C’est à la dernière minute que Liverpool aura marqué le but de la victoire face au PSG ; c’est à la dernière heure, ou presque, que SFR et Canal+ auront annoncé l’accord permettant aux abonnés satellite du premier d’accéder à RMC Sport, et avec elle à la diffusion de la Ligue des Champions.
Mais si le succès des Anglais a pu surprendre, le deal signé ce mardi apparaissait lui nettement plus prévisible : dans l’hypothèse maximaliste où 100% des quelques 6 millions d’abonnés fixe à SFR s’abonnerait à RMC Sport – au tarif de 9€/mois TTC (8€ environ HT) – et où tous conserverait leur abonnement pendant l’ensemble de l’année (y compris pendant la très estivale), le chiffre d’affaires serait de 570/580M€, et ne suffirait donc pas à couvrir « le coût de grille de 600 millions d’euros » qu’évoquait le directeur général d’Altice Europe Alain Weill dans Le Monde de ce mardi 18 septembre. Plus que le principe d’accords de distribution avec les distributeurs tiers, l’interrogation était donc plutôt sur le nom des premiers partenaires, le timing de ces signatures et les conditions financières de ces dernières.
Les deux premières questions ont maintenant leur réponse, et le chiffre de 100 à 120M€ de minimum garanti évoqué par Le Figaro sur la troisième ne sera probablement pas confirmé officiellement. A défaut d’évaluation plus fine sur les « plusieurs centaines de milliers d’abonnés » à RMC Sport, évoqué dès le 14 septembre par Alain Weill dans L’Equipe, le patron de SFR aura en tout cas pu mettre en avant la curiosité croissante du public pour ses chaînes. Le nombre de recherches Google relatives à RMC Sport a plus que triplé entre avril et août. L’accélération a été plus nette encore ce mardi 18 pour atteindre son pic à 20 h 56… Quatre minutes avant le début de l’Affiche de la soirée, contribuant sans doute à expliquer les sérieux problèmes techniques rencontrés pendant le match.
Paradoxalement, SFR pourrait tirer parti de ces difficultés du streaming OTT à supporter les pics de charge pour tenter de convaincre les passionnés de football de faire migrer leur abonnement vers ses offres de fixe, en leur faisant valoir la garantie de qualité des réseaux managés et un tarif deux fois inférieur pour RMC Sport. Nul doute, dans tous les cas, que SFR , comme Bouygues Télécom, Free, et Orange auront ce mercredi les yeux rivés sur le volume d’appels à leurs standard respectifs, et que celui-ci ne sera pas sans effet sur le déroulement de la 2e manche de négociations pour la reprise de RMC Sport (le contrat passé avec Canal+ ne portant que sur les abonnés satellite, les clients de Canal+ via un FAI n’ont pas aujourd’hui accès aux chaînes).
Il leur reste deux semaines pour aboutir avant la prochaine journée de Ligue des Champions…
« One last word ». C’est par ces mots que Steve Jobs, la figure emblématique de l’un des non moins emblématiques GAFA, avait coutume de conclure ses keynotes, avant d’en venir à ses annonces les plus fracassantes.
Moins innovant, mais tout aussi fracassant, le match Liverpool PSG aura vu une nouvelle mobilisation de « l’industrie du piratage », et avec elle quelques « points d’étonnement » :
- Sur l’impunité totale et déjà soulignée dont semblent jouir les utilisateurs de Twitch pour diffuser des streams Twitch est filiale du retailer Amazon (l’autre A de GAFA dont la valorisation en bourse a, elle aussi, dépassé les 1000 Mds$) et, dans la distribution la chasse à la « démarque inconnue » fait généralement figure d’obsession.
- Sur les protections juridiques – espérons-le – très théoriques, dont cherchent à s’entourer certains sites pirates au moyen de disclaimers qui se traduiraient dans une cours de récréation par « c’est pas moi c’est lui ».
- Sur le fait de trouver une université américaine parmi les hébergeurs – à son corps défendant ? – de sites pirates.
Pour prolonger la réflexion : le 11 octobre, NPA Conseil et Le Figaro se réjouissent d’accueillir parmi les intervenants de leur 28e Journée de débats Nicolas Guérin (Orange), Denis Rapone (Hadopi), Maxime Saada (Canal+), Alain Weill (SFR / Altice).