Depuis quelques mois, les séries en provenance de Belgique prennent de plus en plus de place dans les grilles de nos chaînes françaises. NPA décrypte pourquoi la fiction belge prend son envol dans un genre de plus en plus surconsommé.
Avec comme objectif de donner ses lettres de noblesse à la fiction belge, le groupe audiovisuel public de la RTBF ainsi que la Communauté française de Belgique (aussi appelée Fédération Wallonie-Bruxelles ou FWB) décident en 2013 de mutualiser leurs moyens afin de créer un Fonds dédié au financement de nouvelles fictions nationales francophones. Pour la période 2014-2017, cette mutualisation représente ainsi près de 15 millions d’euros, avec un budget moyen de 208 000 euros par épisode. Baptisé « Fonds FBW-RTBF pour les séries belges », son objectif est de proposer une offre diversifiée et récurrente de séries TV belges avec 4 séries produites par an, comprenant chacune 10 épisodes de 52 minutes. Les projets des producteurs indépendants qui souhaiteraient obtenir un financement de la part de ce Fonds, doivent se faire l’écho de l’identité belge et être en prise directe avec la société d’aujourd’hui. L’accent doit également être mis sur des problématiques universelles dans le but de susciter l’intérêt du public international.
C’est ainsi que la première série financée par ce Fonds fut La Trêve. Diffusée en Belgique du 21 février au 20 mars 2016 sur La Une[1] en Belgique, la série de 10 épisodes retrace l’histoire d’un policier bruxellois qui enquête sur la mort d’un jeune footballeur africain dans un petit village reculé de Belgique. La trêve a réalisé d’excellentes audiences outre-Quiévrain avec une PdA moyenne de 22,3% sur l’ensemble de la première saison (+ 4,1 points par rapport à la moyenne de la case depuis le début de la saison 2015-2016 sur La Une). Diffusée en France du 29 août au 19 septembre 2016 sur France 2, La trêve a enregistré une PdA moyenne de 12,8% et attiré 2,9 millions de téléspectateurs.
La série Ennemi public, actuellement diffusée sur TF1, constitue la deuxième série financée par le Fonds FBW-RTBF pour les séries belges. Inspiration libre de l’affaire Dutroux, la série a été récompensée au Festival Séries Mania de 2016 par le prix de la meilleure interprétation masculine dans une série francophone pour Angelo Bison, ainsi que le prix coup de cœur du Mip Drama Screenings du MIPTV 2016. Gros succès d’audiences également puisqu’elle a enregistré une PdA moyenne de 22% lors de sa diffusion sur La Une entre le 1er et le 29 mai 2016. La série s’est notamment exportée en Allemagne (Sky Deutschland), en Australie (SBS) ainsi qu’au Royaume-Uni (Sky). En France, Ennemi public réalise des audiences moyenne pour TF1 puisqu’elle n’a attiré que 3,9 M de téléspectateurs (16,9% de PdA) en moyenne pour la diffusion de ses 4 premiers épisodes (la diffusion étant toujours en cours).
Au-delà des investissements réalisés par la Communauté française de Belgique et la RTBF, la fiction belge prend du galon également du côté des Flandres. En effet, la série Beau Séjour co-produite par la chaîne flamande VRT et ARTE France, a déjà reçu le prix du public au dernier Festival Series Mania. Elle sera diffusée sur ARTE en France à partir du 2 mars.
Malgré le succès critique des nouvelles séries belges, l’audience n’est pas toujours au rendez-vous. C’est le cas par exemple d’Esprits de famille, une co-production RTBF et HD1. Diffusée en Belgique sur La Une en décembre 2014, cette série comique avait réalisé un excellent score d’audience lors de sa première diffusion juste après un match de football de l’équipe nationale, avec près d’un téléspectateur sur 2 devant son écran. Cependant, elle est très vite tombée à une moyenne de 7% de PdA pour le reste de ses épisodes. HD1, anticipant des audiences faibles, a alors décidé de la diffuser en toute fin de nuit avec un épisode inédit par jour vers 5h30. La série n’a ainsi attiré que 51 000 téléspectateurs pour une PdA moyenne de 1,6% de PdA.
De nouveaux projets de séries belges sont en cours de réalisation et pourraient de nouveau faire sensation. C’est le cas de E-legal qui sera prochainement diffusée sur une chaîne de la RTBF. Elle suivra un cabinet d’avocats spécialisé dans la cybercriminalité, problématique universel qui pourrait attirer de nombreuses chaînes étrangères à acheter les droits de diffusion. C’est le cas également d’Unité 42 qui relate les enquêtes menées par une unité de lutte contre le cybercrime de la police, là encore thème très ancré dans l’actualité.
[1] La Une est une chaîne de télévision généraliste publique appartenant à la RTBF.