L'édito de Philippe Bailly

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Son HD, Son 3D, Son Atmos : l’audio aussi fait sa révolution

Alors que les évolutions des technologies de l’image focalisent régulièrement l’attention des professionnels, les innovations du monde de l’audio sont souvent moins considérées. Pourtant, le nouveau format « Audio HD » mis en avant par Sony, ou encore le son multi-canal « Atmos » créé par Dolby sont des produits attractifs destinés à être appropriés par le grand public. Parmi les diffuseurs de contenus, les services de streaming musicaux et OTT pourraient jouer un rôle avant-gardiste.

Une jungle de codecs et de formats difficiles à décoder

Pour un néophyte, comprendre les différences entre « MP3 », « WAV », « PCM », « Audio 3D », « Dolby ProLogic IIx », « Dolby Digital 5.1 », « Dolby Digital Plus », « Dolby E », « Dolby True HD », « Dolby Atmos » « DTS », « DTS ES », « DTS 96/24 », « DTS HD », « DTS X », « DTS Neural Surround », « DTS Interactive », « Audio HD », « SDDS » ou encore « Arkamys » ou « THX » est difficile. La compréhension des formats et des codecs audio demande une bonne compréhension technique, ainsi qu’une sensibilité auditive souvent hors pair.

Dans un contexte où 26% des Français déclarent posséder chez eux une installation Home-Cinema (étude OpinionWay pour Lokéo datant de janvier 2015), le son numérique séduit. Jusqu’à présent la popularité de la TNT et des lecteurs DVD ont popularisé le format Dolby Digital (stéréo ou 5.1) retransmettant un son net de qualité mais très compressé (environ 500 kbit/seconde). L’arrivée de nouveaux formats physiques Blu-Ray et UHD Blu-Ray ainsi que l’essor de Netflix et des services OTT permettent d’envisager de transmettre des sons beaucoup mieux définis (3000 kbit/s pour le Dolby Digital Plus et 18 000 kbit/s pour le Dolby True). A l’image de ce que proposent Dolby, DTS ou Sony, les acteurs mettent sur le marché des produits avec des sons qui s’approchent de plus en plus des mixages-studios. L’audio continue donc de faire sa révolution.

Le format « High-Resolution Audio » de Sony promet une définition sonore presque parfaite
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Pour les constructeurs, cette nouvelle révolution sonore s’oriente essentiellement dans 3 directions, qui peuvent être cumulables :

  • L’amélioration de la qualité sonore : les formats MP3 ou Dolby Digital 5.1 et même CD ou vinyles sont encore très populaires auprès du grand public alors que leurs normes technologiques sont dépassées. Avec le « son HD », les nouveaux formats audio améliorent l’échantillonnage (96 KHz ou 192 KHz au lieu du traditionnel 48 KHz) et la résolution (24 bits plutôt que 16), permettant de produire un son plus nuancé avec davantage de variations dans les aigus. La performance des formats sonores les plus avancés est d’ailleurs si élevée que l’oreille humaine est difficilement capable d’entendre toutes les nuances (ce qui constitue aussi un frein à l’adoption de ces nouveaux formats).
  • L’amélioration des technologies « immersives »: que ce soit par la multiplication physique des hauts parleurs dans une pièce (l’Atmos, plutôt réservé au cinéma, propose jusqu’à 128 canaux différents simultanément) ou par des systèmes de spatialisation virtuelle (système binaural par exemple), le son « multicanal », « immersif », « relief » ou encore « 3D » est à la mode. Les constructeurs et les laboratoires (comme Dolby) cherchent à créer des environnements sonores spectaculaires donnant l’impression aux auditeurs d’être entourés de sons.
  • La réduction de l’encombrement des appareils : casques de plus en plus légers, barres de son permettant de reproduire virtuellement des systèmes multicanaux, enceintes sans fil/Bluetooth ou WiFi nomades, technologie MultiRoom permettant de déployer un même son dans toute une maison contribuent à rendre les nouveaux systèmes sonores Hi-Fi plus accessibles.
La reprise des formats par les diffuseurs de contenus

Côté TV, la reprise des formats et codecs audio est dépendante des normes techniques définies par les normes TNT (format Dolby E, assez compressé). Les acteurs du cinéma, de la vidéo, du streaming et de l’OTT ont, eux, plus de latitudes pour séduire les amateurs de son. En particulier, l’essor du très haut débit et de la fibre rend possible de distribuer à la fois des images très haute résolution sur Internet (4K sur Netflix) accompagnée d’un son multicanal (le Dolby Atmos pourrait arriver sur Netflix)

Pour l’amateur de son HD ou 3D, l’identification des programmes ou des plates-formes proposant des formats derniers cris reste difficile. Malgré la profusion des offres de contenus disponibles en streaming payants ou gratuits, sur YouTube, iTunes, Apple Music, Spotify, Pandora, CanalPlay, Netflix, Hulu ou encore Amazon, autant la norme d’image « HD » est très lisible, autant les normes sonores « HD » constituent encore le parent pauvre des offres (elles n’existent pas ou elles ne sont pas mises en avant). La multiplication des ventes de matériels sonores certifiés « HD » ou multicanaux devraient toutefois pousser leurs utilisateurs à être davantage exigeants vis-à-vis des fournisseurs de contenus.

En France, le marché des box TV a lui aussi intérêt à s’intéresser à ces nouveaux formats pour rester compétitif. Aujourd’hui, seules les publicités de Free mettent clairement en avant le fait que la Freebox Revolution intègre un décodeur Dolby Digital Plus et DTS-HD 7.1 (des formats de compression déjà anciens). Du côté d’Orange, de Bouygues et de Numericable, la communication autour des formats sonores est totalement inexistante. Les opérateurs proposent des sorties audio 5.1 mais les nouvelles box semblent s’intéresser davantage à promouvoir l’image (comme la Freebox 4K) que le son.

Dans un contexte de déclin des supports physiques, il devient pourtant primordial pour les diffuseurs OTT comme pour les opérateurs et les constructeurs de mieux intégrer les nouvelles technologies du son (Dolby True, Dolby Atmos, DTS X…). L’enjeu est purement concurrentiel : les premiers à se positionner sur ce secteur seront à même de mieux se valoriser.

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