Dans un contexte marqué par le rachat de Newen par TF1, le CSA publie une étude sur le tissu économique de la production audiovisuelle française. NPA Conseil revient sur les principaux enseignements sur la structuration du marché.
Un tissu d’entreprises atomisé : une nuée de petites structures et une longévité en hausse
En 2013, 3450 entreprises interviennent dans le secteur de la production audiovisuelle, soit une multiplication par 2,6 sur la période 2000 – 2013. A noter que cette progression est particulièrement marquée sur la période 2000-2009 (+ 9% par an), pour ensuite ralentir entre 2012 et 2013. Le CSA propose en comparaison une estimation du tissu d’entreprises anglais qui s’établirait entre 500 et 700 entreprises. Le secteur de la production audiovisuelle en France apparaît ainsi davantage atomisé.
A l’image de la plupart des autres secteurs en France, les entreprises se répartissent entre quelques grandes structures et de nombreuses de petite taille, avec peu d’entreprises intermédiaires. Ainsi, alors que la part des entreprises employant 51 permanents et plus reste stable à moins de 1%, les structures employant entre 0 et 2 permanents occupent désormais plus de 2/3 du secteur. La part des micro-entreprises n’employant aucun permanent croît même de 4 points depuis 2000 (46% en 2013). Le CSA constate également « un double mouvement sur ce marché d’atomisation “par le bas” et de structuration “par le haut” : ce sont les petites entreprises, dont le nombre croît, qui voient leurs effectifs se réduire tandis que les plus grandes structures se renforcent ».
Si ce secteur se situe également dans la moyenne nationale pour l’ancienneté des entreprises, il connaît néanmoins une spécificité liée aux aides audiovisuelles du CNC : les entreprises ayant bénéficié de ces aides seraient « moins vulnérables que les autres aux aléas du contexte économique ». En effet, 50% des entreprises au total exercent leurs activités depuis 2 à 6 ans et 32% depuis plus de 10 ans quand celles ayant reçu au moins une fois des aides du CNC ont pour 45% d’entre elles plus de 10 ans. De manière générale, la longévité des entreprises apparaît en augmentation (71% ont plus de 4 ans en 2013, vs 62% en 2000), tout en autorisant un nombre croissant de jeunes entreprises, nécessaire au dynamisme du secteur.
Un chiffre d’affaires concentré et en progression constante
Le secteur de la production audiovisuelle génère 2,8 Mds € de chiffre d’affaires en 2012, soit une augmentation de 13% depuis 2009. En analysant son évolution, le CSA met en évidence par ailleurs des caractéristiques propres à ce secteur, notamment « une forme de résistance aux effets de la crise ». En effet, le rebond du chiffre d’affaires en 2011, après le ralentissement de 2008-2010, semble avoir été plus fort pour la production audiovisuelle que pour les autres secteurs.
D’autre part, cette consolidation du chiffre d’affaires est portée par les entreprises les plus anciennes (+10 ans), les autres affichant une part de chiffre d’affaires en recul sur la période. L’étude du CSA explique cette évolution par les rachats de jeunes structures en croissance par des acteurs bien installés. Cette disparité se retrouve également en termes de répartition du chiffre d’affaires par taille des entreprises.
En effet, de 2008 à 2012, 75% du chiffre d’affaires total du secteur a été généré par les 200 entreprises les plus grandes, qui affichent un chiffre d’affaires annuel moyen de 11 M€, contre 160 K€ pour le reste des entreprises.A noter qu’en 2012, les entreprises n’ayant aucun salarié (65% des structures) ont généré seulement 10% du chiffre d’affaires total.
Pour le CSA, le marché de la production audiovisuelle française devrait pouvoir dégager plus de valeur totale. En le comparant à une estimation du marché anglais, l’étude met ainsi en évidence un différentiel de l’ordre de 1,5 fois la valeur dégagée, pour un nombre de sociétés 4 fois inférieur : « un peu plus de 500 entreprises réalisent un chiffre d’affaires de 5 Mds € au Royaume-Uni (2014) alors qu’un peu plus de 2300 entreprises réalisent un chiffre d’affaires de 3 Mds € (2012) ».
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