Nous sommes le 24 mai 2011. Installée dans un jardin des Tuileries baigné de soleil, la tente présente un parterre impressionnant : l’ensemble des dirigeants de la planète tech, rassemblés grâce aux efforts conjugués du gouvernement français et du patron de Publicis Maurice Lévy, qui écoute le discours de Nicolas Sarkozy en ouverture du Forum eG8.
Le Président de la République balance alors entre mises en garde et appel au dialogue : « Ne laissez pas la technologie que vous avez forgée porter atteinte au droit élémentaire des enfants à vivre protégés des turpitudes de certains adultes. Ne laissez pas la révolution que vous avez lancée véhiculer le mal, sans entrave ni retenue. Ne la laissez pas devenir un instrument aux mains de ceux qui veulent porter atteinte à notre sécurité (…). N’oubliez pas que c’est dans l’engagement de vos entreprises à contribuer équitablement aux écosystèmes nationaux, que sera appréciée la sincérité de votre promesse. (…) Les États souhaitent engager avec vous un dialogue pour qu’une voie équilibrée puisse un jour être trouvée entre vos intérêts, ceux des internautes (…) et ceux enfin des citoyens et des contribuables de chaque Nation qui ont aussi des droits ».
Et puis ?… Rien, ou presque, sur le terrain de la co-construction en tout cas. Les années ont passé, le premier eG8 est resté sans lendemain. C’est finalement la voie législative qu’ont choisie la plupart des Etats-Membres (exigences accrues à l’égard des plateformes dans la lutte contre les Fake News ou les propos haineux, projets multiples de taxes numériques, durcissement de la réglementation sur les données privées…), et l’univers numérique est entré dans une presque décennie de GAFA(N) phobie… au risque de mélanger des entreprises dont les métiers et les logiques économiques ont, au final, peu en commun.