L'édito de Philippe Bailly

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TF1 : Pas de substitution d’Humour TV ou de La Chaîne Histoire à une chaîne du groupe existante

Par un hasard du tirage au sort, TF1 était appelé dès ce 8 juillet à défendre ses deux projets de nouvelle chaîne TNT (Humour TV et la Chaîne Histoire), au premier jour des auditions. Le PDG du groupe Rodolphe Belmer a affirmé sa conviction « dans l’avenir du mode de réception TNT et de son rôle central pour les Françaises et pour les Français », sous réserve qu’elle « s’appuie sur des groupes stables, solides, capables d’investir considérablement dans des programmes inédits » et capables de résister à « l’émergence de nouveaux acteurs qui captent une part croissante de la ressource publicitaire ».

Humour TV (nom de travail comme il a été indiqué lors de l’audition) s’inscrit dans la « volonté de TF1 d’investir davantage sur le champ de l’humour ». La programmation de la chaîne comprendra du spectacle vivant, du théâtre, des divertissements, du jeu, de la fiction, du cinéma, des magazines et du documentaire, pour un minimum annuel de 3 500 heures d’œuvres audiovisuelles et cinématographiques et de 365 heures de programmes en première diffusion, mais « ni journal télévisé, ni émission d’information, ni événements sportifs ». TF1 prévoit qu’elle soit rentable dès 2026.

La Chaîne Histoire (nom de code également) doit « rendre l’histoire attrayante, captivante, fascinante, amusante et qu’ainsi elle trouve sa place naturelle au sein de tous les foyers français », avec 2 000 heures au moins de documentaires et magazines et au moins 50 films en première et deuxième partie de soirée par an. La chaîne vise l’équilibre en 2027.

Rodolphe Belmer « la TNT doit s’appuyer sur des groupes stables, solides, capables d’investir »

Relevant en ouverture de l’audition consacrée au projet Humour TV que cette dernière marquait « le début d’un marathon d’auditions pour le groupe TF1 », son PDG Rodolphe Belmer a affirmé sa conviction « dans l’avenir du mode de réception TNT et de son rôle central pour les Françaises et pour les Français », alors que « la télévision représente pour la plupart de nos concitoyens le premier, parfois le seul, accès à des programmes divers, de grande qualité, fédérateurs et familiaux [et que] sa gratuité est donc essentielle ».

« Renforcer une offre de télévision gratuite de qualité », c’est donc pour le dirigeant « soutenir le rôle essentiel des médias dans le financement de la création, (…) C’est garantir une information fiable et vérifiée pour tous, (…) C’est continuer à donner accès à nos concitoyens aux plus grandes compétitions sportives ».

Mais, « concurrencée par l’émergence de nouveaux acteurs captant une part croissante de la ressource publicitaire, il est nécessaire que la TNT s’appuie sur des groupes stables, solides, capables d’investir considérablement dans des programmes inédits qui garantiront son attrait de la TNT dans les dix prochaines années », expliquant que TF1 « qui compte déjà à ce jour cinq chaînes sur la TNT, dont trois sont candidates à cet appel à candidature, souhaite renforcer son positionnement avec deux nouveaux projets de chaînes ».

En réponse à une question d’un conseiller sur les « partenariats possibles avec des plateformes de streaming », Rodolphe Belmer a également indiqué que « la démarche se poursuit, parce que ça permet grâce à un meilleur financement de donner à certains contenus une valeur ajoutée exceptionnelle », citant pour exemple la série Cat’s Eyes « qu’on n’aurait pas pu financer si Prime Vidéo n’était pas venu en cofinancement ».

Humour TV : au moins 500 heures par an de spectacles vivants

Avec Humour TV, TF1 « souhaite apporter une offre nouvelle, différenciante, intéressante et qui n’existe pas encore sur la TNT », mais également participer plus largement à la « volonté d’investir davantage sur le champ de l’humour » et s’inscrire dans un « cercle vertueux d’investissements qui seront amortis par des diffusions, des exploitations dans des salles, des diffusions en payant et en gratuit… ».

A l’occasion de l’audition, le PDG de TF1 a indiqué que le nom « Humour TV est une dénomination de travail et qu’elle est provisoire ».

Positionnement :

Dans « un contexte de morosité et souvent d’anxiété » évoqué par Ara Aprikian, Humour TV doit répondre à « une attente manifeste des téléspectateurs et même à un besoin auquel ne répond aujourd’hui aucune des chaînes en clair (en proposant) un humour familial qui visera à faire rire tout le monde de 7 à 77 ans ».

Humour TV a ainsi « vocation à s’adresser à tous les publics, elle se veut familiale et fédératrice ».

Objectif d’audience :

Aucun objectif n’a été communiqué

Modèle économique :

Humour TV sera financée par la publicité. Elle « bénéficiera d’un engagement constant de son actionnaire, disposera d’une assise économique solide et devrait atteindre l’équilibre économique dès 2026 », indique Rodophe Belmer.

Questionné par un conseiller sur« une montée en pression très forte de la recette publicitaire, puisqu’elle s’est multipliée par deux en l’espace des deux ou des trois premières années », le PDG de TF1, sans citer de chiffre pour des raison de protection du secret des affaires, a mis en avant l’efficacité de la régie publicitaire du groupe, mais aussi indiqué que le projet intégrait « l’hypothèse selon laquelle le nombre de chaînes gratuites autorisées sur la TNT ne bougerait pas, qu’Humour TV serait choisi à la place de quelqu’un d’autre, qui déjà aura un chiffre d’affaires, et qu’elle n’ajouterait donc pas de pression publicitaire supplémentaire sur le marché ».

Concernant la contribution de la publicité segmentée (TVS) à l’économie du projet, le dirigeant indique que « c’est une source de chiffre d’affaires qui est en train de se développer en France, encore naissante, et qui pèse quelques dizaines de millions d’euros (…) donc quelques centaines de milliers d’euros à l’échelle d’Humour TV ».

Rodolphe Belmer a ajouté que TF1 considérait « ce projet comme additionnel à ses trois chaînes TFX, TMC et LCI (également renouvelables) » et qu’il ne souhaitait pas qu’il se substitue à l’une d’entre elles.

Programmation :

La programmation « comprendra des captations ou recréations de spectacles vivants, pièces de théâtre, one-man show, divertissement, jeux, fiction, fiction courte, comédie de situation, cinéma, magazine et documentaire », mais « ni journal télévisé, ni émission d’information, ni événements sportifs ».

  • Un minimum annuel de 3 500 heures d’œuvres audiovisuelles et cinématographiques.
  • Un volume minimal de 365 heures de programmes en première diffusion de nature variée (« captations de spectacles, de documentaires, d’émissions qui peuvent être des fictions courtes, des fictions longues, inédites sur la TNT »).
  • Un volume minimal annuel de 500 heures de captation ou recréation de spectacles vivants, dont un minimum de 200 heures aux heures de grande écoute.
  • Au moins 24 pièces de théâtre différentes.
  • Au moins 12 spectacles différents mettant en avant des jeunes talents de l’humour.
  • Une offre significative de magazines et documentaires, dont « une collection de documentaires inédit »
  • Des séries américaines comme Friends, des contenus inédits européens à l’instar des Mister Bean britanniques, les grands films du patrimoine.

Par ailleurs, TF1 s’engage à rendre accessibles 60 % des programmes de la chaîne aux personnes sourdes et malentendantes au lancement, avec un objectif de 80 % d’ici 2030, et à proposer chaque année au moins 25 programmes en audio description.

Contribution à la création :

Rappelant que « les accords respectifs signés avec le représentant de ces deux filières font des chaînes du groupe TF1 les premiers financeurs privés en clair de la création. Ce sont près de 245 M€ que ces chaînes ont investi en 2023 au type de leurs obligations de financement des œuvres cinématographiques et des œuvres audiovisuelles patrimoniales européennes et d’expressions originales françaises », le PDG de TF1 indique que

L’intégration d’Humour TV à ces accords conduira à « l’adjonction de son chiffre d’affaires à l’assiette de contribution du groupe ».

Il a également indiqué que la chaîne diffuserait bien au moins 52 films par an, et à ce titre serait soumise à des obligations de production cinéma.

Digital :

Interrogé sur l’utilisation de la norme HbbTV, mentionnée dans le dossier, Rodolphe Belmer a indiqué que « la stratégie digitale du groupe et sa stratégie de télévision segmentée et de publicité ciblée repose pour l’essentiel sur la consommation qui se porte sur les box et sur les smart TV » mais que « nous demandons à bénéficier de cette norme dans l’hypothèse où elle se développe et qu’elle rencontre un usage auprès des Français ».

La Chaîne Histoire : documentaires et magazines comme socles de la programmation

Comme dans le cas d’Humour TV, La Chaîne Histoire est une marque de travail, qui n’est pas forcément pérenne.

Le projet vise à pallier l’absence de « chaîne en clair entièrement dédiée à l’histoire et au patrimoine ».

Il doit « s’additionner » à la chaîne Histoire payante que le groupe édite déjà, « avec une logique de fenêtrage ».

Positionnement :

« Rendre l’histoire attrayante, captivante, fascinante, amusante et qu’ainsi elle trouve sa place naturelle au sein de tous les foyers français ».

Elle s’inscrit dans « l’ambition du groupe TF1 qui investit déjà significativement dans le genre historique et le développe à travers sa chaîne payante « Histoire » et dans des programmes de prime time sur certaines de ses chaînes en clair ».

« L’Histoire sera appréhendée à travers une multitude d’approches, précise Ara Aprikian. L’Histoire locale, régionale, nationale ou internationale. L’Histoire des civilisations, des idées, des sociétés, des modes de vie. Mais l’Histoire des objets, de l’artisanat, l’Histoire des arts, de la littérature, de la peinture, du cinéma, de l’architecture, du design… ».

Objectif d’audience :

Aucun chiffre n’a été communiqué

Modèle économique :

La chaîne devrait équilibrer ses comptes en 2027, grâce à un doublement des recettes publicitaires en deux ans.

Programmation :

« Le documentaire et les magazines auront une place incontournable dans l’offre de programmes ».

« Pour événementialiser sa programmation, la chaîne mettra en avant des cycles thématiques, souvent en lien avec l’actualité, à l’occasion par exemple d’élections, d’anniversaires, de commémorations ou d’organisations d’événements mondiaux comme les Jeux Olympiques ou Paralympiques ».

« La Chaîne Histoire se penchera aussi sur les histoires humaines qui font la grande histoire, les histoires méconnues, invisibilisées et quelques fois oubliées, comme celle d’Alice Milliat, pionnière dans la reconnaissance du sport féminin, ou celle d’Alice Guy, première réalisatrice de l’histoire du cinéma ».

Elle « souhaite diffuser des programmes centrés autour du patrimoine ».

« Pour amplifier la dimension grand public de la chaîne, elle proposera une offre de fiction historique de grande qualité », et « l’offre de films historiques sera également très large ».

« La chaîne diffusera une sélection de films destinés aux enfants à partir de 10 ans afin de les aider avec une narration adaptée à leur âge à appréhender à travers des histoires humaines aux grands enjeux de l’histoire ».

« Le spectacle vivant trouvera aussi sa place sur la chaîne, notamment ce permettant de porter un nouvel éclairage sur l’histoire, car l’histoire devient un enjeu fort de la création théâtrale, notamment contemporaine ».

  • Un volume minimal annuel de 2 000 heures de documentaires et magazines.
  • Au moins 365 heures de programmes en première diffusion sur les chaînes gratuites de la TNT.
  • Consacrer au moins 100 premières parties de soirées à des documentaires, dont au moins 30 documentaires en première diffusion sur les chaînes gratuites de la TNT.
  • Au moins 50 diffusions d’œuvres cinématographiques en première et deuxième partie de soirée.
  • Au moins 12 programmes participant à la lutte contre la désinformation ou à l’éducation aux médias.
  • Au moins 12 programmes faisant la promotion de la diversité, de l’inclusion et de l’égalité hommes-femmes.

Par ailleurs, la chaîne s’engage à rendre accessible 45 % de ses programmes aux personnes sourdes et malentendantes à son lancement, avec un objectif de 60 % d’ici 2030, et à proposer chaque année au moins 25 programmes en une audiodescription.

Contribution à la création :

« La chaîne, en tant que chaîne éditée par le groupe TF1, a vocation à intégrer les partenariats noués par le groupe TF1 avec la filière de la création audiovisuelle ». Son chiffre d’affaires sera intégré à l’assiette des obligations de TF1.

Digital :

La Chaîne Histoire, comme les autres chaînes gratuites du groupe, a vocation à s’intégrer sur TF1+.

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