Dans un contexte où l’offre d’information est soumise à de multiples phénomènes (instantanéité, multiplicité des sources, fragilité, traitements approximatifs, etc.), les modèles des agences de presse sont profondément remis en question depuis quelques années. L’AFP est ainsi entrée depuis 2010 dans son ère de transformation digitale en créant de nouveaux formats qui se rapprochent davantage des besoins de ses clients actuels. L’agence ambitionne en effet de devenir une référence mondiale sur la production vidéo notamment. A cette fin, elle développe actuellement des partenariats pour diversifier son offre.
L’adaptation des agences de presse à l’évolution des usages
L’agence de presse a pour cœur de métier la fourniture d’informations aux médias. Ses activités consistent à recueillir l’information (par l’emploi de journalistes), puis la mettre en forme de diverses manières (dépêches, articles, reportages, photos, bandes sonores, vidéos, infographie et autres éléments rédactionnels) afin de la distribuer aux journaux, périodiques, médias radio et audiovisuels. Elle offre ainsi à ses clients la garantie de couvrir des territoires géographiques et/ou d’expertise pour lesquels ils n’ont pas les moyens d’enquêter. Aujourd’hui, le numérique a élargi les modes d’accès à l’information. La reprise en ligne de dépêches par les médias presse et audiovisuelle entre en concurrence directe avec la reprise de ces mêmes dépêches par des sites/portails d’information en ligne, par des agrégateurs de news, voire par la publication en ligne d’informations directement par les agences de presse.
Comme à chaque apparition d’un nouveau mode de diffusion et de circulation de l’information, tous les maillons de la chaîne de valeur se doivent donc de comprendre les mécanismes de consommation et de valorisation de l’information afin de continuer à proposer le service le plus pertinent et de capter les audiences et les revenus potentiels associés. Ainsi, aujourd’hui, la vidéo en ligne est reine et l’AFP mise sur cette forme de media depuis quelques années.
Les pratiques de la vidéo en ligne sont désormais ancrées dans les habitudes tant des Français de manière générale (un internaute français passe 20 minutes par jour en moyenne à regarder des vidéos sur Internet, soit 20% de son temps dédié au Web[1]) que des journalistes puisqu’elle est devenue un relais de croissance pour un grand nombre de titres de presse écrite.
Ainsi, tous les acteurs des médias ont des ambitions sur ce terrain : de la production, au live ou au montage de ces vidéos, sur les sites, les applis ou les réseaux sociaux, de nombreux investissements sont mis en place pour favoriser la création et la distribution de vidéos. L’offre doit s’adapter aux nouvelles plateformes d’information mobiles et les agences de presse, longtemps considérées comme retardataires dans le monde numérique, tentent depuis quelques années de répondre à ces enjeux en modernisant leurs offres.
Le développement nécessaire de l’AFP dans la vidéo
La vidéo représente aujourd’hui 10% du chiffre d’affaire de l’AFP (quand AP et Reuters sont autour de 25%[2]) et devrait connaître une croissance de 15% par an selon Emmanuel Hoog, président de l’AFP. En effet, le développement de sa présence vidéo est un des objectifs principaux de l’AFP qu’elle a commencé à construire dès 2010. Avec aujourd’hui 250 vidéos publiées par jour et 450 000 vidéos disponibles, l’agence de presse compte 250 clients abonnés sur ce média et 350 clients ponctuels. Elle propose de la vidéo sous toutes ses formes éditoriales : des images brutes avec ou sans sonore, des vidéos d’illustration, des sujets commentés et prêts à être diffusés et des éditions quotidiennes d’un journal sur l’actualité française et internationale de moins de 2 minutes. Chaque vidéo peut être adaptée à différents formats : TV, smartphone, ordinateur, tablette.
Les chaînes de télévision font partie des objectifs principaux en termes de développement commercial. En effet, l’AFP estime que 1800 à 1900 chaînes dans le monde sont susceptibles d’être intéressées par son service. Cette stratégie de consolidation de l’AFP dans la vidéo s’est traduit le 29 mars par la signature d’un accord avec le groupe BBC qui abandonne ainsi l’agence AP (Associated Press) comme fournisseur de contenus vidéo pour l’ensemble des plateformes du groupe. Un autre accord signé par l’AFP permet à l’agence de presse de continuer à disséminer ses contenus vidéo à travers le monde : en concluant un partenariat pluriannuel avec Wochit, la plateforme qui propose un catalogue de contenus pour les médias du monde entier, l’AFP étend sa couverture journalistique.
[1] Source : itw Emmanuel Hoog, Les Echos, 23 mars 2016
[2] Source : Médiamétrie, février 2017