Les termes sont connus : la législation en vigueur n’autorise pas un même groupe à détenir plus de sept chaînes de la TNT nationale ; TF1 et M6, qui en cumulent dix aujourd’hui, devront a minima renoncer la diffusion hertzienne de trois d’entre elles pour rendre leur fusion envisageable. Si le renoncement de Paris Première à sa licence de TNT payante apparait comme plus que probable, il ne résout qu’un tiers de l’équation. Restent TF1 Séries Film, TFX, Gulli et 6Ter, retenues comme candidats potentiels à la cession (Le Figaro indiquait début janvier que TF1 et M6 auraient respectivement mandaté les banques Rothschild et Lazard pour leur trouver de possibles acquéreurs). Il n’est de semaine sans qu’un nouvel article avance des fourchettes de prix et une liste d’acquéreurs potentiels, sans pouvoir toujours distinguer ce qui relève de l’information et du poker menteur. Dans l’hypothèse où les offres ne satisferaient pas TF1 et M6, il reste le scénario dans lequel les chaînes seraient retirées de la vente et suivraient la même voie que celle qui semble promise à Paris Première : un simple renoncement à la TNT.
Cela ne vaudrait pas forcément fin de leur diffusion.
Rentables toutes les quatre – y compris en 2020 – elles pourraient être simplement transformées en chaînes IPTV / OTT, renforçant ainsi le pôle de chaînes thématiques du nouvel ensemble (Canal J, M6 Music, MCM, Paris Première, Teva et Tiji, venues de M6, Histoire, TV Breizh et Ushuaia TV, apportées par TF1, et Série Club, historiquement détenues par les deux groupes).
Dès lors qu’elles seraient probablement moins puissantes, l’opération nécessiterait sans doute de reprofiler leur modèle économique. Mais les économies réalisées (disparition des coûts de diffusion en hertzien, et économies sur les coûts d’achat des programmes) limiteraient l’effort à réaliser. La présence de ces chaînes (trois d’entre elles, en tout cas, en comptant Paris Première) dans les offres payantes du nouveau groupe TF1/M6 (myTF1, Salto…) contribuerait enfin à leur attractivité, donc au développement de leur base d’abonnés.
Et d’autres acteurs pourraient voir ce scénario d’un œil favorable, à commencer par les autres éditeurs de la TNT (France Télévisions, NRJ, Altice). La « sortie » de la TNT de deux chaînes en clair leur serait forcément profitable en termes de parts d’audience, de réduction de l’inventaire TV commercialisable, et donc de défense de la valeur du GRP.
Quant à l’Arcom, cela faciliterait doublement le passage à la TNT Ultra Haute Définition que lui prescrit d’organiser l’article 12 de la loi Bachelot d’octobre 2021 : en réduisant le nombre de chaînes dont il faudrait gérer la migration, d’une part ; en donnant davantage de facilité à conduire techniquement l’opération grâce à la ressource de diffusion restituée, de l’autre.
En janvier, Le Figaro indiquait que l’opération de cession des chaînes devait être bouclée début avril…Mais l’hypothèse qu’elle soit abandonnée n’est surement pas à écarter.