L'édito de Philippe Bailly

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Is (fresh) content no more king ?

Le 14 septembre seront publiés les résultats du marché publicitaire français pour le premier semestre. A lire les résultats communiqués pendant l’été, pour la même période, par les groupes audiovisuels français, on s’attend plutôt à une révision à la hausse des anticipations pour l’ensemble de l’exercice. Et les points de vue exprimés lors de la dernière conférence Media & Telecom de Barclays (lire par ailleurs dans cet Insight), comme les prévisions révisées publiées pendant l’été par les principales agences média vont eux aussi dans le sens de l’optimisme.

Pour autant, la saison qui commence pourrait bien être celle des paradoxes.

D’un côté, une entrée dans le cadre de la contribution à la production française pour Amazon Prime Video, Disney+, Netflix et l’ensemble des SMAD étrangers, qui va augmenter de façon considérable le financement de la production cinéma et audiovisuelle française ; de l’autre, une ère du « total vidéo » qui semble plutôt placée sous le signe de l’optimisation et du « multi-amortissement » des contenus financés.  « Exploiter successivement les contenus en SVoD, en télévision linéaire, en replay et en AVoD est clé pour maximiser les revenus », expliquait ainsi M6 lors de la conférence Barclays.

La réflexion est confortée par l’observation, dans cet Insight, du volume limité de productions originales disponibles sur les plateformes de replay / AVoD des chaînes françaises (myTF1, France.tv, 6Play au moins).

Si l’on ajoute l’annonce de Netflix de se lancer dans le casual gaming, autrement dit des productions fortement addictives mais à des coûts sans comparaison avec ceux des Originals du groupe, on peut se demander si la page du « toujours plus » (d’argent dépensé pour produire de nouveaux films et séries) n’est pas en train de se tourner.

Avec deux questions à la clé :

  • Celle de la compétitivité des acteurs nationaux, au moment où les décrets (ou projets de décrets) réaffirment le retour vers le producteur des droits de programmes financés par les chaînes, là où les groupes américains disposent de facultés de réutilisation quasi illimitées, d’une part.
  • Celle de la difficulté potentielle du secteur français de la production à absorber la masse des nouveaux financements sans connaître le cycle inflation des coûts / éviction des acteurs historiques auquel est confronté le Royaume-Uni depuis 2013, de l’autre.