L'édito de Philippe Bailly

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Cinéma : le grand écran reste-t-il un passage obligé ?

Compte-rendu de la table ronde du 24è Colloque NPA-LeFigaro (15/11/2016)

Victoria Bedos, scénariste

Écran de destination et écriture

En tantVictoria Bedos que « femme de l’écrit », passée par la littérature, la chanson, puis le cinéma, Victoria Bedos a d’abord écrit un scénario comme s’il allait être publié et ce n’est que plus tard, après avoir travaillé avec un réalisateur, que la scénariste s’est mise à écrire dans la perspective de l’image, ce qui a rendu l’exercice d’écriture plus spécifique et important. Victoria Bedos a souligné également la liberté poétique qui demeure propre au cinéma. Au cinéma les auteurs sont moins nombreux ce qui permet selon elle de partager plus facilement sa vision, son propos. Pour les séries, le travail d’écriture est souvent effectué par des « pools » d’auteurs, ce qui dilue le rôle du scénariste et in fine, la part artistique. Selon elle, pour la série on demande de coller à l’actualité, à l’heure du temps alors qu’au contraire l’art cinématographique permet de s’extraire, de raconter des choses intemporelles et plus universelles.

Cependant, Victoria Bedos a tenu à ajouter qu’il est selon elle nécessaire de faire changer les mentalités des acteurs du cinéma (producteurs, scénaristes, acteurs) sur la VoD. Aujourd’hui, selon elle, le milieu du cinéma sacralise justement trop le cinéma en salle et ne valorise pas assez la VOD. Une part importante du milieu considèrerait encore que lorsque le film n’a pas marché en salle mais bien marché en VoD, c’est un échec.

  « Nivellement par la joie » de la production française

Sur la distribution des films, Victoria Bedos estime qu’on assiste aujourd’hui à un « nivellement par la joie » et une disparition du droit à être triste. Les films d’auteurs qui coûtent moins chers sont plus faciles à produire. A l’autre extrémité on retrouve les très grosses comédies mais entre les deux, il y a moins de place pour un ton entre les deux à l’exemple de la comédie à l’italienne qui mêle rires et larmes. Les scénaristes auraient de plus en plus de pression sur le ton à choisir. Pour elle, un certain nombre de thématiques ne peuvent plus être abordées et au final les scénaristes sont de moins en moins libres dans la construction d’histoire.

Optimisme quant à l’avenir du cinéma et de la salle en France

Pour conclure, et en s’éloignant du point de vue économique, la scénariste a rappelé le rôle sacré du cinéma en revenant sur son expérience personnelle et la motivation qu’elle a pu observer chez les exploitants, qualifiés « d’extraordinaires » qui construisent des « paroisses » capable de créer un tissu social permettant aux gens de sortir.

 Xavier Lardoux, Directeur Cinéma du CNC

Un réseau de salle diversifié et en croissance en France

Le directeur du cinéma du CNC a tenu à rappeler que l’on a encore trop tendance à opposer la salle de cinéma à la VoD et que malgré la croissance des différentes fenêtres exploitations alternatives, le cinéma se porte très bien et « n’est pas mort ».

Pour preuve, le directeur cinéma du CNC a égrené quelques chiffres clés à l’appui :

  • Fin 2015, on dénombrait 5 740 écrans de cinéma en France (+9% en 10 ans). Il y a une force nouvelle grâce à ce maillage territorial important. Au niveau mondial, sur la même période, on est passé de 112 000 écrans à 152 000, grâce notamment aux marchés Chinois, Russe et à l’Amérique Latine. On constate donc à l’échelle mondiale, une croissance du parc d’écrans.
  • Autre élément important, en France, la diversité du parc de cinémas avec les salles de circuit et les salles indépendantes permet une diversité de l’offre avec notamment 1 200 salles d’art et essai en France. Pour Xaver Lardoux, il y a donc un équilibre qui se construit et qui est pérenne. Le spectateur a le choix et c’est le rôle du CNC en tant qu’acteur publique, d’assurer cet équilibre. 650 films inédits toutes nationalités confondues sont sortis en salle en 2015 contre environ 400 il y a 10 ans.

Pour Xavier Lardoux, c’est grâce au système publique du CNC et aux professionnels que la France a pu par la réglementation et les aides financières consolider cette diversité. Il a insisté sur la place de la salle qu’il faut consolider, affirmant qu’il s’agissait de la fenêtre « incontournable, originel ». Les chiffres de fréquentation pour l’année 2016 seront publiés dans quelques semaines, mais devraient atteindre leur meilleur niveau depuis 50 ans.

Cependant, le directeur du cinéma du CNC a un peu nuancé son propos sur l’étranger où contrairement à la France la croissance du nombre de salles ne va pas dans le sens d’une plus grande variété. Selon lui, la croissance des parcs à l’étranger va de pair avec une tendance à l’uniformisation croissante et de plus en plus de cinémas qui se ressemblent dans des « malls commerciaux » reprenant les blockbusters.

Complémentarité des fenêtres d’exploitation

Lardoux CNCSelon le directeur cinéma du CNC, il est important de concilier cette place importante du cinéma avec un développement de la VoD, de l’achat définitif et de la VoD par abonnement. Ce trinôme doit être développé et n’est pas en contradiction avec la salle de cinéma. Le directeur du cinéma du CNC rappelle également que dans les années 60, beaucoup ont craint que la télévision réduise à néant les salles de cinéma. Ce n’a pas été le cas grâce à des modes de financement où les chaînes de télévision sont venues aider et financer le cinéma. C’est encore le cas avec France Télévisions et Canal+ qui restent des acteurs indispensables du financement du cinéma. Xavier Lardoux a tenu à rappeler que l’accord qui a été signé début novembre sur l’exploitation de suivi des œuvres participe également de cette volonté. En plus de consolider la place du cinéma, il faut donc faire évoluer les fenêtres de sorte que la VoD se développe de manière complémentaire. Sur ces dernières années, ce qui a bloqué pour lui la négociation sur l’évolution de la chronologie, c’est essentiellement un problème de gouvernance à Canal+ alors que cet acteur reste très important, comme le prouve le dernier accord quinquennal signé à Cannes qui prévoit d’injecter sur la totalité de la période plus de 900M d’euros dans le cinéma français et européen. La place du groupe Canal dans l’écosystème est décisive. Récemment, le groupe Canal+ a fait une demande officielle pour un raccourcissement de sa fenêtre payante à 6 mois. Cette proposition ne fait pas l’unanimité selon le directeur cinéma du CNC. Il faudra donc se remettre autour de la table pour faire évoluer les positions et faire progresser la concertation dans le but, in fine d’une mise en lumière maximale des œuvres.

Il a insisté sur le fait qu’il était important de garder à l’esprit que la particularité d’une chronologie des médias aussi stricte sert à financer les œuvres par une logique de préfinancement. Chaque fenêtre contribue à ce système et on ne retrouve pas de système équivalent à l’étranger. Xavier Lardoux tient justement à souligner que c’est la raison pour laquelle, avec Unifrance, le CNC a développé un festival de cinéma français en ligne pour utiliser l’absence de chronologie des médias à l’étranger afin de mieux diffuser les œuvres françaises qui ont parfois du mal à accéder aux écrans à l’étranger. La VoD est donc, par exemple, un outil pertinent d’exportation des films.

Piratage et lutte contre la concurrence des plates-formes étrangères

Pour Xavier Lardoux, deux questions doivent être réglées en parallèle. D’abord, au niveau Européen, il est nécessaire de régler le problème de la taxation des plates-formes en fonction du pays de destination (et non plus du pays d’origine) pour ceux dont le siège social n’est pas en France (Apple, Netflix, Amazon, par exemple). Cela permettra d’avoir un système de quota de diffusion d’œuvre sur ces plates-formes. Cette internationalisation des acteurs a des conséquences évidentes sur les évolutions réglementaires et c’est une bataille qui est liée aux problèmes de la chronologie des médias. Le directeur du cinéma est revenu également sur le problème du piratage, et plus précisément sur l’absence concrète de lutte contre le piratage, en soulignant le rôle très limité d’HADOPI en France. Il y a donc selon lui, collectivement, une nécessité, de s’occuper de la lutte contre le piratage et de la concurrence déloyale des plates-formes étrangères.

La transmission de la cinéphilie par la VoD

Pour conclure, Xavier Lardoux a rappelé qu’un des enjeux est de bien structurer un public pour un marché et pour une cinéphilie forte. La transmission de cette cinéphilie doit passer par la salle et également par la VoD (qui compte près de 15 000 œuvres aujourd’hui). En effet, même si le public dans les salles de cinéma reste majoritairement jeune, regarder un film sur son smartphone ou son pc est devenue une évidence aujourd’hui et la pratique est en constante évolution. Le directeur du cinéma en a profité pour mettre en avant l’initiative de « Cinetek » qui propose aujourd’hui des catalogues de films de patrimoine, recommandé par les cinéastes eux-mêmes. Ce service propose des œuvres assez rares et vient offrir également une diversité de l’offre pour la jeune génération qui n’a pas pu voir ces films en salle.

Jean-Paul Salomé, Président d’Unifrance Films

Avenir de l’exploitation en salle

Sur l’aveSaloménir de la salle de cinéma en France, Jean-Paul Salomé s’est voulu un peu moins optimiste que les autres intervenants. S’il a reconnu que les performances de la salle sont positives tant en nombre d’entrées qu’en nombre d’écrans, il estime nécessaire de nuancer ce bilan positif qui concerne avant tout un nombre réduit de films. Pour lui, il est important de noter qu’il est de plus en plus difficile d’exposer les films en dehors des blockbusters et des comédies. Les films d’auteur hors-comédie auraient ainsi une vie en salle en France de plus en plus difficile et le tissu français de distributeurs et de producteurs indépendants auraient de plus en plus de mal à faire même exister ces films. A l’international, le phénomène serait démultiplié car de moins en moins de films non-américains ont un accès aux salles dans la majorité des pays du monde. Il reconnaît cependant que le problème touche sans doute moins fortement la France que ses voisins du fait notamment de la réglementation.

Le président d’Unifrance a ainsi dressé un tableau assez pessimiste de l’exportation de films par les autres pays d’Europe continentale. Selon lui, l’Italie, l’Espagne ou l’Allemagne ont encore une industrie cinématographie forte mais qui repose essentiellement sur de la comédie et surtout qui ne s’exporte pas. Ces pays continuent pour lui à produire des films qui rencontrent un public national et seulement national. Leurs films d’auteurs en particulier ne s’exportent absolument plus dans les salles étrangères et sont devenus des productions locales. Face à ce constat, Jean-Paul Salomé a exprimé son inquiétude quant à la possibilité d’un scénario similaire pour l’industrie cinématographique française. Pour lui, si la France n’est pas encore dans cette situation, elle en prend toutefois le chemin. Il en tient notamment pour preuves le nombre de comédies sortant chaque semaine et la stratégie des grands groupes basées justement sur la sortie en salle d’un grand nombre de comédie et de seulement quelques films d’auteurs capables d’aller dans les grands festivals internationaux. Jean-Paul Salomé a tempéré un peu son propos sur les comédies  en ajoutant que la France est presque le seul pays européen à faire encore des comédies populaires qui s’exporte. La Famille Bélier, Intouchables et Qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu sont des comédies qui s’exportent très bien en Europe ou en Russie, ce que n’arrive plus à faire nos voisins européens

La chronologie pilier de la puissance du cinéma français

Pour Jean-Paul Salomé, il n’est pas possible de dissocier cette position de leader de la production française en Europe de l’existence d’une chronologie dans notre pays. Selon lui, presque personne dans le cinéma français ne la remet en question car elle permet au cinéma français d’exister et même de soutenir financièrement le cinéma d’auteur européen.

Il a ajouté cependant qu’il faudrait savoir l’adapter notamment pour développer la VoD. Pour lui, la VoD est le mode d’exploitation le plus malmené car non seulement sa fenêtre est très réduite mais elle est aussi la plus durement frappée par la piraterie en France et à l’international. Il a cité le cas de l’Allemagne comme un exemple de lutte efficace contre la piraterie. Pour lui la réglementation dans ce pays pourrait être à l’origine de la bonne forme du marché de la vidéo (physique et VoD) outre-Rhin.

La salle un passage obligé pour les œuvres

Pour le président d’Unifrance, le grand écran reste cependant un passage obligé pour un film. A l’appui de son affirmation, il est revenu sur l’exemple de Divines qui est un premier film d’auteur ayant largement bénéficié de son exposition à la Quinzaine des Réalisateur à Cannes où il a été récompensé par la Caméra d’Or. Cette exposition a permis l’identification de la réalisatrice sur la scène internationale ce qui a décidé Netflix à acheter les droits monde, hors-France, du film. Il a ajouté que Netflix constitue peut-être la meilleure exposition internationale possible mais que cette exposition sur Netflix n’a été possible que parce que Divine est un film de cinéma né sur les écrans en France. Jean-Paul Salomé a insisté sur le fait que Netflix n’aurait jamais préacheté le film sur scénario et Divines a pu donc voir le jour seulement grâce à l’implication des différents acteurs de la production française. Pour lui c’est peut-être un nouveau système qui se dessine et qui va favoriser la création et l’émergence des talents français à l’international. Néanmoins, l’exposition en salle et notamment en festival continuera pour lui à primer sur l’exposition sur des services de SVoD internationaux.

Le film de cinéma, une œuvre à part

Jean-Paul Salomé a affirmé que si la question de l’écran de destination n’est plus aussi pertinente qu’il y a encore quelques années du point de la réalisation, elle reste primordiale du point de vue de l’écriture. Pour lui, du point de vue de la réalisation, la grammaire cinématographique a pris le pas sur toutes les autres grammaires audiovisuelles et celle de la télévision a quasiment disparu. Les contenus ne diffère donc presque plus visuellement mais diffère toujours par leur durée et donc leur écriture.

Enfin, outre ces différences en termes d’écriture, pour lui, la salle conserve un attrait incomparable et  reste un des derniers lieux de socialisation et de mixité sociale en France. « Le cinéma ne se découvre pas sur un écran de téléphone. Un film est une expérience collective qui doit se partager et à ce titre la salle de cinéma propose une expérience incomparable ».

Olivier Snanoudj, Vice-Président de Warner Bros. Entertainement France

La place du « e-cinéma »

olivier WarnerPour Olivier Snanoudj, Vice-Président de Warner Bros. France, une œuvre tire sa valeur cinématographique de sa diffusion sur grand écran. Une exploitation en salles qui a également un impact direct sur la valeur économique des autres des médias eu égard aux moyens considérables investis par les distributeurs pour la sortie des films sur grand écran. Il estime que le « e-cinéma » n’est qu’une appellation marketing pour désigner des films classés il y a peu dans la catégorie DTV (Direct to Video), avec une sortie sur support vidéo, physique (VHS, DVD…) ou numérique (VOD), sans passer par la case cinéma. Selon lui, les longs-métrages distribués en e-cinéma ne le sont pas par choix mais en réalité par obligation, ces films ne jouissant pas d’un potentiel commercial suffisant pour une exploitation en salles. Il précise que l’évolution des technologies ces dernières années, notamment en matière de numérisation, a entrainé une diminution des coûts de production et a eu pour effet de multiplier le nombre de films produits. Des productions qui n’ont pas forcément la capacité à être diffusées en salles et à attirer un public en nombre, et pour lesquelles la question de circuits de distribution alternatifs est légitime selon lui.

Chronologie des médias et financement des œuvres

Olivier Snanoudj a rappelé que l’industrie du cinéma a été de nombreuses fois tancée au cours de ces dernières décennies. Face l’apparition de la télévision, celle de Canal+ et des chaînes privées, d’Internet et la vidéo en ligne, le cinéma a toujours su faire preuve de résistance. Une bonne santé qui passe selon lui par la politique publique et les efforts constants des exploitants de salles pour le développement des infrastructures : « là où on veut qu’il y ait un cinéma vivant et dynamique il faut des salles ».

En parallèle de cela, le maintien du marché passe par la mise en place de moyens d’amortissement des productions et donc par une chronologie des médias efficace.

Olivier Snanoudj a estimé ainsi que les films sont de plus en plus chers à produire et que les coûts pour atteindre le public n’ont jamais été aussi élevés. Le Vice-Président de Warner Bros. France s’est interrogé sur l’explosion du nombre de productions ces dernières années et sur la capacité du marché à distribuer correctement un tel volume d’œuvres. Il a cité en référence le classement annuel du Film Français qui met en lumière les difficultés des productions nationales à atteindre leur seuil de rentabilité au cinéma et insiste sur l’importance des fenêtres successives qui permettent aux distributeurs d’amortir leurs investissements sur la durée. Olivier Snanoudj n’en n’a pas moins souligné la nécessité de faire évoluer le système français eu égard aux profondes évolutions de consommation et de distribution survenues ces dernières années. Il a conclu son intervention en appelant pouvoirs publics et industrie à trouver le meilleur équilibre pour optimiser le financement des œuvres.

 Marc Tessier, Président de SEVAD

Le modèle du e-cinéma

Marc Tessier, président de SEVAD, a estimé que le e-cinéma ne représente pas l’avenir de la vidéo à la demande. Selon lui, le marché de la VOD doit être porté par un cinéma fort, c’est-à-dire par des films qui ont été conçus dans une optique de marketing et de prise de risque. Marc Tessier a insisté en effet sur le fait que le cinéma se caractérise par trois éléments fondamentaux :

  • L’ambition éditoriale, qui doit être extrêmement forte pour ensuite justifier un process marketing qui attirera les spectateurs en salles : « on ne conçoit pas un film sans penser à l’idée de faire venir des spectateurs en salles».
  • La prise de risque, omniprésente dans le cinéma à la différence de séries produites pour la télévision ou pour des acteurs comme Netflix dont la politique de financement (125% du montant de la production pour en couvrir les frais et y assurer une marge) tend à faire disparaitre cette dimension de risque.
  • La pluralité des sources de financement, garantissant l’indépendance du cinéma.

La question du e-cinéma doit être approchée par rapport à cette logique. Le problème du e-cinéma est qu’il ne repose pas sur des œuvres initialement conçues pour ce canal de distribution comme cela est le cas pour le grand écran ou la télévision. La production de longs-métrages en vue d’une diffusion spécifique en e-cinéma supposerait que l’ensemble du risque de financement soit supporté par cette fenêtre d’exploitation. Une idée difficilement envisageable dans l’économie actuelle selon lui.

Chronologie des médias et place de la vidéo à la demande

Pour Marc Tessier, cinéma et vidéo àMarc tessier la demande sont deux modes de distribution complémentaires. Un avis qu’il a estimé peu partagé en France où certains acteurs redoutent la concurrence de la VOD. Selon lui, le développement de la vidéo à la demande en France bénéficierait à l’industrie cinématographique. Une idée déjà acceptée aux États-Unis où la vidéo physique et l’international ont été les principales sources de financement et d’amortissement des films avant d’entamer un cycle de décroissance. Face à l’effondrement progressif de ces sources de revenus, l’intérêt de l’industrie fût de développer et de renforcer leurs substituts au premier rang desquels la vidéo à la demande transactionnelle.

Toute la question est de savoir comment optimiser la relation entre cinéma et vidéo à la demande. Marc Tessier a estimé que la VOD est indispensable à l’industrie cinématographique. Il a rappellé son importance dans l’amortissement des œuvres, notamment pour les productions au succès mitigé en salles. Selon lui, l’écrasante majorité des films n’est pas rentable en salles. Dans le meilleur des cas, l’exploitation sur grand écran permet de couvrir les frais de sortie mais ne rémunère pas les ayants-droits. Une rémunération des ayants-droits que permet d’assurer la VOD en leur retournant 60 à 70% de ses recettes clients. Le président de la SEVAD a ajouté que la VOD favorise également une plus grande diversité de consommation des œuvres, ce que ne permet pas la salle dont les entrées se concentrent principalement autour des blockbusters et des comédies populaires.

Sur la révision de la chronologie des médias, Marc Tessier a ajouté que plusieurs éléments doivent être pris en compte au moment des discussions : le maintien d’une exploitation en salles forte, le développement indispensable de la vidéo à la demande et la situation actuelle de Canal+, acteur essentiel du système de financement français, que la perte d’abonnés conduit à demander une réduction de fenêtre importante (à 6 mois au lieu de 10 aujourd’hui) et à réduire ses tarifs d’abonnement. Pour optimiser la chronologie des médias, chacune des parties devra faire preuve de davantage souplesse. Si le statu quo perdure, la situation se dégradera et affectera l’ensemble des pans de l’industrie.

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