Les marchés financiers sont réputés pour ne pas aimer l’incertitude. Ils l’ont confirmé avec force au lendemain de la dissolution du 9 juin en ramenant le CAC à son niveau du début d’année. Mais au-delà, il n’est pas besoin d’être trader pour ressentir ces jours-ci une angoisse sourde, ou pour se laisser aller à la morosité.
L’incertitude sur le résultat des élections législatives en constitue bien sûr l’élément principal, entre effets redoutés de l’arrivée du RN en responsabilité, d’une part, difficulté à imaginer le contour d’une coalition alternative et, plus encore, à imaginer l’action qu’elle pourrait conduire, de l’autre. Des images du débat Trump / Biden, à la présidence de l’Union européenne assurée, pour 6 mois, par la Hongrie de Viktor Orban, ou à l’enlisement des conflits en Ukraine et au Moyen-Orient, l’actualité internationale n’est pas plus rassurante.
L’ombre persistante de la privatisation de l’audiovisuel public ou la vacance survenue à la tête du CNC ajoutent des enjeux supplémentaires pour les professionnels de l’audiovisuel et du cinéma. Et les prestations de l’équipe de France lors de ses quatre premières rencontres de l’Euro ne sont pas faites pour constituer un dérivatif à leur inquiétude.
A défaut de garantir des lendemains immédiatement radieux, espérons que cette semaine d’entre deux tours en marque le climax.
A 20 heures, dimanche 7, la question d’une éventuelle majorité RN dans la prochaine Assemblée nationale aura été tranchée. A en croire les instituts de sondage, la probabilité d’une majorité absolue de députés RN semble s’éloigner. Et l’élection du (ou de la) futur(e) président(e) de l’Assemblée nationale, le 18, et celle des nouveaux président(e)s des Commissions permanentes, le surlendemain, devrait refermer la période d’incertitude gouvernementale.
S’agissant de l’audiovisuel public, à entendre les déclarations successives des dirigeants du RN (y compris celle de Marine le Pen sur France Inter ce mardi 2 juillet) et quand bien même les études d’opinion se verraient démenties, le lancement d’un chantier rapide visant à la privatisation de l’audiovisuel parait de moins en moins probable. A l’horizon de la fin d’année, le sujet devrait donc se reporter sur un débat – plus classique – sur les moyens qui lui seront alloués dans le cadre du PLF… puis en 2025 sur l’exécution du budget, puisque la proposition de loi qui devait éviter les risques de régulation infra annuelle n’a pu être débattue. Potentiellement tout aussi corrosif mais, au moins, moins frontal et moins immédiat.
Plus stimulant, le début ce lundi 8 des auditions par l’Arcom, des candidats à l’attribution d’une fréquence de la TNT, permettra aux professionnels de recommencer à parler contenu et économie. Et la nomination d’un nouveau président à la tête du CNC, qui pourrait intervenir dès le 10 d’après Les Echos, devrait éviter à l’institution de rester trop longtemps sans capitaine, en cas de gros temps.
Que les Bleus du football sortent finalement vendredi 5 de leur crise d’inefficacité pour enjamber le week-end aux dépens des Portugais et se qualifier – au moins – en demi-finales de l’Euro, et la France pourra, peut-être, retrouver suffisamment de sérénité pour patienter jusqu’au 26, et s’oublier alors dans le spectacle des Jeux ?