L'édito de Philippe Bailly

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IBM Watson : des applications métiers qui se développent

Le programme d’intelligence artificielle de la société IBM continue de se développer à travers une multitude de domaines d’activité : la santé, l’éducation, la banque, les transports, les smart-building, la cybercriminalité et bien d’autres. Autant de domaines qui peuvent bénéficier de la nouvelle ère de l’informatique cognitive (après l’ère de l’informatique programmable).

  • Watson : la santé comme axe de développement majeur

Même si les travaux d’IBM sur l’intelligence artificielle sont moins connus du grand public que ceux de Google Amazon ou encore Facebook, la société Américaine qui veut « bâtir une société plus intelligente » n’en demeure pas moins un des pionniers et leaders.  IBM travaille depuis de nombreuses années sur les réseaux de neurones et les systèmes cognitifs et son programme Watson a connu son premier fait d’arme en février 2011 en battant des spécialistes humains du jeu Jeopardy. Le programme doit son nom à Thomas John Watson (ancien président d’IBM) et sa R&D est aujourd’hui dirigé par un français (Jerome Pesenti). IBM a mis les bouchées doubles sur ce marché et commence à faire valoir sa technologie notamment au travers de ses spots TV plutôt réussis avec des personnalités issues du sport ou de la musique[1]. Cependant, IBM qui mêle savoir-faire en analyse de données et fortes capacités de stockage cloud a décidé de cibler la santé (Watson Health) comme principal axe de développement avant de démultiplier les usages. Cette branche, sans doute plus lucrative et utile que la musique ou la robe équipée de LED qui change de couleur selon les émotions qu’elle suscite, est souvent mise en avant comme vitrine technologique d’IBM.

Watson Health qui a officiellement été créé en avril 2015 a beaucoup évolué, IBM a notamment investi plus de 4 milliards depuis lors, en acquérant des fournisseurs de données médicales, des éditeurs de logiciel spécialisés dans la gestion de données médicales, des fournisseurs de technologie d’imagerie. L’objectif est simple : collecter des milliards de données personnelles et les connecter à la plate-forme analytique pour identifier des “patterns” et générer ainsi des recommandations personnalisées permettant d’améliorer le bien-être et la santé. En sortant les données de santé de leurs silos, IBM espère pouvoir aider au diagnostic (cancer, diabète, etc.). Pour cela, IBM n’a pas lésiné sur les investissements mais a également noué de nombreux partenariats avec l’industrie pharmaceutique (Pfizer, Johnson & Johnson), les hôpitaux ou encore des fabricants de wearables qui récoltent de la donnée (Medtronic, Under Armour ou encore Apple avec Health Kit et Research Kit).  IBM Watson Health vise l’ensemble de la chaîne de valeurs de la santé, des assureurs en passant par les hôpitaux, les chercheurs, les acteurs de l’industrie pharmaceutique, du bien-être ou du coaching. Sur ce créneau, seul Google semble en mesure de rivaliser, notamment grâce à sa nouvelle division santé de « DeepMind ».

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  • Instrument d’aide à la prise de décision et compréhension du langage naturel : Watson peut s’appliquer à une multitude de secteurs d’activité (AI As A Service)

  • Transport : le concept-bus Olli qui facilite l’interaction homme/machine au sein de l’habitacle

Bien que la législation n’autorise pas encore la circulation de ce type de véhicule, IBM a dévoilé avec la start-up « Local Motors », le premier minibus autonome « Olli ». Les capacités cognitives de Watson peuvent ici, être mises au service du langage, de l’interaction avec les humains : le minibus présenté il y a un mois utilise donc les capacités cognitives du programme Watson IoT. La plateforme intègre quatre API (Speech to Text, Natural Language Classifier, Entity Extraction et Text to Speech) pour interagir avec ses passagers. Olli peut notamment répondre à des questions concernant une destination et fournir des recommandations à partir de l’analyse des préférences du passager (et de son émotion).

  • Bâtiments intelligents : mieux comprendre et adapter l’environnement

Après Kone en début d’année, IBM vient d’annoncer un partenariat d’envergure avec ISS[2], leader mondial du « facility services », de la maintenance, du nettoyage et de l’hygiène. IBM fournira sa technologie pour 25 000 bâtiments à travers le monde afin d’analyser les données récoltées par les millions de capteurs intégrés aux bâtiments. Par exemple, les capteurs dans les portes et à l’entrée de chaque pièce permettront d’avoir une vue en temps réel sur le nombre de personne présente dans l’immeuble, et leur location, ce qui peut potentiellement aider à la gestion de l’énergie. Les capteurs dans les salles de réunions peuvent permettre d’optimiser l’occupation et la propreté.

  • Education : partenariat avec Sesam Street pour proposer une éducation sur mesure aux enfants

Parmi les vastes champs d’applications de Watson, on retrouve également l’éducation. Pour cela, IBM a conclu un accord avec “Sesam Workshop”, une organisation éducative à but non lucratif. Dans le cadre d’un accord de trois ans, Sesame Workshop et IBM vont collaborer pour développer des produits et plateformes liés à l’éducation, qui seront conçus pour s’adapter aux préférences d’apprentissage et au niveau d’aptitude de chaque enfant. Sesame Workshop apportera son expertise en matière de contenu éducatif, acquise grâce à plus de 45 ans de recherche. Cette expertise s’associera au traitement du langage naturel de Watson, à la reconnaissance de formes ainsi qu’à d’autres technologies cognitives pour créer des expériences d’apprentissage hautement personnalisées visant à compléter le rôle joué par les parents et les professeurs dans le développement des jeunes enfants.

  • Banque : CIC, Crédit mutuelle, etc.

Les accords avec les banques peuvent développer des cas d’usages intéressants. De l’automatisation de certaines interactions sur les centres d’appels, mais également de l’aide au pilotage des conseillers afin d’améliorer l’expérience client (cf. CIC et Crédit Mutuel[1]). Watson pourra par exemple analyser un flux d’informations important durant la nuit et fournir des préconisations le matin au conseiller financier.

Parmi les autres usages que ceux présentés succinctement ci-dessus on retrouve notamment, les petits robots concierge dans les hôtels Hilton qui aide les clients qui cherchent un restaurant ou les horaires des salles de fitness. Les exemples sont encore nombreux et vont jusqu’à l’analyse les données pour lutter contre la cybercriminalité. IBM a clairement fait de Watson un pilier stratégique qui devrait amener de nouveaux relais de croissance. Le président d’IBM France a d’ailleurs rappelé que l’ambition d’IBM était de « rendre Watson accessible au plus grand nombre d’entreprises, afin qu’elles puissent bénéficier de la révolution cognitive pour transformer leur business model » comme l’illustre le rapport de Deloitte dédié aux usages de cette technologie[2].

 

[1] Publicité IBM Watson avec Serena Williams : https://www.youtube.com/watch?v=sR7kyIxQ000

[2] IBM Watson set to transform 25,000 offices into ‘smart buildings’: http://www.wired.co.uk/article/ibm-watson-set-to-enter-25000-buildings-around-the-world

[3] L’arrivée de Watson au Crédit Mutuel suscite des inquiétudes pour l’emploi : http://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-l-arrivee-de-watson-au-credit-mutuel-suscite-des-inquietudes-pour-l-emploi-64399.html

[4] Deloitte’s point of view on IBM Watson (p.28) : http://www2.deloitte.com/content/dam/Deloitte/us/Documents/about-deloitte/us-ibm-watson-client.pdf

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