Alors que le tournant de la nouvelle année se prête aux rétrospectives, en même temps qu’aux prévisions, consolidation et nouveaux schémas de distribution pourraient bien s’affirmer comme deux mots clés de 2024. A consulter la sélection des faits marquants de 2023 que vous propose cette semaine l’Insight NPA particulièrement.
En creux, d’abord, la déconfiture de Viaplay illustre les limites du small is beautiful. Tel un David des temps numériques, le groupe suédois s’est progressivement déployé loin de ses bases scandinaves, en Europe du Nord, en Europe centrale, au Royaume-Uni et même aux Etats-Unis, mère patrie des Goliath du streaming. Mais ce qui ressemblait à une épopée glorieuse s’est avérée en juillet dernier comme une fuite en avant. Et 2024 débutera par une restructuration sévère de son tour de table, au terme de laquelle Viaplay pourrait rejoindre dès le 10 janvier M7, SPI et, depuis l’été 2023, Viu au sein du dispositif international de Canal+. Pour Canal+, il restera en parallèle à écrire en 2024 l’issue à la montée régulière qui en a fait le premier actionnaire du groupe sud-africain MultiChoice.
Aboutissement du processus de cession d’All3Media, dans la production européenne, prise de contrôle exclusif – autorisée depuis le début de l’automne par la Commission européenne – de ProSiebenSat1 par l’italien MediaForEurope… D’autres opérations semblent déjà programmées pour nourrir au cours des prochains mois le mouvement de consolidation. Mais le plus spectaculaire pourrait se produire aux Etats-Unis, avec le rapprochement – évoqué au conditionnel dans les tous derniers jours de 2023 – de Paramount et de Warner Bros Discovery. Moins de deux ans après que le second a achevé l’intégration de Discovery… La fusion, si elle se confirme, pourrait conduire Warner Bros Discovery à surseoir au plan de déploiement européen de Max qu’il a annoncé pour 2024, s’agissant au moins des pays – comme la France – dans lesquels Paramount+ est déjà implanté.
L’arrivée de la plateforme dans l’hexagone, si elle se trouve à l’inverse confirmée, devrait y constituer le principal élément d’animation du paysage des offres payantes, avec la montée en puissance de DAZN à partir de l’été, s’il sort finalement vainqueur du processus engagé mi-octobre pour l’attribution des droits de la Ligue 1 à partir de la saison 2024-2025. Concernant la distribution de services payants, Alphabet n’a pas donné d’indication sur sa volonté d’étendre à la France l’offre YouTube Primetime Channels qu’il opère depuis octobre au Royaume-Uni, après l’avoir inaugurée aux Etats-Unis et déclinée en Allemagne.
Et, à ce stade, c’est le front des offres gratuites qui s’annonce comme le plus remuant. Le processus de réattribution de quinze autorisations de diffusion de la TNT nationale conduira en forme de fil rouge jusqu’à l’automne. Le nombre des candidatures reçues par l’Arcom témoignera du niveau d’attractivité que conservent, aux yeux des éditeurs, l’accès exclusif aux près de 20% de foyers pour lesquels l’antenne râteau demeure le seul moyen de recevoir les programmes de télévision, et le bénéfice de la numérotation logique garantie dans les plans de services… des distributeurs français.
Dès le 8 janvier, surtout, l’arrivée de TF1+ dans les principaux environnements OTT (smart TV, dongles…) amplifiera le mouvement amorcé par Altice mi-décembre, avec la disponibilité de BFM TV, RMC Découverte et RMC Story au sein du bouquet Samsung TV Plus. Développer leur audience auprès de ceux qui, à l’inverse, se sont affranchis des moyens de réception historiques, box des opérateurs compris, est au cœur des stratégies des deux groupes. Ne doutons pas que d’autres acteurs de la TNT prendront le même chemin. Et ils devront compter avec une concurrence renforcée dans la course à la monétisation de ces audiences.
Parce qu’elle s’appliquera à l’ensemble des abonnés, l’impact de l’arrivée de la publicité dans Prime Vidéo le 10 avril pourrait être beaucoup plus rapide et massif que lors des précédents Netflix et Disney+. Mais ces derniers continueront à faire monter en puissance leur base de clients aux forfaits avec publicité. Si l’on ajoute à ce paysage les pure players de l’AVoD et des FAST – les leaders Pluto TV et Samsung TV Plus particulièrement – 2024 s’annonce comme une année de double tension : tactique, autour de la capacité immédiate à attirer les budgets des marques, mais aussi stratégique, autour des indicateurs retenus pour structurer la « monnaie d’échange » publicitaire qui s’appliquera en 2025.
Pour l’heure, l’équipe de NPA Conseil se joint à moi pour vous souhaiter une excellente année 2024.