L'édito de Philippe Bailly

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NTIC : des Français équipés, pas si méfiants… et plutôt compétents !

Présenté en début de semaine par le Secrétaire d’Etat au Numérique Mounir Mahjoubi, le Baromètre du Numérique 2017 n’échappera pas au clivage entre partisans de la bouteille à moitié vide et tenants de la bouteille à moitié pleine sur le niveau de maturité numérique national. Réalisé depuis 2007 sous l’égide de l’ARCEP, de la DGE et de l’Agence du Numérique celui-ci compile les données d’un sondage conduit en juin dernier, en face à face, par le CREDOC auprès de 2209 personnes de 12 ans et plus. Il apporte aussi un complément utile au débat sur la généralisation de la couverture très haut débit qui a largement mobilisé les énergies depuis le début de l’automne : déployer les infrastructures, certes, mais pour quelle adoption et avec quels usages ?

Polémique ambiante sur les « fake news » et la responsabilité qu’auraient les réseaux sociaux dans leur diffusion oblige, les Français interrogés expriment une « confiance » très modérée « dans les informations relayées sur les réseaux sociaux » : près de 3 sur 4 déclarent leur accorder peu de crédit (44% de « peu confiance » et 29,1% « pas confiance du tout », vs 1,8% « très confiance » et 20,9% « assez confiance »). A titre de comparaison, ils sont 46,6% à avoir « confiance dans les avis qui sont émis par ces utilisateurs ? [sur internet, notes/évaluations/commentaires] » contre 50,7% qui expriment un avis contraire.

De même, les débats sur le respect de la privacy se retrouvent dans les « freins » évoqués à l’utilisation d’Internet : la protection insuffisante des données personnelles est citée par plus d’un interviewé sur trois (34,5%), ce qui en fait, de loin, la principale barrière (le deuxième argument – une complexité trop grande – est mentionné par 12% des personnes interviewées).

Au-delà de ces réserves exprimées, dans lesquelles on est tenté de soupçonner une part de déclaratif, l’étude brosse le portrait de Français très équipés, ayant fortement investi les services proposés par les écrans numériques, et confiants dans leur capacité à en tirer profit :

  • Le taux d’équipement en ordinateurs à domicile dépasse les 80% (80,6% : 47,8% un seul, et 33% plusieurs), il est de 78% pour les smartphones et de 44% pour les tablettes.
  • Plus de 3 français sur 4 se connectent tous les jours à Internet (76,3%), 8,4% une ou deux fois par semaine et 11,9% seulement, jamais, avec une prise en main croissante des nouveaux écrans (78,9% d’utilisation quotidienne pour le mobile, vs 52,5% pour l’ordinateur, 20,7% pour la tablette et… 26,8% pour le téléphone fixe).
  • L’examen plus détaillé des usages nuance l’impression d’une société « mobile first», à ce stade au moins : l’ordinateur reste l’écran le plus utilisé pour rédiger des mails (48,5%, vs 27,5% pour le smartphone), faire des achats (42,2% et 14,4%) ou encore regarder de la vidéo (30,4% et 26,5%). En revanche, c’est le smartphone qui domine pour la connexion aux réseaux sociaux (37,5%, contre 17,8% à l’ordinateur).

Mais au global, c’est surtout avec l’image de Français sceptiques et peu surs de leur capacité à tirer parti de la révolution numérique que l’étude du CREDOC permet utilement de trancher :

  • Plus d’un Français sur deux jugent d’ores et déjà que sa « formation continue l’a bien préparé à utiliser les TIC dans un cadre professionnel » (52%) et ils ne sont qu’un sur quatre (28,7%) à se considérer « très mal préparés»,
  • Dans le domaine des loisirs et du divertissement, 39,3% affirme profiter déjà « pleinement ou assez largement» des possibilités offertes par les nouvelles technologies. Ce pourcentage monte à 48,2% dans la gestion de la vie quotidienne (achats, actes administratifs…). Symétriquement, ils ne sont que 34,1% et 25,5% à estimer ne pas en profiter du tout.
  • Concernant la maîtrise des devices, 69% se juge très ou assez compétent dans le maniement d’un smartphone, 67,2% s’agissant d’un ordinateur et 61,8% pour une tablette.

Au final, plus de trois Français sur quatre (76,2%) se disent « prêt à adopter de nouvelles technologies ou de nouveaux services numériques » (24,1% rapidement ; 52,1% progressivement).

Rassurant !