Le 23 avril, 9 Français pourront « retourner à des activités normales », selon la maxime des Guignols. Un 10e les rejoindra le 7 mai. Pour le 11e, les choses sérieuses commenceront… mais aussi pour 66 millions de Français qui pourront oublier 2017 et ses élections présidentielles, et regarder vers 2022. Les professionnels des médias, des télécoms et plus globalement des NTIC, n’échapperont pas à cet exercice de projection.
Désireux de le resituer dans le temps long, le Flash NPA propose un regard dans le rétroviseur, de 5, voire parfois 10, ans, pour situer les grandes métriques d’équipement, d’offre et de consommation dans la dynamique qui a été la leur depuis 2007 ou 2012.
Dire que le tableau est saisissant fait figure de truisme. En 2007, il n’y avait ni iPhone ni tablette, ni catch up TV ni SVoD, YouTube venait d’être rachetée par Google et la dizaine de nouvelles chaînes de la TNT se partageaient à peine 6% de l’audience TV ; en 2012, la 4G était tout juste lancée et la fibre embryonnaire, il n’y avait pas de vidéo sur Facebook, la TNT passait le cap des 25 chaînes nationales gratuites grâce aux 6 nouvelles « TNT HD », beIN Sport profitait de l’Euro de football pour se lancer, Netflix ouvrait au Royaume-Uni et en Scandinavie ses premières implantations européennes, et le partenaire naturel de SFR dans les contenus restait Canal+, via leur société mère commune Vivendi… Il serait tentant de prolonger une énumération aux effets de sidération garantie.
Se tourner vers 2022 fait aussi ressortir les paradoxes produits par l’univers numérique et qu’il appartiendra de réduire.
Plusieurs concernent les responsables politiques, Français comme Européens.
S’agissant par exemple du développement des infrastructures, la Marche vers le Très Haut Débit reste la musique omniprésente, à Paris comme à Bruxelles. Sans être jamais accompagnée de démonstrations probantes sur les bénéfices à en attendre, en termes économiques comme par la création de nouveaux usages. Sans, surtout, que fibre ou 5G soient resitués dans la panoplies des réseaux existants (de la TNT ou du satellite au WiMax, de la 2G et de la 3G aux réseaux mobiles bas débit longue portée type Lora ou Sigfox…) pour composer un ensemble cohérent et optimisé de solutions de raccordement.
Concernant le paysage audiovisuel européen, la Commission répète régulièrement que les projets mis en œuvre dans le cadre du passage au Marché Unique Numérique ne remettent aucunement le principe de territorialité des droits… en même temps que les textes qu’elle publie – règlement Portabilité, règlement relatif aux droits d’auteur et voisins… – semblent les uns après les autres le vider de sa substance.
Paradoxe encore que le télescopage prévisible entre les protections que la réglementation nouvelle est supposée apportée aux individus concernant l’utilisation de leurs données personnelles (règlement général sur la Protection des données personnelles – RGPD – applicable au 25 mai 2018), et un courant d’innovations à peu près unanimement et presqu’exclusivement fondées sur l’exploitation de plus en plus massive de la data.
Paradoxe, toujours, que l’entrée annoncée dans l’ère des assistants vocaux, et autres solutions d’Intelligence artificielle, conduisant à faire avancer de pair un volume toujours plus abondant de contenus disponibles et des services revenant à réduire progressivement l’étendue des choix effectivement proposés au téléspectateur ou à l’internaute.
Paradoxe, enfin, que le terme « numérique » ait uniquement été mentionné au cours des grands rendez-vous préélectoraux – quand il l’a été – dans un registre anxiogène, et sans jamais donner lieu de la part des candidats au moindre développement ou à la plus basique analyse risques / opportunité.
Alors, parce que le 8 mai, les choses sérieuses (re)commencent, le 25e colloque NPA/Le Figaro mettra le « Cap sur 2022 » : Interfaces vocales, algorithmes, machine learning… et leur impact sur les industries des contenus ? ; Généralisation du très Haut Débit fixe et mobile. Avec quels financements et pour quels usages ? ; Data, personnalisation, hyper ciblage. Que restera-t-il de la publicité traditionnelle en 2022 ? 2017-2022 : dernières étapes vers la vie connectée ?… sont quelques-unes des questions qui y seront débattues. Rendez-vous le 16 mai !