L'édito de Philippe Bailly

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Orange bank : une diversification au-delà des marchés émergents

Entré en négociations exclusives depuis Janvier, Orange est parvenu à un accord pour détenir 65 % du capital de Groupama Banque. D’ici le début de l’année 2017, l’opérateur lancera donc Orange Bank qui proposera des services de paiements au sein des réseaux d’agences Orange et Groupama. Cette offre 100% mobile proposera également des services d’assurance, d’épargne et de crédit en plus du paiement mobile (via Orange Cash[1]). Quand est-t-il des autres mouvements de convergences entre opérateurs télécoms et banques ?

  • « Orange bank » : une offre 100% mobile qui vise 2M de clients en France

L’entité Groupama Banque devrait développer une offre bancaire spécifiquement adaptée aux usages du mobile mais l’offre sera commercialisée sous la marque Orange dans les boutiques de son réseau de distribution et sous la marque Groupama dans les réseaux de distribution Groupama. Au total, l’offre sera proposée potentiellement dans près de 3000 points de vente. Cette incursion sur le marché bancaire, qui commencera par le marché Français sera ensuite élargie à l’Espagne et la Belgique.

Orange

Sur ses 28M de clients mobiles en France (201M dans le monde), Orange espère en convaincre un peu moins de 10% dans les années qui viennent. Clairement annoncé comme un axe de développement stratégique du plan Essentiel2020, Orange espère que ses activités de banque mobile rapporteront 200M€ à l’horizon 2018. L’objectif fixé pour l’ensemble des services financiers (Orange Banque et Orange Money) étant de 400M€.

Après le succès du service Orange Money en zone AMOA (lancé en 2008 et aujourd’hui proposé dans 14 pays) qui compte près de 16M de clients[2], le leader des télécoms semble également confiant pour son offre de banque mobile. Le responsable de cette activité, Laurent Paillassot, déclarait lors d’un entretien que le  1/3 de ses clients seraient intéressés par l’ouverture d’un compte. L’opérateur a d’ailleurs déjà initié ce type de démarche en Europe, avec Orange Finanse (qui compte +200k de clients) lancé en Pologne fin 2014 en partenariat avec la banque locale mBank[3].

  • Les services financiers : un moyen de diversification pour les grands opérateurs

L’incursion dans le secteur bancaire est une opportunité identifiée depuis longtemps par les opérateurs télécoms. Mais, à l’image d’Orange avant sa nouvelle offensive, on assistait surtout à des partenariats plus ou moins poussés entre telcos et grands acteurs installés de la banque-assurance. Certaines briques seulement étaient proposées par les opérateurs comme le service de transfert d’argent Orange Money ou encore la joint-venture entre Telefonica, la banque Caixa Bank et la banque Santander qui se sont regroupés pour développer Yaap Money permettant l’échange d’argent entre particuliers. Les exemples d’intégration complète sont beaucoup plus rares et Orange fait figure de pionnier qui plus est concernant une offre destinée au marché européen.


Définition du mobile banking par la Banque de France : « Le mobile banking, au sens strict du terme, désigne les services financiers par téléphone portable, offerts par les banques. Il s’agit principalement de services de consultation de soldes, de paiement de factures et de transfert d’argent. Au sens large, le concept s’étend à l’ensemble des services financiers pouvant être offerts avec ou sans compte bancaire par tout établissement agréé à cet effet. »


Néanmoins, plusieurs grands opérateurs transnationaux comme Vodafone, Deutsche Telekom ou Telenor ont développé des services ambitieux se rapprochant de la future offre d’Orange. Mais dans tous les cas, les marchés privilégiés sont ceux des pays émergents.

  • L’opérateur norvégien Telenor propose des assurances et des services bancaires

tELENOR

L’opérateur Norvégien Telenor a également tenté d’aller plus loin dans la convergence, en dépassant le simple stade du paiement mobile pour proposer une véritable offre de service de banque et d’assurance à ses clients. Un partenariat avec l’assureur britannique MicroEnsure lui permet ainsi de cibler les pays asiatiques en développement (Bangladesh, Thaïlande, Inde et Pakistan). Comme Orange, Telenor a également lancé une banque mobile « Telenor Banka » en 2014 après le rachat de KBC Banka en Serbie. Sur son marché domestique, Telenor se contente de partenariats avec des banques locales pour un service de paiement sans contact et de portefeuille électronique (services Valyou).

  • L’opérateur britannique Vodafone se concentre sur la solution « M-Pesa »

mpesa

L’opérateur britannique Vodafone propose un système de paiement et de retrait d’argent. Cette solution mobile « M-Pesa » ressemble à celle d’Orange en Afrique et compte 25M d’utilisateurs actifs à travers le monde (+27% en 2015). La solution est présente dans 11 pays (7 en Afrique, l’Inde, l’Afghanistan, la Roumanie et l’Albanie) et passe par des accords avec les banques locales. Vodafone a lui aussi fait le choix de se limiter aux marchés émergents. Le service initialement consacré au transfert d’argent s’est progressivement étendue au micro-financement, aux versements de salaire, à l’épargne et à l’assurance.

  • L’opérateur allemand T-Mobile (Deutsche Telekom) propose des services bancaires en Pologne

Alior

Grâce à sa réglementation plus souple et à une spécificité de marché bien identifié (beaucoup de Polonais possèdent plusieurs comptes dans différents banques), la Pologne est devenue un véritable laboratoire pour les opérateurs télécoms. En plus d’Orange Finanse, T-Mobile a formé une joint-venture avec Alior Bank pour proposer des services bancaires aux Polonais. Depuis, le partenariat s’est étendu à la Roumanie via une autre filiale de Deutsche Telekom, Telekom Romania Mobile Communications.

 

Des partenariats plus ou moins poussés entre banques et telcos existent également aux Etats-Unis mais toutes ne sont pas couronnées de succès. T-Mobile vient ainsi d’annoncer la fermeture de son service T-Mobile Money. De même, la joint-venture Softcard (ex ISIS) formée il y a quelques années par AT&T, T-Mobile et Verizon afin de développer le paiement mobile a été rachetée par Google début 2015. Si les géants du Web et de la technologie concentrent pour l’instant leurs efforts sur le paiement mobile (Apple, Google, Facebook et Paypal notamment possèdent chacun leur propre solution), leurs offres pourraient rapidement s’élargir pour proposer un éventail complet de services, accélérant une porosité de plus en plus importante entre les secteurs bancaires et technologiques.

 [1] Pour plus d’informations, se référer au flash 791 « Android Pay arrive au Royaume-Uni »

[2] http://www.orange.com/en/Press-and-medias/press-releases-2016/Orange-and-Ecobank-launch-a-bank-to-wallet-money-transfer-service-linked-to-Orange-Money-in-Cote-d-Ivoire-Guinea-Conakry-and-Niger

[3] http:/www.telecompaper.com/news/orange-finanse-has-200000-customers-after-one-year–1112922

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