L'édito de Philippe Bailly

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Le docu-série émerge à la télévision

Depuis la mise en ligne du Podcast Serial en octobre 2014 et la diffusion de The Jinx sur HBO en février 2015, les chaînes de télévision et services de SVOD anglo-saxons proposent de plus en plus de docu-séries, un genre hybride entre le documentaire et la série télévisée.

Le fait divers comme point de départ

Le docu-série est un genre télévisuel qui emprunte d’abord au documentaire. Les plus populaires et les plus exposés du moment s’appuient sur un fait divers criminel et s’attachent à suivre le déroulement d’une enquête. Making a Murderer, disponible sur Netflix depuis le 18 décembre 2015, a pour sujet le combat judiciaire d’un homme, James Avery, pour être blanchi d’un crime dont il se dit innocent. Le programme est construit avec des images d’archives et sur les témoignages des différents protagonistes de l’affaire. Policiers, procureurs et témoins racontent comment l’enquête s’est déroulée et défendent chacun un point de vue différent. Si en France de nombreux programmes, et notamment Faîtes entrer l’accusé, ont pour objet de raconter des enquêtes criminelles, ils sont construits de manière bien différentes de ces docu-séries qui se développent dans le monde anglo-saxon.

Des documentaires construits comme des séries

aL’originalité de ces nouveaux programmes réside dans leurs constructions similaires à une série policière. Ils sont feuilletonnants et ont une durée proche de celle de séries policières classiques. Making a Murderer compte ainsi 10 épisodes de 50 minutes et The Jinx est divisé en six épisodes de 30 à 50 minutes. Le traitement de l’enquête est ainsi adapté à un format de série télévisée avec des cliffhangers censés pousser le téléspectateur au binge watching, comme une série classique. En outre, ces docu-séries sont parfois réalisés par des professionnels de la télévision. Killing in the fields diffusée sur Discovery Channel a ainsi pour producteurs exécutifs Tom Fontana, showrunner de la série Oz, et Barry Levinson, oscarisé pour Rain Man et producteur de la série Borgia. Ces professionnels des séries qui investissent le champ du documentaire ont pour ambition de styliser au maximum la réalité pour lui offrir un univers proche des fictions TV. Ainsi, Killing in the fields qui suit l’enquête de deux anciens policiers dans les bayous de Louisiane, rappelle fortement l’univers de la saison 1 de True Detective. L’enquête elle-même est proche de celle de la série de HBO, puisque les deux policiers tentent d’élucider, quinze ans après, la disparition d’une jeune fille. Le traitement de l’enquête est lui aussi proche de la construction d’une série et l’accent est souvent mis sur la personnalité des enquêteurs et sur la façon dont ils conduisent l’enquête. Aux USA, la diffusion de Making a Murderer a ainsi suscité de nombreux débats entre ceux qui ont condamné une possible injustice et le système judiciaire pour qui le docu-série était uniquement construit pour démonter l’enquête. Le genre hybride du docu-série emprunte donc autant les codes du documentaire de faits divers qu’à ceux des séries TV. De plus en plus populaires, les docu-séries sont de plus en plus diffusés dans le monde anglo-saxon. Aux Etats-Unis, le succès de ce genre hybride pousse les chaînes à en produire davantage. La chaîne ShowTime a ainsi annoncé préparer un docu-série en partenariat avec Rolling Stones qui s’appuiera sur les enquêtes les plus emblématiques du magazine. Au Royaume-Uni le genre est aussi en développement avec la diffusion fin novembre de The Murder Detectives sur Channel 4. Ce programme qui suit pendant dix-huit mois l’enquête de la police pour résoudre le meurtre d’un jeune homme de 19 ans diffusé en troisième partie de soirée a été suivi en moyenne par 1,4 million de téléspectateurs.

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