Amazon qui a fêté ses 20 ans récemment a dépassé les 100 milliards de dollars de chiffre d’affaires pour la première fois en 2015[1]et a réalisé le meilleur trimestre de son histoire en termes de bénéfices net au T4 2015. L’année 2016 démarre sous le signe de l’ouverture avec des nouvelles fonctionnalités annoncées pour renforcer l’écosystème de la firme aux 300 millions de comptes actifs.
• Amazon lance plusieurs API pour étendre l’écosystème Alexa et inventer de nouvelles fonctionnalités
Le Lab126 qui regroupe les équipes R&D a connu quelques échecs (on pense surtout au FirePhone) mais aussi quelques beaux succès comme la Kindle lancée en 2007 et les boutons dash ou encore le système Dash Replenishment. Plus récemment c’est l’Amazon Echo qui prend son envol. Lancé fin 2014 assez discrétement, cet assistant vocal de forme cylindrique d’une vingtaine de centimètre contenant l’intelligence artificielle « Alexa Voice Service» stockée dansCloud[2]offrait au départ des services assez basique (l’achat par commande vocale pour les clients Prime, lecture de e-book, diffusion du service de streaming d’Amazon, etc.) mais s’est depuis largement enrichi. Commercialisé depuis maintenant plus d’un an, , le produit[3]se serait vendu à 3M d’exemplaires selon Consumer intelligence Research Partners. Son succès tient essentiellement à son aspect pratique, en plus d’un design soigné et moderne à l’image du OnHub présenté par Google l’été dernier. Mais une des clés du succès de l’Amazon Echo (qui existe depuis quelques mois sous d’autres formes avec le Tap et le Dot), est surtout son ouverture progressive poutr tenter de rendre l’objet incontournable. En effet, le produit permet aujourd’hui tout un tas de commande comme la lecture de streaming musical de tous les grands services, le paiement des factures et la consultation des comptes bancaires, la commande Uber et les pizzas Dominos… Mais là où le produit monte en puissance, c’est surtout du côté de la domotique où l’interface naturelle (voix) trouve de nouveaux débouchés. Dave Limp le Senior Vice President des des produits d’Amazon déclairait récemment à ce sujet “ What we’re trying to do is to build a computer in the cloud that’s completely controlled by your voice, At Amazon, we believe the next big platform is the voice ». La firme, qui a mis du temps a sortir son produit (en préparation depuis 2011) pour cause de latence trop élevée, a finit par griller la politesse à ses principaux concurrents, et ce sur plusieurs marchés en même temps. D’abord la musique, qui a servit de point d’entrée, puis sur le marché tant convoité de la smarthome où Amazon, sorti de nulle part a réalisé en quelques mois ce qu’essayent de faire Apple et Google depuis plusieurs années, à savoir, devenir une plateforme de pilotage de la maison connectée. L’assistant Amazon Echo permet déjà à des produits tiers d’intégrer les capacités d’Alexa via « Alexa Voice Service ». Ford intègre déjà Alexa dans certains de ses véhicules, Samsung dans certains de ses réfrigérateurs et le premier produit en dehors de l’écosystème Amazon à bénéficier de l’IA a été Triby (Invoxia). Cette enceinte connectée pour la cuisine a reçu l’aide d’Amazon via le fond de financement Alexa (enveloppe de 100M de dollars). Compte tenu du succès du produit, Amazon a décidé d’étoffer son kit de développement « Alexa Skill Kit » en ajoutant plusieurs API afin d’étendre l’écosystème et permettre aux développeurs d’inventer de nouvelles fonctionnalités à l’Amazon Echo : l’API Smart home skill vient s’ajouter au Alexa Skill Kit, qui était déjà disponible dans une version beta pour quelques constructeurs partenaires (Nest, Ecobee, Samsung SmartThings, Wink, etc.) ; elle sera désormais ouverte à tous. C’est sans doute une des annonces les plus intéressantes de ces derniers mois sur le marché de la smarthome.
• Amazon ouvre son système de paiement aux sites marchands pour les aider à booster leurs ventes
La firme de Jeff Bezos a la particularité d’avoir longtemps misé sur la croissance (par les investissements) au détriment de la rentabilité et s’est, pour cela, largement diversifiée au point de devenir tentaculaire et de s’imposer comme leader de plusieurs marchés. Après avoir tout mis en œuvre pour faciliter l’acte d’achat sur son site (« click and pay ») et proposé le bouton « Pay With Amazon » à quelques sites marchands partenaires, le géant de l’e-commerce souhaite maintenant élargir ses solutions à un maximum de plateformes proposant de l’e-paiement. Le programme Pay With Amazon sera testé dans un premier temps aux Etats-Unis, en Allemagne, au Royaume-Uni et au Japon pour permettre aux sites marchands de simplifier l’acte d’achat en recourant à une solution déjà utilisé par de nombreux internautes sur Amazon.com (identification et moyens de paiement déjà pré renseignés). Ce nouveau service, serait donc un concurrent direct de la solution de Paypal, Google Wallet, Apple Pay ou encore la solution Visa Check Out. La commission serait sensiblement la même (2-3%) et représente pour Amazon un moyen d’étendre sa marque et de récolter plus d’informations sur su le parcours et les préférences de ses clients qui achètent sur d’autres sites.
Autre axe stratégique pour Amazon : la livraison
Amazon cherche également à court-circuiter les intermédiaires de livraison, au niveau local comme au niveau international. En effet, Amazon souhaite se renforcer sur ses outils de cartographies en se positionnant avec Microsoft sur une prise de participation au sein du consortium de constructeurs automobile Allemand (BMW, Audi et Daimler) qui a racheté Here à Nokia l’année dernière (2,8Mds de dollars) pour concurrencer Google Maps. Une fois ce système en main, Amazon pourrait optimiser ses services de livraison notamment dans les villes où le service « Prime Now » est déployée. Après le local, le global : en début d’année, Amazon aurait fait une demande de licence de transport maritime auprès de la commission maritime fédérale pour sa filiale chinoise afin de jouer un rôle de transitaire maritime entre la Chine et les Etats-Unis. Toujours dans l’objectif de facilité sa logistique et de maitriser l’ensemble de la chaîne de valeur, Amazon serait rentré en négociation fin 2015 pour louer 20 Boeing 767 afin de lancer son propre réseau de fret. Plusieurs signes qui montrent la volonté d’Amazon de court-circuiter l’ensemble des intermédiaires (Paypal, UPS, Fedex, etc.).
[1] 107 Mds$ de chiffre d’affaires et résultat net de 596M
[2] La branche Cloud (AWS) connaît une croissance fulgurante (10Mds$ de CA prévus en 2016) notamment grâce aux nouveaux services AWS IoT : le service AWS IoT est sorti de sa phase de test en décembre 2015 et a été conçue comme une plateforme de pilotage en mode Cloud pour les objets connectés.
[3] Pour suivre l’actualité du produit, vous pouvez vous abonner à la newsletter NPA du Carrefour de l’IoT