Dans le cadre des 27e Rencontres cinématographiques de Dijon, organisées par l’ARP, la ministre de la culture Françoise Nyssen s’est exprimée en amont de la table-ronde sur la chronologie des médias.
La ministre a tout d’abord rappelé que l’action du Ministère reposera sur 3 piliers : innovation, Europe, et éducation. Extraits de son discours…
Innovation
« D’abord, l’innovation. Les pratiques de piratage se développent et les technologies se multiplient (…) Il faut être très clair sur le diagnostic pour mieux se rappeler que l’avenir est entre nos mains. Il n’y a pas de fatalité, le système sait s’adapter. Nous avons su intégrer les nouveaux systèmes dans l’économie de la création. L’ensemble des plateformes de vidéos en ligne vont contribuer à la création avec l’entrée en vigueur des taxes dites YT et Netflix. Nous avons su répondre au risque de délocalisation des tournages en élevant le crédit d’impôt.
La révision de la chronologie des médias est un chantier prioritaire : c’est la clef pour adapter notre modèle aux nouveaux usages et financer l’avenir. Ce sont les professionnels eux-mêmes qui sont les plus à même de trouver une solution. Il faut changer la méthode pour sortir du blocage. Je suis heureuse de pouvoir vous confirmer que j’ai choisi de nommer un médiateur : il s’agit de Dominique D’Hinnin. Il aura 6 mois pour trouver un accord.
2ème chantier majeur : la lutte contre le piratage. Le piratage peut ébranler l’ensemble de notre système de création. C’est notre modèle de société qui est en jeu. Il faut faire plus et mieux en innovant. Des travaux ont été entrepris. Il faut aller plus loin dans la lutte contre le streaming illégal, qui constitue l’essentiel du piratage et n’est pas couvert par la riposte graduée. La répression seule ne marche pas, il faut également faire preuve de pédagogie.
Nous voulons avancer avec vous, les professionnels, et avec les parlementaires.
3ème chantier : la modernisation de la réglementation audiovisuelle, qui a été établie quand les modes de diffusion étaient exclusivement hertzien et linéaire. Cela ira du rôle du CSA, à la réglementation de la publicité.
On ne sauvegarde pas un système en le figeant mais en veillant à sa pertinence, et à le faire évoluer dans le temps.
Europe
L’Europe est le second pilier. C’est à l’échelle européenne que s’assure la défense de l’exception culturelle et que passe la régulation des géants numérique, à travers la fiscalité et le financement de la création. L’Europe est un espace de protection décisif. Son efficacité dépend de notre volonté politique. Les choses avancent quand on pose des initiatives sur la table. Sur la directive SMA, nous avons obtenu des avancées considérables. Les SMAD seront soumis au financement de la création et devront respecter des quotas d’œuvres européennes dans les catalogues.
Je suis mobilisée fortement sur la réforme du droit d’auteur. La France défendra avec vigueur 3 priorités : le principe de territorialité des droits ; un droit à une juste rémunération des auteurs ; mettre en place un meilleur partage de la valeur entre plateformes en ligne et ayants-droits.
Je mobiliserai mes homologues dans cette entreprise. Il faut aller à leur rencontre, les écouter, et porter nos convictions.
Education
L’éducation est le troisième pilier. Nous travaillons avec le Ministre de l’éducation pour promouvoir l’éducation aux médias. On veut changer le logiciel, la culture n’est pas un supplément d’âme mais est constitutive du parcours du jeune. Nous souhaitons que de plus en plus les professionnels que vous êtes puissent aller dans les écoles.
Le grand défi que nous partageons pour l’avenir est l’ouverture culturelle et la diversité face aux efforts contradictoires de la mondialisation et du numérique. Cette diversité, vous êtes là pour la nourrir et nous serons là pour la protéger ».