En 2018, la France s’est félicitée d’avoir, grâce à la Directive SMA, intégré les plateformes de streaming mondiales aux mécanismes de financement du cinéma et de l’audiovisuel ; la révision de la liste des événements d’importance majeure à laquelle se sont attelées les ministres de la Culture Rima Abdul Malak, et surtout du Sport Amélie Oudéa Castera, pourrait leur fournir une bonne occasion de reprendre le chemin de Bruxelles.
Elles-mêmes, ou leurs équipes, devront de toute façon s’employer à obtenir le feu vert de la Commission sur la liste de compétitions qu’elles auront arrêtées, puisque le projet de décret fixant la liste des EIM doit obtenir le feu vert de la Commission européenne avant de pouvoir être publié.
La volonté de donner davantage de visibilité à la pratique féminine et aux compétitions paralympiques devrait être regardée avec bienveillance ; intégrer au décret les « bleues » du football et les équipes masculine et féminine du rugby devrait bénéficier du précédent du onze masculin.
Résoudre l’angle mort qui laisse les plateformes de streaming en dehors du dispositif est d’une toute autre ampleur. A la différence de Canal+, beIN Sports ou RMC Sport, et parce qu’ils ne sont pas « services de télévision », Amazon, YouTube, Apple ou pourquoi pas Netflix peuvent acquérir les droits de compétitions phare sans se soucier de devoir proposer à des chaînes en clair les rencontres ultimes (demi-finales ou finales principalement).
Quand les amoureux du tennis se sont émus, au printemps 2022, que le match Nadal – Djokovic puisse être diffusé en exclusivité par Amazon, c’est ainsi l’ensemble du Mondial de football 2026 qui pourrait basculer, demain, sur la plateforme. Sans que l’Arcom, ou TF1 et beIN Sports qui se partageaient les droits de l’édition 2022, aient leur mot – juridique – à dire.
Interrogée devant le Parlement, l’ancienne tenniswoman Amélie Oudea Castera a laissé peu d’espoir de voir ce trou dans la raquette comblé dès 2023, invoquant « nécessairement une évolution du cadre juridique au niveau européen qui nécessite, dans le plus optimiste des cas, un délai significatif d’élaboration » comme le rappelle l’Insight NPA. Et, plus concrètement, de modifier l’article 14 de la Directive SMA.
Rencontre en cinq sets plutôt que victoire éclair. Il faudra, en attendant, se contenter à l’automne d’aménagements.