Le studio américain procède au test d’un nouveau modèle de distribution de ses films en salle. Le pari : raccourcir les périodes d’exclusivité pour arriver plus rapidement sur les plateformes légales de streaming et téléchargement vidéo.
Avec l’accord de plusieurs réseaux d’exploitants, Paramount a décidé d’expérimenter un nouveau modèle de distribution pour ses productions dans les salles obscures. Si le cinéma voit sa position de premier maillon de la chaîne d’exploitation des œuvres maintenue, la période d’exclusivité qui lui été réservée jusqu’alors se trouve en revanche profondément réduite, passant de plus de 3 mois et 1 jour en moyenne, à 17 jours a minima. Une fois ce délai respecté, les œuvres pourront faire leur apparition sur les plates-formes de vidéo à la demande, à la vente comme à la location, en simultané de leur exploitation sur grand écran. La durée de l’exploitation en salle reste quant à elle inchangée (variable en fonction des performances des films au Box-Office US).
En contrepartie, les réseaux de cinémas percevront un pourcentage sur les revenus réalisés par ces mêmes œuvres en digital durant les 90 premiers jours suivant leur date de sortie salle. Une répartition qui se fera au prorata de la part de marché de chaque réseau sur l’exploitation en salle des longs-métrages. Au total, plus de 300 cinémas ont adhéré au projet de la Paramount (AMC Theatres, Cineplex Entertainment, Landmark Cinemas, National Amusements, etc.), un chiffre qui ne représente néanmoins que 5% du parc total de salles aux États-Unis.
L’initiative de la Paramount fait suite à l’analyse des performances de ses dernières productions par fenêtre d’exploitation (mode de distribution et durée d’exposition) et des pics d’activité illégale observés. Cette expérimentation vient également en réponse à la modification des comportements de consommation vidéo, dont l’évolution s’accélère sous l’impulsion des acteurs OTT, en particulier de Netflix qui entend multiplier le modèle Day & Date (sortie simultanée en salle et en streaming) pour ses productions originales dans les années à venir. Si certains films enregistrent des niveaux d’entrées en salle élevés plusieurs mois durant, nombreuses sont les productions à peiner après seulement quelques semaines à l’affiche, quittant ainsi les écrans de cinéma prématurément et attendant plusieurs mois pour une seconde vie en digital.
Encore expérimentale, l’approche de la Paramount vise à satisfaire l’ensemble des parties : les consommateurs avec une mise à disposition plus rapide des œuvres en numérique, les chaînes de cinémas avec le maintien de leur statut de premier exploitant et d’une période d’exclusivité et, enfin, le studio avec la réduction significative des périodes d’indisponibilité des œuvres, limitant ainsi leur exposition au piratage. Seuls deux productions du studio américain sont concernées à date, le dernier volet de la saga Paranormal Activity (Paranormal Activity 5 : Ghost Dimension) et la comédie horrifique Manuel de Survie à l’Apocalypse Zombie, toutes deux prévues pour le mois de décembre en VOD et EST.
Il sera intéressant d’observer les premiers retours de la Paramount et des exploitants de salle en termes de résultats et de voir si l’initiative sera étendue à un plus grand nombre de cinémas et longs-métrages, notamment grand public.