Depuis 2013, le paysage des télécoms a été profondément bouleversé. Le lancement du plan France…
« La Cour des Comptes tire la sonnette d’alarme sur le très haut débit » pour Les Echos, « la fibre va coûter 15 milliards d’euro de plus que prévu » dans Le Figaro, « Plan Très Haut Débit : 15 milliards d’euros de plus et pas avant 2030 », d’après le site spécialisé silicon.fr… Comme nombre de ses publications, le rapport publié ce mardi 31 janvier par la Cour a fait l’effet d’un – pourtant très prévisible – pavé dans la mare.
Trois points permettent sommairement de les résumer :
Mais pour être préoccupant, le diagnostic est peu surprenant, concernant le calendrier de déploiement en particulier : couvrir 50% de la population entre 2017 et 2022 équivaudrait à plus que doubler le rythme des raccordements, par rapport à la cadence observée cette dernière année : entre septembre 2015 et septembre 2016, le nombre total des foyers éligibles au très haut débit, toutes technologies confondues, est passé de 14,3 à 15,5 millions selon le chiffres de l’ARCEP.
Or, s’il est une constante de tous les marchés que le point marginal est toujours plus difficile à gagner, la règle apparaît en la matière particulièrement vérifiée, du cœur de grande agglomération aux vallées isolées. La Cour des Comptes aboutit donc simplement au constat que l’objectif fixé sous le mandat Hollande, et qui confirmait celui de la mandature précédente, était peu réaliste.
Coïncidant avec la montée en puissance de la campagne présidentielle, le rapport aura au moins l’avantage d’interpeller les candidats, en même temps que chaque opérateur pourra y trouver argument pour défendre ses positions :
Rien sous la plume des magistrats par contre, ou si peu, pour nourrir les candidats concernant les usages nouveaux que le très haut débit pourra aider à développer, sur son apport en termes d’efficacité du service rendu par l’Etat, ou sur les gains d’efficience, de productivité et, donc, de compétitivité à en espérer pour les entreprises : 5 pages à peine, sur les 196 que compte le rapport.
Concernant les stratégies poursuivies dans les contenus, enfin, ce dernier pourrait faire naître une nouvelle polémique entre le président de l’ARCEP et les opérateurs – SFR et Orange tout particulièrement : dans une interview au Financial Times, Sébastien Soriano estimait ce dimanche que « si les opérateurs de télécommunications investissent massivement dans les contenus, il y a un grand risque que cela nuise aux développements des réseaux. ». Au moment où Patrick Drahi annonce sa montée à 100% dans le capital du groupe Nextradio, le régulateur verra dans la production de la Cour des Comptes une validation de cette mise en garde ; les opérateurs ne manqueront pas de lui objecter que l’élaboration d’offres de contenus attractives est le moyen d’accroître attractivité, préférence de marque… et finalement augmentation de l’ARPU, reprise de valeur et renforcement de la capacité d’investissement.
La Cour des Comptes ne s’est pas intéressée à ce débat essentiel. A fortiori, elle ne l’a pas tranché.