Dans le cadre du Forum de coproduction européen de série TV, organisé par le festival Séries Mania, NPA Conseil propose un état des lieux chiffré du marché. Si les coproductions avec les Etats-Unis sont encore dominantes, une « communauté de création européenne » se met en place.
Les coproductions : peu nombreuses mais puissantes
La coproduction est un exercice périlleux : à la fois sur le plan financier mais également en termes d’audiences. C’est pourquoi elles sont encore peu nombreuses. La Suisse, l’Autriche, la France et l’Italie sont les pays où la part de coproductions strictement européennes dans le volume des séries est la plus importante.
Pourtant, elles ont tout pour plaire : elles permettent de répondre aux exigences désormais pointues du public, elles intègrent de grands talents (acteurs, réalisateurs, scénaristes, ou autre), elles multiplient les budgets pour proposer des projets d’envergure et il s’agit souvent de séries différenciantes.
Aujourd’hui, la tendance est donc, pour des raisons à la fois économiques et éditoriales, au développement progressif de coproductions de séries européennes. Ainsi, la Rai par exemple développe de nombreux partenariats avec la France et l’Allemagne. Les coproductions avec les Anglais sont plus rares, les chaînes anglaises estimant que les contenus doivent s’adresser en priorité au public britannique. Il existe bien entendu des exceptions à cette règle : Jordskott par exemple, une coproduction anglo-scandinave, ou encore The Refugees, une série de science-fiction anglo-espagnole coproduite par BBC Worldwide, le géant de la télévision espagnole Atresmedia et la société de production Bambu Producciones. C’est par ailleurs la première fois qu’Atresmedia produit en anglais, avec un duo d’auteurs espagnol et anglais.
Avant 2010, les coproductions européennes étaient encore rares. Aujourd’hui, on peut voir se développer des coproductions plus éclatées en Europe. Par exemple, la série The Team, est une co-production entre SVT en Suède, DR au Danemark, VTM en Belgique, ORF en Autriche, ZDF en Allemagne et Arte en France. Lancée sur DR1 en février et sur ZDF en mars, la série réalise dans ces deux pays de bonnes audiences pour les premiers épisodes.
Autre succès international, Gomorra : 950 000 téléspectateurs sur Canal+ pour le lancement le 19 janvier contre 670 000 en Italie sur la chaîne câblée Sky en juin 2014. En janvier 2015, les italiens pouvaient la regarder gratuitement sur Rai 3 : ils ont été 1,77 million.
Mais les partenariats avec les Etats-Unis sont également toujours en vogue : Apocalypse Slough, Humans, The White Rhino Hotel, Deutschland 83, ou encore TF1 et RTL Group qui s’associent à Universal ; les exemples sont nombreux et efficaces. Ainsi, le lancement d’Indian Summers sur Channel 4 (coproduction avec PBS) est un record d’audience pour la chaîne depuis 20 ans : 2,9M de tlsp pour le vs 1,3M pour le dernier épisode.
Un ADN local à ne pas négliger dans un cadre global
L’ancrage local est de plus en plus important. Il apporte une touche de réalisme et un moyen de se démarquer. C’est une manière de raconter le pays dans lequel le téléspectateur se trouve, le pays tel qu’il est ou tel qu’il était. C’est ce qui a suscité l’engouement pour les séries scandinaves. Elles ont trouvé des éléments différenciant, elles ont transcendé le traditionnel thriller noir.
Et c’est éventuellement ce à quoi le téléspectateur pourra s’attendre avec Versailles, production franco-italo-canadienne qui réunit Canal+, Capa Drama, Zodiak Fiction et Incendo, ou encore Deutschland 83, une coproduction germano-américaine qui nous plongera dans la Guerre Froide et qui sera la première fiction en langue allemande diffusée sur une chaîne américaine. Qu’en sera-t-il de The Young Pope produit par Sky Italy, qui imagine le premier Pape italo-américain ?