Sky a annoncé la semaine dernière une évolution majeure pour ses offres de télévision payante avec une disponibilité de l’ensemble de ses bouquets sur internet dès l’année prochaine, en 2018, au Royaume-Uni.
Si Sky fait figure de précurseur sur la distribution OTT avec le lancement de son service de streaming Now TV dès 2012, les offres de télévision payante traditionnelles (270 chaînes au total disponibles dans plusieurs bouquets Sky TV) étaient jusqu’à maintenant uniquement liées à une distribution par satellite, nécessitant pour les abonnés une antenne parabolique et une box Sky (les nouveaux abonnés bénéficient automatiquement de la nouvelle box Sky Q). L’opérateur britannique n’avait pas encore suivi l’exemple d’autres géants de la télévision payante par satellite à commencer par Canal+ qui commercialise depuis juin 2015 le Cube S permettant de recevoir les bouquets Canal+ et CanalSat sur l’internet ouvert et ce quel que soit le FAI.
Il existe néanmoins un précédent pour Sky, en Italie où l’opérateur propose depuis avril 2015 son offre TV complète sur internet pour les seuls abonnés broadband de Telecom Italia (TIM). Il s’agit d’un service conjoint des deux entreprises. Les abonnés TIM bénéficient d’un décodeur dédié, My Sky HD, une box hybride OTT/DTT, assemblée par Pace. Les abonnés doivent également souscrire deux contrats distincts, l’un avec l’opérateur pour l’internet fixe, l’autre avec Sky pour la télévision payante. Et chacun facture son propre service. Pour la prochaine offre britannique aucun partenariat ne semble nécessaire puisque Sky commercialise ses propres offres d’accès à internet depuis 2005 (rachat du FAI EasyNet puis en 2013 du réseau fixe de Telefonica UK commercialisé sous la marque O2). En revanche l’annonce ne permet pas de savoir si l’offre TV sera réservée aux abonnés broadband de Sky ou ouverte à tous, quel que soit le FAI.
Au Royaume-Uni, Now TV et Sky TV via le satellite ne sont pas voués à disparaître du moins dans l’immédiat (le contrat de distribution avec l’opérateur de satellite SES court jusqu’en 2022). La nouvelle offre sera une offre complémentaire permettant d’adresser de nouveaux foyers qui ne sont pas éligibles (zones protégées, habitat collectif…) ou ne souhaitent pas installer d’antenne. Le chiffre de 2 millions de foyers supplémentaires au Royaume-Uni est avancé par Sky (l’opérateur compte aujourd’hui 12,6 millions de foyers abonnés). Le mouvement s’inscrit dans la stratégie du groupe, exposée l’an dernier par le CEO Jeremy Darroch, consistant à sortir progressivement du tout satellite pour arriver à un vrai modèle de distribution globale et multi plates-formes. L’enjeu pour Sky est clair : trouver des relais de croissance en termes de recrutement alors que le marché de la TV payante est mature sur son marché domestique et que les marges du groupe s’effritent en raison notamment de l’inflation des droits sportifs à commencer par ceux de la Premier League de football. Sky a ainsi dû faire face à un plongeon de ses bénéfices de 18% sur son activité au Royaume-Uni au cours des six derniers mois de l’année 2016. De plus, sur la même période, le groupe a été confronté à une augmentation de son taux de désabonnement à 11,6% contre 10,2% pour la même période de l’année précédente.
Enfin, si le marché britannique est prioritaire pour le déploiement des nouvelles offres en 2018, l’opérateur envisage ensuite de l’étendre aux autres territoires où il est présent, l’Allemagne, l’Autriche, l’Italie et l’Irlande.