Mari-Noëlle Jégo-Laveissière distingue trois domaines dans lesquels les évolutions viendront prochainement perturber nos usages d’Internet : l’intelligence artificielle, l’Internet des objets, et la connectivité. Selon elle, les prochaines années marqueront un mouvement depuis l’utilisation du smartphone, que l’on regarde environ 2 heures et demi par jour, vers l’interaction constante avec « une multitude d’objets autour de nous ».
L’intelligence artificielle
La progression de l’intelligence artificielle a d’abord été lente ces vingt dernières années, mais le « deep learning » marque une réelle rupture avec cette tendance, avec des processus d’apprentissage désormais « ultra rapides ». Une véritable étape est donc franchie, qui va permettre des rendre des objets autonomes ou du moins semi-autonomes.
L’Internet des objets
« L’Internet des objets va transformer toutes les entreprises », de différentes manières, d’après Mari-Noëlle Jégo-Laveissière. Les métiers et services mêmes seront transformés. Là aussi, c’est une multitude de petits objets qui apparaitront. Elle estime que la capacité de calcul et traitement de données et d’images de ces objets sera équivalente à celle que l’on peut avoir dans des data centers.
La connectivité
Elle va devenir « comme l’air qu’on respire ». Les nouveaux usages d’Internet (télé-chirurgie, voitures autonomes…) nécessiteront une connectivité sans faille. C’est par des ruptures technologiques comme l’arrivée de la 5G que nous pourrons répondre aux besoins de connectivité de ces nouveaux usages. La 5G devra être capable de supporter des débits importants, mais aussi extrêmement diffus, et le réseau devra être « totalement uniforme ». Enfin, l’utilisation pratique de l’énergie sera capitale, sur les réseaux macro comme micro. « Il faut arriver à focaliser et utiliser l’énergie quand on en aura besoin », souligne Mari-Noëlle Jégo-Laveissière.
Aujourd’hui, c’est notre smartphone qui nous sert de « passerelle entre les deux mondes » du physique et de l’Internet. De plus en plus, les fonctions seront diffuses : nous recevrons des informations grâce à nos lunettes, nos vêtements, des capteurs. Plus besoin, donc, « d’une petite fenêtre pour ‘entrer’ dans Internet ». Les objets communiqueront avec nous, mais également entre eux, donc « les choses se feront de façon plus directe ».
« Les choses seront plus simples demain »
Selon Mari-Noëlle Jégo-Laveissière, si nous arrivons à réconcilier l’intelligence froide d’Internet avec une bonne gestion de notre vie privée en posant les limites nécessaires, « nous aurons une meilleure capacité à gérer notre monde et notre vie personnelle ». Il faudra bien sûr mettre en place un certain nombre de normes, comme la 5g. Elle estime que la convergence vers une unité de norme se fera vite, et que « les univers qui ne seront pas standardisés vont rester très petits ».
Elle considère enfin que les vrais enjeux se situent aujourd’hui autour du « business model », la difficulté étant l’utilisation et la création de valeur grâce aux données brutes récoltées, qui sera certainement confiée à des experts.