Le sapeur Camember a trouvé son maître ! On se rappelle que le personnage créé par un précurseur de la bande dessinée creusait un trou pour reboucher celui d’à côté. D’un côté, Bruno le Maire laisse le trou budgétaire se creuser, au nom du soutien à l’économie pendant la crise sanitaire (« le gouvernement français prêt à franchir les 100 % de dette publique », titrait Le Monde dès le 12 mars, citant l’entourage du ministre de l’Economie) ; de l’autre, le Maire Bruno multiplie les déclarations à l’emporte-pièce qui ont toutes les chances d’amplifier le trou d’air – économique celui-là –, de ralentir le démarrage… donc d’amplifier encore le déficit de l’Etat, de placer ce dernier dans l’obligation de lever davantage d’impôt et au final de retarder encore le retour à la croissance.
« Cette crise, qui touche l’économie mondiale et l’économie réelle, n’est comparable […] qu’à la crise de 1929 », professait dès le 24 mars le ministre de l’Economie. Sans même rappeler la façon dont cette dernière a préparé la seconde guerre mondiale, on peut se limiter à mentionner ce qu’en écrit Wikipedia : « Le krach de 1929 (…) marque le début de (…) la plus grande crise économique du XXe siècle ».
Et comme si nous n’avions pas tous déjà compris : « Le chiffre de croissance le plus mauvais qui ait été fait par la France depuis 1945, c’est en 2009 après la grande crise financière de 2008 : -2,2 %. Nous serons vraisemblablement très au-delà des -2,2 % », réitérait-il ce lundi 6 avril.
Le ministre de l’Economie auprès duquel j’ai travaillé se plaignait d’être le porte-parole obligé des bonnes nouvelles, et de devoir toujours chausser ses lunettes roses ; celui d’aujourd’hui préfère manifestement la posture de Cassandre et les lunettes (très) noires.
« Les anticipations jouent un rôle essentiel dans la réalisation des ajustements macroéconomiques et dans la détermination de l’efficacité de la politique économique ». La phrase figure en première position dans l’article consacré par l’encyclopédie Universalis aux « anticipations ».
Ou, de façon plus prosaïque : quand on pense que les choses vont aller mal, on prend ses précautions : on épargne plutôt que de consommer, côté Ménages ; On décale les investissements et on évite de se lancer à l’assaut des marchés étrangers, s’agissant des entreprises. En bref, la morosité aggrave la crise.
Et quand le message vient en plus du « Ministre des bonnes nouvelles »…
Bruno le Maire espère, sans doute, que l’Histoire le créditera d’avoir « parlé vrai » ; elle se souviendra je pense qu’il aura été un amplificateur de la crise. Il n’en sortira pas grandi, à un moment, de surcroit, dans lequel les informations sur le calendrier comme sur les modalités du déconfinement ou la réaction des Ménages lors de leur sortie, rendent toute prévision largement inopérante.
On ne peut que davantage en saluer l’initiative d’Aurore Bergé, avec sa proposition de « crédit d’impôts » pour les marques qui maintiennent leur investissement publicitaire dans les médias.
Pas de coût (si ce n’est d’opportunité) pour l’Etat et une certitude, au moins, celle de disposer à travers de la Loi de Finances d’un véhicule législatif, là où l’horizon de discussion de la réforme audiovisuelle est aujourd’hui non déterminé.
Moyen de mettre en place une solidarité active entre les différents acteurs de la chaîne des médias.
Simplicité du dispositif, qui évite aux médias de s’entre déchirer pour savoir qui en aura la meilleure part, et qui a un horizon certain – celui de la loi de Finances – quel que soit le report de la discussion – indispensable par ailleurs du projet de loi audiovisuel.
Remède idéal à la crise ? Certainement pas.
Moyen d’aider à en amortir l’impact, sûrement.
PS : Bonjour,
Le lancement de Disney+ était attendu.
Le service aura été plus qu’au rendez-vous : il s’est classé dès sa première journée second en terme de plateforme SVoD la plus consommée, et 25 de ses programmes étaient déjà présents hier dans le Top100 de titres le plus consommés.
L’INSIGHTNPA qui sera publié ce jeudi 9 au matin rendra largement compte de ce lancement.
Au-delà, NPA Conseil profite de l’évènement pour lancer un nouveau format, le Debrief NPA : la possibilité d’échanger chaque semaine pendant une heure avec les analystes du cabinet sur les principaux sujets que nous aurons traités dans notre note de veille.
Pour cette première, nous aurions souhaité être ouverts à tous, mais sommes également confrontés à certaines contraintes logistiques, qui nous obligent à limiter à 100 le nombre des participants.
Si vous souhaitez y participer, nous vous invitons à vous inscrire ici.
Nous vous enverrons alors l’URL et le mot de passe vous permettant de vous connecter si nous sommes en capacité de vous accueillir.
Au cas où cela ne nous serait pas possible, nous tenterons d’organiser une nouvelle session au cours des tout prochains jours, pour laquelle vous serez bien évidemment prioritaire.
Nous vous souhaitons une bonne journée.