L'édito de Philippe Bailly

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Confiance, croissance : l’effet papillon de la qualification des Bleus au Mondial 2018.

La manière n’y était peut-être pas complètement. Il n’empêche. Les vestiaires du Stade de France ne sont probablement pas les seuls à avoir retentis du son de quelques bouchons de champagne ce mardi soir, après la qualification de l’équipe de France pour la phase finale du Mondial 2018.

Première à pouvoir se réjouir, d’abord, TF1 est assurée de 28 belles audiences au printemps prochain, correspondant aux 28 matches que le groupe diffusera. Ces dernières semaines, les rencontres disputées contre les Pays-Bas (7,6 M de téléspectateurs), le Luxembourg (8 M), la Bulgarie (7,3 M) et, ce mardi, la Biélorussie (7,9 M) se situent à des niveaux proches de celles obtenues lors des éliminatoires de l’édition 2014 : 7,7 M de téléspectateurs, par exemple, pour le France… Biélorussie du 10 septembre 2013 (phase de barrage et les 13,5 M de téléspectateurs de l’historique France Ukraine mise à part). Quant au décalage horaire (+3 avec la Russie), il devrait privilégier une audience familiale, avec de nombreuses rencontres disputées à 20 heures (heure française), et une finale le dimanche 15 juillet, à 17 heures (en 2014, les matches clé étaient diffusés depuis le Brésil à 18 ou 22 h).

L’ambiance était certainement festive également, ce mardi soir, dans les bureaux de beIN Sports : la diffusion du Mondial dans son intégralité (64 matches, dont 28 en co-diffusion avec TF1) constituera un puissant levier de rétention des abonnés – ou a minima un mois de répit supplémentaire – au moment charnière où la chaîne qatarie verra ses droits de diffusion sur la Champions League et l’Europa League basculer vers SFR Sport. Et, côté qatari toujours, un Mondial réussi de la part de Kylian Mbappé ne manquerait pas de jouer – en positif – sur l’attractivité du PSG, et plus généralement de la Ligue 1. Ceci confortera ainsi les prévisions qui situent au-delà du milliard d’euros (voire jusqu’à 1,5 milliard) le montant annuel du prochain appel d’offres pour les droits de cette dernière.

La satisfaction de Canal+ sera plus indirecte, mais une équipe de France confortée dans la hiérarchie mondiale ne pourra que renforcer l’effet – sur les audiences comme sur les abonnements – de la montée en puissance du championnat national (fréquentation en hausse de 10% sur les 8 premières journées, et près de 2,7 buts par match en moyenne, au plus haut depuis 2010). « Au troisième trimestre, la croissance nette des abonnés sera d’au moins 50.000, grâce notamment à une actualité sportive exceptionnelle et à une plus grande satisfaction liée aux programmes en général, indiquait fin septembre le patron de la distribution du groupe Canal+, Frank Cadoret, dans Le Figaro.   Et le quatrième trimestre devrait être encore meilleur. Au global, pour 2017, nous devrions regagner environ 100.000 clients ».

Bouteilles de champagnes sabrées, toujours, du côté des sponsors, et tout particulièrement des « partenaires majeurs » des Bleus : le Crédit Agricole, EDF, Nike, le PMU, Volkswagen… et Orange qui se félicite certainement d’avoir annoncé… jeudi dernier qu’il en rejoignait les rangs à compter de mai 2018. Right on time !

Si l’on ajoute l’impact sur les ventes de téléviseurs (au profit des industriels qui les fabriquent mais aussi des enseignes qui les distribuent) ou d’articles de merchandising (maillots, drapeaux…) et sur la fréquentation des bars, restaurants et autres lieux de projection collective, certains économistes ne manqueront pas enfin de s’interroger sur l’effet booster que le Mondial pourrait avoir sur l’économie toute entière. En 2010, la banque néerlandais ABN Amro estimait qu’une « victoire des Pays-Bas pourrait redonner de la confiance aux ménages et mener ainsi à une hausse de la consommation qui représenterait entre 0,25 et 0,5% du PIB ». « Pas de chance, les Néerlandais échouent en finale face à l’Espagne. Impossible de vérifier cette prévision », commente BFM Business. Mais si le chiffre est généralement jugé comme exagéré, il y a bien consensus pour considérer qu’une victoire joue en positif sur la confiance des ménages, sur leur niveau de confiance, sur celui de la consommation et finalement sur la croissance de l’économie comme sur celle des dépenses publicitaires.

A l’heure où l’INSEE revoit à la hausse la croissance économique française, onze bleus mettront-ils la France sur le chemin d’une reprise forte et durable ? Une fois leur coupe vidée, ils seront nombreux à l’espérer.

Allez les bleus !