L'édito de Philippe Bailly

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Le challenge de Quibi : proposer des contenus à la hauteur des attentes d’utilisateurs aguerris et de son prix

Alors que les plateformes de streaming sont pléthores et que les formats courts foisonnent sur réseaux sociaux (stories Instagram, clips TikTok, etc.), Quibi, nouvelle plateforme américaine par abonnement dédiée au mobile et destinée aux millenials s’est lancée le 6 avril 2020.

 

Une nouvelle génération de contenus courts premiums

Osé, risqué, inapproprié… Les critiques ne sont pour l’instant pas très optimistes à propos du lancement de Quibi. En effet, alors que la plateforme est pensée pour proposer des contenus courts à regarder dans les transports en commun, une grande partie du monde est actuellement confinée et a donc peu de chance d’utiliser ce mode de déplacement … « De l’entertainment fascinant et sur le pouce, créé pour le mobile par les meilleurs talents, conçu pour parfaitement coller à n’importe quel moment de votre journée ». Le principe de la nouvelle plateforme Quibi (diminutif de Quick Bites) est une offre de formats courts (10 minutes au maximum), avec des standards de production hollywoodiens et dont le visionnage est prévu en priorité pour les mobiles (à la verticale ou à l’horizontale)[1].

Les deux fondateurs de la plateforme, Meg Whitman (ancienne de HP et eBay) et Jeffrey Katzenberg (ancien de Disney et co-fondateur de Dreamworks, producteur de  Star Trek, Good Morning Vietnam, La Petite Sirène, Aladdin, Le Roi Lion, Shrek, …), très reconnus dans les secteurs de la tech et du divertissement, ont affecté des moyens massifs sur l’interface et sur les contenus pour lesquels ils savent que les scénarios ou le format court en lui-même gardent éloignées les plateformes comme Netflix ou Disney. Ils ont ainsi le soutien des plus grands studios et ont réalisé une levée de fonds à ce jour d’1,75 milliard de dollars grâce notamment à BBC, Disney, Sony, Warner Bros., Fox, Viacom, ITV, Goldman Sachs, Walmart, …

Pour accompagner son lancement, Quibi est disponible en offre d’essai pendant 90 jours. Deux formules sont proposées : un abonnement à 4,99$ avec publicité ou une formule premium sans publicité à 7,99$ par mois. Aux Etats-Unis, le service a été téléchargé 300 000 fois le 6 avril, jour de son lancement (3ème application la plus téléchargée ce jour-là sur l’App Store, après Zoom et TikTok)[2].

Quibi : un condensé de célébrités

La plateforme, qui devait initialement se lancer uniquement aux Etats-Unis et au Canada, se trouve depuis le 6 avril également disponible en France.

Le téléphone est le seul moyen d’avoir accès à Quibi. En effet, il n’existe pas d’application TV (un point faible pendant cette période de confinement), pas d’accès via le site internet, ni sur tablette. Chromecast et AirPlay ne sont pas non plus utilisables.

Sur l’application, les deux principales rubriques sont d’une part la sélection opérée pour l’utilisateur (« For You ») et d’autre part le mode de recherche (« Browse ») qui permet de chercher un programme par nom ou genre, mais aussi par le biais d’une sélection réalisée par la plateforme, similaire à d’autres services : les contenus tendance, les programmes d’info du jour (The Weather Channel, TMZ, BBC News, etc.), les programmes « lifestyle » du jour, les programmes récemment mis en ligne, et enfin une sélection par thématique (Laugh out loud, Adrenaline rush, True Stories, Be inspired, …).

Les contenus de Quibi peuvent être visionnés de manière horizontale ou verticale, en basculant son téléphone. Ces deux orientations ont d’ailleurs été prises en compte dans le processus de création des contenus de la plateforme. Différents angles ou prises de vue sont ainsi disponibles en basculant entre les deux modes. Cette fonctionnalité caractéristique de la plateforme est appelée « Turnstyle ».

Côté contenus, une cinquantaine de programmes est déjà visionnable. La plateforme promet 175 créations originales pour sa première année. Des séries comme le thriller psychologique Survive, avec Sophie Turner, une des actrices phares de Game of Thrones et Most Dangerous Game avec Liam Hemsworth et Christoph Waltz font office de produits d’appel. Quelques épisodes sont déjà disponibles mais les suivants sont mis en ligne à raison d’un par jour. D’autres séries vont arriver au compte-goutte, dont celle de Steven Spielberg, ou encore dès le 13 avril, 50 States of Fright, la série d’anthologie d’horreur créée par Sam Raimi qui s’appuie sur des légendes urbaines. Au-delà des séries, la plateforme propose également des divertissements, talk-shows, documentaires ou des formats d’informations. A noter particulièrement la nouvelle série documentaire, I Promise, au sujet du financement d’une école publique par LeBron James (cinq premiers épisodes disponibles sur 15 au total). Du côté des divertissements, Quibi propose la série reboot de Punk’d (émission de caméras cachées) présentée par Chance the Rapper. Le format original Punk’d original a débuté en 2003 sur MTV et était animé par Ashton Kutcher pendant 10 ans.

La question reste néanmoins sur toutes les lèvres. Les partenariats de Quibi avec de nombreuses  stars hollywoodiennes (Jennifer Lopez, Zac Efron, Justin Timberlake, Leonardo DiCaprio, Laurence Fishburne, Bill Murray, les réalisateurs Guillermo del Toro, Sam Raimi et Peter Farelly, Aaron Sorkin, Steven Spielberg, etc.) suffiront-ils à faire oublier ce qui se révèle être le principal inconvénient du service : son prix ?

[1] Source : Insight NPA, Quibi : une nouvelle génération de contenus courts premiums

[2] Source : Sensortower

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