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On savait déjà que la période électorale se prêterait à certains débordements sur le thème de la sécurité. Il semble que l’audiovisuel public n’échappera pas non plus aux dérives. C’est en tout cas ce que suggère la note « Refonder l’audiovisuel public » publiée ces derniers jours par le think tank Fondapol.
Professeur à l’Université de Bordeaux, son auteur Olivier Babeau s’y revendique de « la démarche rawlsienne du « voile de l’ignorance » » pour aboutir à des remèdes radicaux : « suppression de France 3, France 4 et France Ô, privatisation de France 2, établissement sur le canal 3 d’une chaîne culturelle et libérée de toute contrainte d’audience, complémentaire avec France 5 et ARTE, refondation de la radio publique sur le même principe, en limitant le portefeuille des stations, regroupement de toute l’information publique, quel que soit le média »… Le maintien de France Médias Monde étant lui « justifié à partir du moment où l’on considère qu’il doit exister quelque chose comme « la voix de la France » ».
Pour parvenir à cette recommandation – qui ne laisserait subsister de l’actuelle France Télévisions que France 5 et l’hypothétique « Canal 3 » – Olivier Babeau se revendique du principe de subsidiarité (« partir du principe de subsidiarité, c’est affirmer, pour paraphraser Montesquieu parlant de la loi, que là où l’Etat n’est pas nécessaire, il importe qu’il n’y ait pas d’Etat ») pour décliner les termes du triptyque « informer, cultiver, distraire » qui « reste aujourd’hui encore une bonne description des missions que se donne l’audiovisuel public » :
Sans même entrer dans une discussion terme à terme de ces différentes affirmations (sur l’absence d’équivalent réel au rôle de France 3 dans l’information régionale, par exemple), trois observations font plus qu’en relativiser la portée :
A ces trois réflexions, on pourrait ajouter le silence absolu sur les conditions de mise en œuvre : « On ne posera pas ici les questions de structure. Elles dépasseraient le cadre d’une note (effectivement) de longueur modeste » : une trentaine de pages. En refusant au nom de la capacité à raisonner librement d’évoquer les voies et moyens d’appliquer ses recommandations, Olivier Babeau relativise encore leur portée, tant la capacité à penser les modalités d’exécution est indissociable de tout projet de réforme. Quand il est aussi radical plus encore.
Plus que sur le fond, cette note mérite donc au final quelques questionnements sur le « pourquoi » et plus encore le « pourquoi maintenant » : s’il met en avant ses titres universitaires, Olivier Babeau n’est pas un pur chercheur : sous les gouvernements Fillon, il a été conseiller de Roger Karoutchi, puis du Premier Ministre lui-même. Si l’on ajoute les proximités de sa note avec les propositions arrêtées avant l’été par les Républicains, ou avec les pages consacrées à l’audiovisuel dans le récent ouvrage de Nicolas Sarkozy, elle ajoute un élément supplémentaire – un ballon sonde peut être, compte tenu de son caractère outrancier – sur la vision de l’ancien Président de la République pour France Télévisions. Et à ses projets s’il sort vainqueur de l’élection du printemps 2017.