Les médias français sont-ils sur le point de gagner la guerre contre les fake news ? C’est au moins la question, que soulève la lecture du Figaro ce mercredi 6 février. Le quotidien y annonce la mise en place d’un « identifiant unique » permettant d’être reconnu automatiquement sur 80 sites majeurs, édités par les groupes Le Figaro, Altice, L’Équipe, M6-RTL, Lagardère Active, Czech Media Invest France, 20 Minutes, Les Echos-Le Parisien, Le Point et Radio France.
Portée par le GESTE depuis plus de 18 mois, l’initiative représente d’abord un gain de simplicité pour l’internaute : il n’aura plus à multiplier les mots de passe et pourra, sans avoir systématiquement à s’identifier, à retrouver ses préférences et autres éléments de personnalisation sur chacun des sites participants.
Sans aller jusqu’à la mise en commun du profil et des data de navigation de l’internaute (seule son adresse e-mail sera partagée), les éditeurs en attendent aussi une plus grande efficacité dans la monétisation de leur audience. « Le mot de passe commun permettra d’entrer dans un espace où les médias pourront utiliser les données pour offrir des publicités et des services personnalisés », indique Bertrand Gié, directeur délégué du pôle news du Figaro.
Mais au-delà, la mise en place de cet identifiant unique pourrait bien constituer un premier pas vers la mise en place de la « certification des rédactions » que Franck Riester appelait de ses vœux le 24 janvier, sur France Info, « pour faire en sorte de préciser que oui là, on a affaire à de l’information et que là, non, on n’a pas affaire à de l’information » : les 80 premiers participant au projet du GESTE s’inscrivent tous dans une offre dite « de qualité » et pourraient tous prétendre à une telle certification. Il en va de même des « groupes de presse magazine et de presse régionale, ainsi que le groupe TF1, (qui) ont (déjà) fait part de leur intérêt » pour les rejoindre.
Sous réserve que la cooptation des candidats suivants conserve le même niveau d’exigence, et que l’ensemble des sites participants revendiquent clairement ce double objectif de simplicité dans la navigation et de qualité des contenus (via un logo ou autre signe distinctif), l’initiative pourrait rendre sans objet l’idée de « conseil de la presse » également évoquée sur France Info par le ministre de la Culture.
Quant au « coup d’après », il pourrait voir une convergence entre la mise en place de l’identifiant commun et l’initiative de labellisation « des sites qui s’engagent dans des pratiques publicitaires responsable » Digital Ad Trust, puisque tous les acteurs de la première sont aussi partie à la seconde.
Le mois de janvier s’est achevé, et avec lui la période des vœux et des bonnes attentions. Peut-être faut-il alors parler d’espoir, autour de ce « cercle de la confiance » intégrant éditeurs, lecteurs et annonceurs.