Horizon compliqué pour les spécialistes de l’analyse des audiences TV. Avec la meilleure prise en compte des avant-premières (programmes mis en ligne en amont de leur diffusion), la comptabilisation de l’audience réalisée au domicile sur les écrans digitaux (smartphones, tablettes et ordinateurs) et le changement de population de référence (ensemble des Français vs équipés TV), Médiamétrie mettra en œuvre le 1er janvier les premières étapes de la refonte qu’il a entreprise.
L’intégration – en deux temps – des plateformes de SVoD, d’AVoD et de FAST… prolongera cette transformation. Dès l’automne 2024 s’agissant des volumes d’usage globaux ; au printemps 2025 concernant les visionnages de chaque programme pris individuellement.
Mais c’est donc sans boussole, et en tout cas sans possibilité de se référer aux performances de l’exercice précédent, que les acteurs de l’audiovisuel vont traverser un moment charnière de leur transformation.
Comme NPA Conseil l’avait annoncé au mois de juillet, l’accord conclu entre les groupes Altice et Samsung s’est traduit ce mercredi par l’arrivée des trois chaînes TNT du premier, BFM TV, RMC Story et RMC Découverte, sur la plateforme d’AVoD et de FAST du second, Samsung TV plus. Le 8 janvier, ce sont dans leur univers propre, celui de TF1+, que TF1, LCI, TMC, TFX ou encore TF1 Séries Films intègreront l’univers des smart TV – Samsung mais aussi celles de ses principaux concurrents.
A elles seules, les huit chaînes des groupes TF1 et Altice représentent près d’un tiers de l’audience de la télévision sur l’ensemble du public, et presque 40 % si l’on se concentre sur les moins de 35 ans. La cloison qui séparait les mondes du broadcast de celui de la CTV a décidément vécu, et gageons que d’autres groupes franchiront en 2024 le Rubicon. Il semble par exemple qu’Amazon n’a pas renoncé à décliner en France l’offre de streaming gratuit qu’il a déjà déployé aux Etats-Unis, en Allemagne et au Royaume-Uni et que les échanges avec France Télévisions et ARTE que NPA Conseil avaient évoqués à l’été se poursuivent. Et YouTube pourrait s’employer dans le même sens, après l’année passée à tester son offre de FAST aux Etats-Unis.
Quand la lumière reviendra – que la mesure d’audience sera stabilisée et que les comparaisons seront à nouveau possibles – nul doute que le paysage qu’elle éclairera aura été profondément transformé.
On pourra mesurer les bénéfices que les diffuseurs historiques auront tiré de cette démarche proactive – aller à la rencontre du public dans les environnements OTT – et on appréciera mieux le rapport des forces entre ces derniers et les pure players digitaux.
A offre de services – probablement devenue à peu près – équivalente, on verra si la box des opérateurs conservera la place centrale qu’elle occupe depuis 20 ans (et le lancement du triple play) dans les usages audiovisuels des Français… La réponse n’est pas écrite : à fin septembre 35 % des Français l’indiquait comme voie privilégiée d’accès aux programmes… et ce pourcentage montait à plus de 40 % chez les détenteurs d’une smart TV (source : Baromètre OTT NPA Conseil / Harris Interactive).
On verra encore si un paysage audiovisuel plus cohérent (les mêmes chaînes et services dans les différents environnements) stimulera l’usage et jouera à la hausse sur le temps vidéo, après le faux-plat des deux dernières années.
Rendez-vous en 2025 !