La start-up britannique V-Nova, a présenté la semaine dernière une nouvelle technologie de compression vidéo sur laquelle elle travaille depuis 5 ans. PERSEUS promet une compression des fichiers vidéo 2 à 3 fois plus importante que dans le cas de l’utilisation des standards concurrents, H.264, H.265/HEVC ou JPEG2000. PERSEUS, en réduisant d’environ 50% les besoins en bande passante, doit par exemple permettre de profiter des contenus UHD 4K en streaming avec une connexion internet de 7 ou 8 Mégas seulement au lieu des 15 à 20 Mégas minimum qui sont aujourd’hui nécessaires pour des services comme Netflix.
Le codec PERSEUS repose sur un algorithme de traitement du signal prenant en compte les propriétés de la vision humaine pour éliminer l’ensemble des informations non perceptibles par le téléspectateur. Alors que les autres codecs suppriment essentiellement les redondances, PERSEUS utilise un traitement massivement parallèle (utilisation de l’ensemble des ressources des processeurs d’une architecture multi-cœurs) pour identifier en temps réel toutes les informations inutiles. Un autre avantage potentiellement décisif repose sur la rétrocompatibilité de la solution technologique de V-Nova. Le codec peut être utilisé dans la majorité des appareils récents, avec une simple mise à jour logicielle. En amont, il s’adapte aux workflows existants et aux infrastructures de diffusion (compatibilité avec le protocole MPEG-TS qui définit les aspects de transport pour la télévision numérique).
La première démonstration publique organisée à Londres par V-Nova a interpellé l’industrie. Les premiers résultats semblent à la hauteur des promesses mais le secret qui entoure V-Nova suscite des interrogations. La technologie a été développée avec une vingtaine de partenaires industriels au sein d’un consortium et dans une démarche d’innovation ouverte. Parmi les sociétés on trouve des noms importants comme le constructeur de STB Wyplay, les fondeurs Broadcom et Intel, Hitachi Data Systems, l’opérateur Sky Italia ou l’Union Européenne de radio-télévision (EBU). Pourtant V-Nova est largement inconnue des spécialistes et ses dirigeants viennent du secteur du Conseil plutôt que de la technologie (le PDG et le directeur exécutif sont des anciens de McKinsey).
Surtout, les spécialistes, sans forcément remettre en cause les qualités de ses algorithmes de compression, estiment qu’il est beaucoup trop tôt pour considérer PERSEUS comme un concurrent sérieux pour les autres codecs. Si une première phase de déploiement est prévue à l’été 2015 aux Etats-Unis et dans un certain nombre de pays européens, V-Nova n’a pas de projet pour soumettre son codec aux différents organismes de normalisation. Or, si l’algorithme n’est pas publié et décrit dans le détail il n’a aucune chance de pouvoir être largement diffusé. L’arrivée de nouveaux codecs propriétaires est récurrente dans l’industrie de la vidéo mais ils sont très peu nombreux à arriver jusqu’au processus de normalisation en raison de problèmes connexes comme une consommation d’énergie excessive pour les matériels ou des temps de calcul trop élevés. Et sans normalisation, ils ne peuvent se généraliser à l’ensemble de l’écosystème de la vidéo et de la télévision.
Le HEVC ou H.265 reste donc le candidat le plus crédible à la succession de l’actuel H.264-AVC car développé conjointement par le groupe d’experts en codage vidéo de l’ITU (Union Internationale des Télécommunications) et le MPEG (Moving Picture Experts Group) et supporté par de nombreux poids lourds de l’industrie qui détiennent tous des licences de brevet. Plus que PERSEUS c’est le VP9, le codec propriétaire de Google qui reste pour l’instant son seul concurrent crédible. En effet, loin de s’incliner face à la renommée croissante de HEVC, Google a annoncé la semaine dernière qu’il avait commencé à coder des vidéos YouTube en VP9, devenue le codec par défaut du nouveau lecteur vidéo HTML5 de la plate-forme.
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