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Focus : La fiction française inégalement exposée sur Facebook

60 fictions françaises totalisent plus de 21,4 millions de fans cumulés (non dédupliqués) sur Facebook. Ce classement, dominé par 12 programmes, révèle la puissance des programmes d’access, des fictions générationnelles et des marques de TF1 et Canal+. Par contraste, la fiction française de prime time de France Télévisions et d’Arte apparait très peu exposée.

La puissance des fictions d’access et des pastilles de Canal+

Plus de 85% des abonnements Facebook aux pages de fictions françaises sur Facebook sont concentrés autour de programmes diffusés hors de l’horaire de prime time, soit 18,1 millions de « j’aime ». Fait particulier, plus de 10 millions d’abonnés de fictions françaises TV suivent des pages de programmes qui ne sont plus en production (Bref, Le SAV, Soda, etc.).

On observe que les fictions courtes du groupe Canal+ (Connasse, Le Palmashow, Bloqués) rencontrent un succès très importants du fait de leur format court et de leur dimension générationnelle qui les rapprochent des programmes des web-humoristes tels que Norman ou Cyprien. L’intégration des contenus intégraux directement au sein des réseaux sociaux rend ces pages virales. La chaîne YouTube de Bloqués a par exemple généré plus de 7 millions de vues sur YouTube depuis son lancement en septembre 2015.

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Au-delà du cas particulier des pastilles de Canal+, les fictions quotidiennes de France Télévisions (Plus Belle La Vie, Cut), M6 (Scènes de ménages, En Famille) ou du groupe TF1 (Nos Chers Voisins, Peps, Les Mystères de l’Amour) bénéficient également d’une forte visibilité du fait de leur positionnement familial, de leur fréquence de diffusion et, parfois, de leur caractère feuilletonnant.

3 séries TF1 sur le podium des séries françaises de prime time

Sur le créneau du prime time, 3 fictions de TF1 se distinguent particulièrement : Clem, Joséphine Ange Gardien et Camping Paradis, soit trois programmes familiaux, ont pour caractéristique de bénéficier d’une animation sociale régulière, d’être installés depuis de nombreuses saisons et de toucher une audience multigénérationnelle (plus de la moitié des téléspectateurs de Clem ont moins de 50 ans).

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L’analyse des audiences fait également observer un certain lien entre popularité sur le réseau social et nombre de téléspectateurs en télévision de rattrapage (+ 1,1 million de téléspectateurs supplémentaire en audience consolidée pour Clem et +978 000 pour Fais Pas Ci Fais Pas Ça). Malgré la puissance des 4 leaders, on observe que les fictions françaises de soirée souffrent généralement d’un manque de popularité sur le réseau : la majorité des pages fidélise moins de 10 000 abonnés.

Le retrait des fictions de France Télévisions et Arte

A l’arrière-plan du classement, les fictions de France 2, France 3 et Arte, pourtant fédératrices en audience TV, ont un niveau de popularité sociale modéré, voir faible. Par exemple, une série installée comme Un Village Français (qui en est à sa sixième saison) fédère moins de 18 000 abonnés. L’âge élevé des téléspectateurs des fictions françaises des chaînes du service public peut être un facteur explicatif de ce manque de popularité sociale : plus de 92% des téléspectateurs du Sang de La Vigne sont par exemple âgés de plus de 50 ans (une tranche d’âge rarement habituée des réseaux).

Malgré ce fait, la popularité sociale en berne d’une partie de la fiction française de soirée n’a pourtant rien d’une fatalité. Les lancements de Dix Pour Cent (France 2) et d’Une Chance de Trop (TF1) en octobre témoignent d’un niveau d’engagement social significatif avec 4300 interactions Facebook/semaine pour la première série et 6300 interactions/semaine pour la seconde série la semaine du 19 au 25 octobre.

Il existe ainsi un lien visible entre fictions populaires sur les réseaux sociaux et à la TV (de la TV vers les réseaux ou l’inverse). Les dispositifs numériques engageants contribuent à recruter et fidéliser l’audience TV jeune qui manque de plus en plus à la TV. L’exposition sociale de la fiction française ne devrait pas paraître anecdotique : les fictions qui ont du succès sur les réseaux sont aussi celles qui séduisent les jeunes téléspectateurs en soirée en TV-R.

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