Ce jeudi 4 septembre, une note de l’équipe d’analystes financiers du CIC reçue à 8 h 07 exposait les « 5 bonnes raisons (de faire entrer) Canal+ dans notre liste Convictions », mentionnant « les discussions avec Bercy pourraient aboutir prochainement » parmi les facteurs de meilleure visibilité qui constituaient l’une de ces cinq motivations. A 9 heures 36, un communiqué de Canal+ « prenait acte des précisions complémentaires parues au Bulletin Officiel des Finances Publiques » concernant le régime de TVA applicable aux chaînes de télévision et aux plateformes ; à 14 h 51, l’action Canal+ gagne plus de 5 %, rendant tangible le prix que les marchés attachent à cette clarification.
A ce stade, et comme Canal+ l’exposait à l’automne 2024 dans son prospectus d’introduction en bourse, l’administration fiscale a émis à son encontre plusieurs « propositions de rectification fiscale », pour un montant cumulé supérieur à 655,6 M€. Ces contentieux restent ouverts. « Concernant le passé, CANAL+ est toujours en discussion avec les autorités compétentes ». Mais la publication du jour permet de dégager l’horizon, dans la mesure où le cadre qui est posé – pointilliste jusqu’au surréalisme sur les conditions de mise à dispositions des films, séries, compétitions sportives, autres émissions, à forte ou moins forte valeur… – valident l’architecture des offres de Canal+. Leur lecture rétrospective pourrait aussi, logiquement, aider à revoir – substantiellement – à la baisse les montants demandés.
Après le règlement début juin, du contentieux portant sur 210 M€ qui l’opposait au CNC, Canal+ pourrait finir 2025 sous un ciel fiscal totalement dégagé.
L’été aura également permis à Canal+ de faire deux avancées majeures, sur des fronts plus stratégiques et opérationnels.
La première, qui consacre de longues années de rapprochement, est venue de Prétoria, avec le feu vert de l’Autorité de la concurrence sud-africaine au rachat de Multichoice par Canal+. D’ici au 8 octobre, le closing de l’opération permettra à Canal+ de cumuler plus de 40 millions d’abonnés, et de faire un grand pas vers son objectif déclaré de dépasser le cap des 50 millions. L’option de montée à plus de 50 % dans le capital de Viu (15,5 millions à fin 2024) que détient le groupe lui garantit de pouvoir remplir l’objectif. Intégrer à terme Viaplay, dont il est déjà le premier actionnaire avec 29,33 %, mettrait le total sur la ligne des 60 millions…
Mais si « la taille est un facteur de rentabilité (amortissement des investissements en technologie et contenus) », comme le relève la note du CIC, en tirer parti supposera en parallèle de consolider l’ensemble, rationnaliser la gestion, identifier et mettre en œuvre des synergies…
Renforcer ses positions dans son marché domestique est, naturellement, un atout, pour y parvenir. Et l’annonce, plus inattendue, de l’entrée dans le capital d’UGC peut certainement y contribuer en confortant Canal+ dans l’ensemble de la chaîne de valeur du cinéma et de la production audiovisuelle. Potentiel 3e exploitant, 5e distributeur, 8e producteur audiovisuel… La prise de contrôle n’est pas prévue avant 2028, et il est probable que l’Autorité de la Concurrence y sera attentive. Il n’empêche. Le mouvement de consolidation semble d’autant plus amorcé qu’il répond au rapprochement engagé entre Pathé et la famille Saadé.
Comme souvent, ces dernières années, c’est avec le football français que les choses sont le plus compliquées. A ce jour au moins.