qui représente 2,3% du marché physique.

La production locale toujours en pleine forme

Les producteurs de musique ont produit et commercialisé 251 albums francophones en 2015, soit une augmentation de 3,72% par rapport à 2014. Côté marketing, ce sont les ¾ des investissements qui ont été dépensés pour promouvoir les artistes francophones (environ 45M€ soit +25% par rapport à 2011). Ces investissements massifs ont porté leur fruit au niveau des ventes puisque 76% des revenus du marché variétés (hors classique et jazz) sont issus de la production francophone. En effet, dans le top 20 des albums les plus écoutés et achetés, l’on retrouve 17 artistes francophones, que ce soit des talents confirmés comme Johnny Hallyday, Calogero ou Mylène Farmer, mais aussi de nouveaux talents issus entre autres de l’émission de télé-crochet The Voice tels que Louane qui occupe la tête du classement, ainsi que Kendji Girac et Fréro Delavega.

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Les doléances du SNEP : plus de diversité dans les médias et le changement de statut de Youtube

Le SNEP a également profité de sa réunion annuelle pour insister sur la nécessité d’améliorer la présence et la diversité des artistes dans les médias traditionnels. En effet, les radios exposeraient moins bien les artistes francophones que les plateformes de streaming audio ou vidéo, sachant que les titres francophones sont les plus visionnés sur les services de streaming vidéo. Ainsi seuls 10 titres représentent 75% des diffusions radio de nouveautés et 20 titres 97%. Idem pour la télévision où la musique est tout simplement absente des chaînes musicales gratuites (W9 et D17) aux heures de prime time (20h – 23h).

L’autre doléance du SNEP porte sur l’iniquité entre les producteurs de musique et certaines plates-formes. Le syndicat part du constat que 88% des revenus issus du marché du streaming proviennent du streaming audio, alors que ce dernier ne représente que 35% des titres écoutés en ligne en France. En conséquence, 65% des titres écoutés le sont sur des plateformes de streaming vidéo, comme Youtube, et ne génèrent que 12% des revenus issus du streaming. Ainsi un streamer sur Youtube rapporte 54 fois moins qu’un abonné à service de streaming audio. Selon le SNEP, cette irrégularité proviendrait du statut d’hébergeur passif détenu par Youtube qui effectue une contribution à l’industrie musicale uniquement en fonction de son chiffre d’affaires publicitaire. Or, le syndicat des producteurs estime que la plateforme tient un rôle éditorial en mettant en avant certains morceaux musicaux, ce qui ferait d’elle un hébergeur actif auquel l’on pourrait soumettre davantage de contraintes. Un appel auprès de la nouvelle Ministre de la culture Audrey Azoulay a été lancé en ce sens.

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