L'édito de Philippe Bailly

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La France capitalise sur les séries policières

La fiction française a le vent en poupe. Amazon vient d’acquérir les droits monde de la série Zone blanche (Mediawan), succès sur France 2 la saison dernière à près de 14% de PdA. En parallèle, les chaînes portent une attention particulière aux créations françaises, souvent synonymes de bonnes audiences. Le joli démarrage de La forêt (Carma films), nouvelle série policière lancée ce mardi en Prime Time sur France 3 peut en témoigner. En enregistrant 17% de PdA[1], elle a permis à la chaîne de se hisser deuxième chaîne nationale hier. NPA Conseil s’intéresse aux nouvelles tendances françaises en matière de fiction, à ses nouveaux codes et à ses performances.

Le polar, pierre angulaire de la fiction française

D’un point de vue éditorial, le polar constitue un réel marqueur actuel d’identité française. Exit la fiction feel good, Joséphine Ange Gardien ou encore Fais pas ci, fais pas ça ne fédèrent plus autant aujourd’hui. Avec 19,1% de PdA, le lancement de la saison 14 d’Une famille formidable hier soir sur TF1 affiche un retrait de 4 points de PdA comparé à celui de la saison 13. Les nouvelles séries à succès empruntent des codes communs : une atmosphère pesante, une place prépondérante accordée à une scénographie sombre et des rebondissements multiples. Les dialogues sont ponctués de silences, et la part belle est faite à l’image et l’intériorité des personnages. Emmanuel Chain, Président de la société de production Elephant, souligne dans les lignes du Figaro la percée du genre en France au détriment des fictions outre-Atlantique. Les séries françaises dépassent selon lui les séries américaines parce que les gens aiment retrouver des racines locales qui peuvent ensuite rayonner et se vendre à l’étranger. Cette French Touch qui

se traduit par un savoir-faire de caractère artisanal que l’on retrouve notamment dans des séries telles qu’Un village Français ou encore dans la collection Meurtres à…, a d’ailleurs fait l’objet d’une table ronde au précédent Colloque NPA[2]. Cet ancrage sociétal traduit avec authenticité la culture hexagonale et fait de la fiction française une fiction singulière.

En l’espace de 5 saisons, la fiction française a su largement s’imposer dans le classement des meilleures audiences toutes nationalités confondues. Alors qu’en 2012, le top 100 des fictions ayant enregistré les plus belles performances en PdA n’était composé que de 12% de productions françaises, cette part a été multipliée par 8 la saison dernière.

 

 

Les grands classiques de la fiction demeurent : les séries policières sont largement majoritaires dans les grilles de programme des chaînes historiques lors de la saison 2016/2017, suivies des séries dramatiques.

 

 

 

 

 

La mini-série et le téléfilm snobent la série

Chaque chaîne s’approprie les intrigues à travers des formats différents. TF1 a clairement annoncé à la rentrée que la fiction française constituait un axe de différenciation majeur. Plus gros succès d’audience pour une fiction diffusée la saison dernière, La vengeance aux yeux clairs signaient un démarrage à 32,6[3]% de PdA, ouvrant la marche au genre. Depuis la rentrée, la chaîne a proposé plusieurs fictions semblables, à chaque fois fédératrices. Téléfilm en deux parties, Quand je serai grande, je te tuerai met en scène Laetitia Millot, vitrine de la chaîne depuis la saison dernière. Le programme a réuni en moyenne 6 millions de téléspectateurs pour 26,5% de PdA soit un gain de 1,4 million de téléspectateurs et de 6,5% de PdA par rapport à la moyenne de la case depuis la rentrée. Autres succès policiers, Le tueur du lac et La Mante permettent à TF1 de se hisser large leader à chaque diffusion. Si la fiction française est en forme, les séries américaines ne font plus le bonheur des téléspectateurs en Prime Time. La nouvelle série américaine Conviction (ABC Studios) sur TF1 n’a réuni en moyenne sur ses 13 épisodes que 12,7% de PdA en début de saison.

Côté service public, France 3 confirme son succès avec la collection Meurtres à…[4] et surfe sur la même vague avec sa nouvelle fiction La forêt. Dans un univers semblable à celui de Zone blanche, diffusée la saison dernière sur France 2, la fiction a décroché le prix de la meilleure série au Festival de La Rochelle. L’intrigue se déroule sur 6 épisodes en Ardennes et tourne autour de la disparition d’une adolescente. Son scénario a priori classique ne semble pas lasser les téléspectateurs qui ont largement été présents au rendez-vous.

 

 

 

 

 

[1] Audience veille / Moyenne des deux épisodes

[2] Cf. Compte-rendu du Colloque NPA

[3] Audience veille

[4] Cf. Flash La collection Meurtres à, une solide pépite pour France 3

 

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