L'édito de Philippe Bailly

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L’avenir incertain pour les filiales françaises de sociétés de production audiovisuelle britanniques

Un marché de la production britannique concentré

Peu de temps avant le Brexit, le marché de la production britannique a connu un phénomène de concentration sans précédent, notamment en 2014, avec la fusion de la société britannique Shine avec Endemol et Core Media, le rachat d’All3Media par Discovery Communication et Liberty Global, le rachat de Talpa Media (The Voice) et l’acquisition de Twofour group par ITV, ou encore le rachat de Love Production par Sky. De nombreuses sociétés de production britanniques appartiennent désormais à des groupes américains (58% du chiffre d’affaires réalisé par les 20 premières sociétés indépendantes). Le marché britannique de la production audiovisuelle dispose donc d’acteurs de taille critique mondiale, favorisant les exportations. Il est peu atomisé contrairement au marché français et crée davantage de valeur. Selon une étude du CSA, le marché de la production audiovisuelle britannique s’élève à un peu moins de 5 milliards d’euros (2014), réalisé par un peu plus de 500 sociétés de production, contre un chiffre d’affaires de 3 milliards d’euros pour le marché français (2012) composé de plus de 2370 sociétés de production.

Extrait du top 100 du classement des sociétés de production audiovisuelle par CA Royaume-Uni (2014)

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Source : Televisual media UK (sur la base du CA réalisé sur le territoire anglais – période juillet 2013 / juin 2014)

Les sociétés de production britanniques implantées en France

Les sociétés de production britanniques sont très présentes à l’international par l’intermédiaire de nombreuses filiales de productions internationales implantées dans de nombreux pays. En France, BBC Worldwide (depuis 2008), Shine (depuis 2009) et ITV (depuis 2010) ont ouvert une filiale de production française. Elles ont connu un développement rapide en adaptant des formats de flux de leur maison mère ayant fait leurs preuves, mais elles se développement également ces dernières années dans la fiction et le documentaire, à l’instar de Shine avec la série Tunnel. A noter que BBC Worldwide France Ventes et Distribution, branche de BBC Worldwide chargée d’exporter les programmes télévisés et coproductions de la BBC à destination des diffuseurs français, est la plus grosse société exportatrice européenne de programmes et représente plus de la moitié des exportations de programmes anglais avec environ 40 000 heures de programmes vendus en 2015.

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Source : NPA Conseil, Saison 2015-2016

La production britannique se caractérise par une grande industrialisation des acteurs, des diffuseurs importants produisant une part substantielle de programmes en interne, et un succès à l’exportation de programmes créatifs et de qualité dans tous les genres. Les groupes britanniques BBC et ITV tirent environ un quart de leurs revenus de leurs activités de vente de programmes dans le monde. Le modèle de la BBC est cité en exemple pour France Télévisions pour son développement avec succès dans la production de qualité originale et la vente de contenus. Le groupe public a renforcé sa présence à l’étranger, grâce à la SVOD notamment, et son activité de production via BBC studios. La BBC produit 60 à 70% de ses programmes en interne, dont elle détient les droits. La revente de leurs programmes assure 25% de son chiffre d’affaires, ce qui représente plus d’un milliard d’euros dont près de 300 millions ont reversés directement à la maison mère en 2014. La filiale de production d’ITV, ITV Studios, pèse 30% du chiffre d’affaires total du groupe ITV en 2014, selon le Groupe de travail sur l’avenir de France Télévisions. La BBC est également très active en matière de coproductions européennes de fictions et documentaires (Death in paradise, Da Vinci demons,…). Ainsi, le modèle britannique repose en grande partie sur la revente de programmes, dont les bénéfices permettent de financer des programmes originaux à budget important capables de rivaliser avec l’industrie américaine. Or, la sortie de l’Union Européenne pourrait enrayer la commercialisation et la distribution des œuvres qui lui octroyaient une part conséquente de revenus et un rayonnement de sa culture en Europe.

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