Depuis 2013, NPA Conseil analyse chaque mois les catalogues des principales plateformes de SVOD disponibles en France[1] ce qui permet de constater les évolutions éditoriales sur ce marché en pleine expansion. L’année 2014, a été une année charnière pour l’ensemble du secteur ce qui s’est ressentie sur la structure de l’offre de cinéma qui a profondément évolué. Si le volume de films offert n’a que faiblement augmenté, l’offre s’est sérieusement enrichie et comporte désormais plus de films sortis en salle, plus d’œuvres récentes et plus d’œuvres françaises.
Un important renouvellement de l’offre malgré une progression lente du nombre de films disponibles
Évolution du nombre de films disponibles en SVOD en Fnce entre juillet 2014 et juin 2015
Source : Baromètre de l’offre SVOD NPA Conseil
L’offre de cinéma a augmenté de 16,2% entre juillet 2014 et juin 2015 soit 500 films supplémentaires[2]. Le nombre de films disponibles en SVOD a beaucoup fluctué au cours de l’année écoulée et a atteint son niveau maximal en décembre 2015. Cette progression du catalogue de films disponibles, bien que conséquente, peut paraître faible alors même qu’un acteur majeur est arrivé sur le marché avec un catalogue conséquent.
Surtout, la progression du cinéma en SVOD est bien plus faible que celle d’autres types de programmes comme la série ou la jeunesse. Sur la même période, entre juillet 2014 et juin 2015, le nombre d’épisodes de séries accessibles en SVOD en France a augmenté de 43% tandis que le nombre d’épisodes de programmes jeunesse a progressé de 61%. La croissance des tailles de catalogue des services de SVOD s’effectue donc grâce à d’autres types de contenus que le cinéma.
Pourtant, cette progression plus faible ne doit pas masquer un renouvellement important de l’offre. Entre juillet 2014 et juin 2015, NPA Conseil a constaté en moyenne un ajout mensuel de 399 films et à l’inverse la sortie en moyenne de 356 films. L’offre de cinéma évolue donc et sa progression est plus qualitative que quantitative.
Une part plus importante d’œuvres cinématographiques récentes
Répartition du catalogue SVOD entre Direct-to -Video et Œuvres sorties en salle au 30 juin 2015
Source : Baromètre de l’offre SVOD NPA Conseil
Une des principales évolutions de l’offre SVOD a été une augmentation de la part d’œuvres cinématographiques sorties en salle au détriment de la part de films direct-to-video (DTV). En effet, entre juillet 2014 et juin 2015, si le nombre de films DTV a légèrement augmenté (+13%), le nombre d’œuvres cinématographiques sorties en salle a progressé plus fortement (+25%). Au point que les œuvres cinématographiques représentent désormais plus des deux tiers des titres accessibles en SVOD en France.
En outre, les services de SVOD ont au cours de l’année écoulée proposé une part d’œuvres cinématographiques récentes ou relativement récentes plus importante (dans la limite évidemment du délai légal de 3 ans après la sortie en salle). En effet, désormais les deux tiers des films disponibles sur les plateformes de SVOD sont sortis en salle en 1995 ou après. Les films de moins de 10 ans représentent même un tiers des œuvres accessibles. Cette évolution s’est effectuée au détriment des œuvres de plus de 30 ans dont la part a diminué de plus de 10 points en l’espace d’un an. Si la SVOD en France ne propose encore qu’une part réduite de films très récents (10% de films de moins de 5 ans), l’âge moyen des œuvres tend à diminuer.
Évolution de la composition de l’offre en SVOD en fonction de l’âge des œuvres cinématographique
Source : Baromètre de l’offre SVOD NPA Conseil
Un enrichissement des catalogues grâce à plus de films français
Une autre évolution notable de la structure des catalogues réside dans l’augmentation de la part de films français. Depuis avril 2015, l’offre d’œuvres cinématographiques en SVOD compte plus d’œuvres cinématographiques sorties en salle de nationalité françaises que d’œuvres américaines[3]. Entre juillet 2014 et juin 2015, le nombre d’œuvres françaises a augmenté de 52% tandis que le nombre d’œuvres étrangères a seulement progressé de 5%. La progression du volume des catalogues s’est donc effectuée en grande partie par l’enrichissement de l’offre de films français. Au total, les œuvres cinématographiques françaises représentaient 44% des œuvres cinématographiques accessibles en SVOD en France au 30 juin 2015.
Évolution de la composition de l’offre d’œuvres cinématographiques en SVOD en fonction de la nationalité
Source : Baromètre de l’offre SVOD NPA Conseil
Enfin, l’année écoulée a été caractérisée par l’augmentation de la part des films ayant enregistré des succès modérés en salle. En effet, la part des films disponibles ayant généré moins de 100 000 entrées en salle est passé de 23% à 28% en un an. Les films de moins de 500 000 entrées en salle représentent désormais plus de la moitié des œuvres disponibles. Cette évolution s’est effectuée au détriment de la proportion des grands succès populaires dans les catalogues. Les films ayant enregistré un million d’entrées ou plus représentent désormais moins d’un tiers de l’offre de films disponibles. Cette évolution est corolaire à l’augmentation du nombre d’œuvres françaises puisque les films français représentaient près de la moitié des films ayant enregistré moins de 100 000 entrées en salle.
Évolution de la composition de l’offre d’œuvres cinématographiques en SVOD en fonction de leur nombre d’entrées en salle
Source : Baromètre de l’offre SVOD NPA Conseil
Cette évolution de la structure des catalogues peut constituer une opportunité pour les distributeurs et ayant droits français en offrant de nouveaux débouchés pour les films qui ont généré un succès en salle et en vidéo modéré ou faible. Il existe également des trous importants dans les catalogues existants pour les films de patrimoine les plus anciens. La SVOD n’est pas un mode d’exploitation réservé aux blockbusters nord-américains et les services existants ou à venir peuvent se différencier en se positionnant sur certaines catégories aujourd’hui peu visibles.
______________________________
Le Baromètre de l’offre SVOD de NPA Conseil propose chaque mois un relevé exhaustif des catalogues des offres de vidéo à la demande par abonnement disponibles en France. Les services étudiés sont : Canalplay, Club Vidéo SFR, Filmo TV, Netflix, Pass M6, TFou Max et Vidéo Futur. Ce relevé collecte les titres de cinéma mais également l’ensemble des séries télévisées, des programmes jeunesse et des autres types de contenus (documentaire, musique, spectacle…). Les données ainsi collectées sont ensuite qualifiées à partir d’informations qualitatives comme l’année de production, la nationalité ou encore l’éditeur vidéo.
______________________________
[1] Cf. méthodologie et périmètre du baromètre en encadré
[2] Le chiffre de 3 412 films représente le nombre total de films accessibles sur les plateformes de vidéo à la demande par abonnement ce qui n’exclut pas les occurrences multiples pour les films disponibles sur plusieurs plateformes. En juin 2015, il y avait 2 806 titres uniques accessibles en SVOD soit 82% du nombre total de titres accessibles.
[3] Ce chiffre tient compte exclusivement des œuvres sorties en salle en France. Sur l’ensemble des titres, les films de nationalité américaine sont plus nombreux étant donné que les films DTV disponibles sont en grande partie américains.