L’eSIM est proposée depuis le début du mois de juin aux clients Orange et Sosh pour les iPhone XS, XS Max et XR. Le déploiement est pour l’instant limité aux clients actuels dans le cadre d’un renouvellement de leurs puces.
Un risque de désintermédiation de l’opérateur
Le standard de la GSMA eSIM, pour embedded SIM, a été lancé en 2016. Construite comme une carte SIM vierge intégrée à l’intérieur d’un terminal de manière inamovible, l’eSIM remplit toutes les fonctions d’une puce traditionnelle : elle stocke les informations d’authentification et d’accès au réseau de l’opérateur et de l’abonné. Téléchargées grâce au fournisseur d’accès, ces informations sont facilement interchangeables avec celles d’un autre opérateur, une flexibilité nouvelle par rapport aux contraintes que pouvait imposer le support physique d’une carte SIM traditionnelle.
Si elle libère le consommateur de l’attente de la puce, et des contraintes liées à son renouvellement ou à son changement, l’eSIM prive en revanche l’opérateur d’un des liens physiques majeurs qu’il avait avec le client final. Elle renverse la position d’intermédiaire entre le fournisseur d’accès, et le constructeur du mobile. Traditionnellement, c’est le fournisseur d’accès qui s’insère entre le constructeur et le client, proposant une gamme de forfait adaptée à l’usage qui sera fait du terminal. Une position qui permet également aux opérateurs de diversifier leur offre en couplant au besoin téléphonie mobile et téléphonie fixe, haut et très haut débit, ainsi que les contenus. Avec la carte SIM intégrée, le fournisseur d’accès perd cette place privilégiée, et voit son rôle se restreindre au seul acheminement du réseau.
L’eSim a séduit dès le départ plusieurs fabricants de téléphones et d’objets connectés. Samsung avec la smartwatch Gear 2, Google et son Pixel 2 ont été les pionniers dans l’intégration de cette innovation. Avec l’Apple SIM construite dans l’iPad Pro, le constructeur américain avait déjà mis un pied dans l’univers de la carte SIM intégrée, mais il a attendu la troisième version de l’iWatch, sortie fin 2017, pour renouveler l’expérience. L’eSIM reste encore confidentielle aujourd’hui, mais elle est appelée à se développer. Les objets connectés, les prochaines générations de smartphones délaisseront les trappes de carte SIM pour les remplacer par des puces vierges intégrées dans leurs circuits. Au risque de se priver de la compatibilité avec les derniers appareils, les opérateurs intègrent progressivement cette solution à leurs offres.
Les premières eSIM pour smartphones en France
Avec le lancement de montres connectées qui intègrent une eSIM comme l’iWatch et la Gear de Samsung, les opérateurs ont pu anticiper l’arrivée de cette technologie et développer des forfaits proposant des cartes SIM virtuelles en complément de l’abonnement mobile. Mais les eSIM destinées aux smartphones étaient, jusqu’à la fin de l’année 2018, incompatibles avec les offres des FAI.
L’arrivée sur le marché des iPhones XS, XS Max et XR, compatible à la fois eSIM et SIM, a poussé les opérateurs à se mettre à niveau. Aux États-Unis, trois opérateurs proposent des abonnements compatibles eSIM pour smartphones : AT&T, Verizon et T-Mobile. Les deux premiers n’offrent que des abonnements prépayés à partir de 40 dollars (3Go de data, SMS et appels locaux illimités), tandis que les plans du troisième débutent à 30 dollars en postpaid pour 2Go et appels/SMS illimités.
En Europe, certains opérateurs commencent également à rendre disponibles des cartes eSIM pour smartphones. Parmi eux, Vodaphone, T-Mobile, Movistar, Deutsche Telekom, et dernièrement, le Français Orange.
Déjà engagé sur la voie de l’eSIM avec les montres connectées, Orange propose depuis le 3 juin dernier l’option eSIM pour les iPhones XS, XS Max et XR à ses clients. Ce sont pour l’instant les seuls smartphones concernés par cette option. Le groupe travaille cependant à rendre disponible l’eSIM pour l’intégralité de ses clients, notamment pour les détenteurs et futurs acheteurs de Google Pixel 3 et 4, et de Samsung Galaxy 10.
Pour 10€ de frais d’activation, il est proposé aux clients Orange et Sosh qui le souhaitent un renouvellement de leur carte SIM sur la carte eSIM de leur téléphone. Le renouvellement est gratuit pour basculer d’une carte eSIM vers une autre sur un autre terminal. L’opérateur propose également pour 5€/mois une option multi-SIM Appels et Internet eSIM, qui permet de bénéficier d’un même abonnement sur plusieurs appareils connectés. Pour l’option Multi-SIM, les frais d’activation de 10€ s’appliquent aussi.
SFR semble s’intéresser aux cartes eSIM, en témoigne le déploiement d’ici la fin du mois de juin de l’Apple Watch, et la mise à disposition pour les clients SFR d’une option eSIM pour la montre connectée. De son côté, Bouygues Télécom a fait savoir qu’il travaillait activement pour rendre ce service disponible. Seul Free semble encore réticent.