L'édito de Philippe Bailly

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Focus : Hoopla, les bibliothèques à l’ère du numérique

Outre-Atlantique, les bibliothèques publiques sont de plus en plus nombreuses à prendre le virage du numérique. Un service de streaming plurimédia, Hoopla, leur permet en effet de proposer à leurs adhérents un large catalogue de vidéos (films, séries et programmes TV, documentaires, programmes éducatifs), albums, livres audio et livres électroniques, le tout sans débourser le moindre centime. Tout résident de l’une des communes partenaires, titulaire d’une carte de membre (gratuite elle aussi), peut ainsi accéder à une collection de plus de 350 000 œuvres digitales, enrichie sur un rythme hebdomadaire. Disponible sur web et application mobile (Android, iOS, Kindle Fire), Hoopla bouleverse les codes de l’emprunt classique, avec désormais un accès instantané, sans déplacement et sans interruption de service (24/7). Fini les sempiternelles listes d’attente ou pénalités de retard. Un contenu est accessible à n’importe quel moment, en simultané, quel que soit le nombre d’utilisateurs intéressés. Il disparait ensuite automatiquement de la bibliothèque personnelle de l’adhérent une fois arrivé à sa date d’expiration (3 jours pour une vidéo, 7 pour un album, 21 pour un e-book). Les œuvres sont accessibles en streaming sur l’ensemble des supports, en téléchargement temporaire sur les terminaux mobiles uniquement.

Le catalogue numérique d’Hoopla a pour vertu de compléter les collections physiques des établissements partenaires – certaines références proposées par le service étant absentes des étagères et inversement – et ainsi d’étendre le choix des adhérents. La prouesse du service réside également dans le fait qu’il rassemble au sein d’un espace unique des contenus issus d’univers variés. Un argument de taille au moment de séduire les bibliothèques comme le précise le président-fondateur de Hoopla, Jeff Jankowski : « It’s one app doing everything. In the retail world, it takes five apps. You’ve got an app that’s a comic book reader, one that’s an ereader, one that’s a music player, one that’s a movie player and one that’s an audiobook player. What we’re trying to do is give libraries a real competitive advantage by offering patrons a single app to access multiple digital formats ».

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Au-delà des velléités de modernisation du service public pour répondre aux attentes des nouvelles générations et accompagner la transition numérique des non-initiés, l’adhésion à l’offre d’Hoopla répond également à une logique économique pour les bibliothèques. Si l’accès au service de streaming est totalement indolore pour le public, des frais sont néanmoins engagés par les établissements à chaque acte de consommation.

Le coût répercuté par Hoopla varie ainsi de 0,99 à 2,99$ selon sa nature[1]. L’intérêt du modèle numérique est que la bibliothèque ne paye que pour ce qui est effectivement consommé par ses adhérents, quand jusqu’à présent elle devait acheter autant de copies physiques qu’elle jugeait nécessaire pour satisfaire à la demande. Le principe de simultanéité offert par le digital met fin au modèle « 1 copie pour 1 utilisateur » et s’accompagne d’économies significatives pour tous ces établissements. Afin de limiter les frais, chaque bibliothèque impose en outre ses propres règles. Les adhérents de Columbus (Ohio) sont ainsi limités à la location de 8 œuvres maximum par mois. Un plafond porté à 10 à London (Ontario) et jusqu’à 20 à Seattle (Washington). Certaines vont jusqu’à interdire l’accès au service depuis leurs propres équipements et préconisent un usage domestique ou en mobilité afin de ne pas avoir à assumer les coûts de bande passante.

S’il dispose lui aussi de solides accords avec quelques-uns des grands noms de l’industrie du divertissement (ITV, Starz, Disney, MGM, National Geographic, Universal Music, Warner Music…), Hoopla n’entend pas pour autant concurrencer les offres de SVoD grand public telles que Netflix, Amazon Prime Instant Video ou Hulu. Le service s’adresse exclusivement aux librairies publiques. Ces mêmes librairies qui constituent l’unique clientèle de Midwest Tape, la maison mère de Hoopla, elle aussi spécialisée dans la distribution de contenus culturels, physiques pour sa part (livre papier, CD, DVD, Blu-ray), et dont elle est le leader au Canada et numéro deux aux États-Unis. Lancée en 1989, l’entreprise travaille aujourd’hui avec plus de 6 000 établissements nord-américains, sur un marché qui en compte près de 10 000. Une relation de confiance longue durée qui a joué en faveur de Midwest Tape au moment de commercialiser son offre numérique. Hoopla est aujourd’hui repris par plus de 800 bibliothèques à travers les deux pays, et peut compter sur un rythme de recrutement élevé avec de nouveaux adhérents chaque mois.

[1] Concernant l’offre vidéo, Hoopla doit néanmoins s’acquitter d’un reversement mensuel minimum auprès de certains studios. Le modèle économique impose donc de trouver un maximum de bibliothèques partenaires pour atteindre rapidement une masse critique.

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Hoopla
Siège : Holland (Ohio, États-Unis)
Année de lancement : janvier 2013
Propriétaire : Midwest Tape. Distributeur de biens culturels physiques (DVD, Blu-ray, CD, livres…) depuis 1989 auprès d’un large réseau de bibliothèques publiques
Modèle : librairie virtuelle de centaines de milliers de films, albums et e-books, accessible instantanément et gratuitement depuis son foyer, sans déplacement et sur tous les écrans
Distribution : web et application mobile (Android, iOS, Kindle Fire)
Réseau : plus de 800 établissements partenaires à travers le Canada et les États-Unis
Tarif : gratuit pour l’adhérent, frais entièrement supportés par la bibliothèque
Conditions d’éligibilité : disposer d’une carte d’adhérent (gratuite elle aussi) à l’une des bibliothèques partenaires. Nécessite d’être résident de l’une des communes concernées

 

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