Le CNC vient de publier les résultats du marché vidéo physique pour les neuf premiers mois de l’année[1]. Sans surprise, l’effondrement des ventes de DVD et de Blu-ray se confirme. Dans le même temps, le numérique semble connaître un nouvel élan, soutenu par l’EST et la SVOD. Une dynamique qui, si elle se confirmait sur la fin d’année, pourrait maintenir l’ensemble du marché vidéo au-dessus du milliard d’euros de recettes.
Sur le cumul des trois premiers trimestres 2015, les ventes de disques physiques ont atteint 430 millions d’euros. Un chiffre d’affaires en net repli (-16,6%), avec une perte sèche de près de 86 M€ sur la période. Si les trois derniers mois restent historiquement les plus forts de l’année (plus d’un tiers des recettes), rien ne semble pouvoir endiguer la chute continue des formats DVD (-16,1%) et Blu-ray (-18,4%). Dans le prolongement des neuf premiers mois, l’atterrissage 2015 devrait ainsi se situer autour de 680 M€, soit un recul de l’ordre de 15% par rapport 2014. Une nouvelle année difficile qui n’est pas sans conséquence pour l’industrie vidéo, tant côté éditeurs que distributeurs, avec d’importants mouvements de restructuration en cours et à venir en termes d’organisation et d’activité.
Ce changement de paysage sur fond de crise du physique devrait toutefois pouvoir compter sur le regain de forme du numérique, longtemps attendu comme le relais de croissance du secteur. Sur la première partie de l’année, les chiffres du CNC font état de recettes numériques en hausse de 7% à 130 M€. Si le modèle locatif à l’unité (VOD) reste stable d’une année sur l’autre (+1%), ceux de l’achat définitif (EST) et des offres par abonnement illimité (SVOD) semblent enfin prendre leur essor (respectivement +15% et +30% au premier semestre 2015) et tirer l’ensemble de l’univers dématérialisé vers le haut. Des performances qui, si elles se poursuivaient sur la deuxième partie de l’année, pourraient permettre de maintenir le marché vidéo au-dessus de la barre du milliard d’euros de chiffre d’affaires. Un cap symbolique en-dessous duquel il n’est jamais descendu au cours de ces quinze dernières années. Avec un triplement des revenus SVOD par rapport à 2014 (passant de 30 à près de 100 M€) et l’ajout d’une dizaine de millions d’euros supplémentaires aux recettes générées par l’activité EST (50 M€ sur l’ensemble de l’année 2015), l’apport total du marché numérique pourrait s’élever à 330 M€. Le chiffre d’affaires cumulé des univers physique et dématérialisé se situerait alors aux alentours de 1,010 milliard d’euros (contre 1,047 Mrds € en 2014). Le digital pourrait alors compter pour un tiers des revenus vidéo, contre 24% un an auparavant. Une mutation du marché vidéo français longue à se dessiner mais qui semble enfin se matérialiser dans les chiffres, apportant avec elle son lot d’opportunités pour l’ensemble de l’industrie.
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[1] CNC : Baromètre CNC-GfK de la vidéo physique – 9 premiers mois 2015