Un train peut en cacher un autre. Un mouvement inquiétant aussi. D’un côté, Elon Musk « célèbre » son arrivée à la tête de Twitter en multipliant les railleries vis-à-vis de ceux qui sont aujourd’hui chargés de la modération pour le compte du réseau ; de l’autre, Truth Social, le réseau lancé par Donald Trump, figure ce jeudi 28 avril au 1er rang des applications les plus téléchargés sur l’Appstore d’Apple depuis le territoire américain.
Pour justifier des 44 milliards de dollars qu’il s’apprête à investir dans le rachat de Twitter, l’inventeur de la Tesla met en avant sa volonté d’améliorer l’ergonomie du réseau social, et d’en faire « une arène ouverte pour la liberté d’expression ». Une notion autour de laquelle il développe une vision très personnelle, qu’illustre Le Monde dans un article publié le 26 avril. L’ancien président des Etats-Unis ne s’embarrasse pas de ces nuances, et ne dissimule pas l’objectif unique assigné à Truth Social : contribuer à le ramener à la Maison Blanche.
Elon Musk et Donald Trump partagent, au-delà, l’espoir d’avoir mis la main sur la même martingale : privilégier la force des algorithmes et leur capacité à viraliser les contributions – choisies – d’anonymes pour peser sur l’opinion, plutôt que de parier sur un média traditionnel et devoir composer avec des journalistes vis-à-vis desquels ils partagent une même détestation.
Les responsables politiques européens ne s’y sont pas trompés. A peine avait-il eu le temps de fêter l’accord intervenu entre Etats-membres, Commission et Parlement autour du DSA que Thierry Breton a prévenu : « quel que soit son nouvel actionnariat, Twitter devra désormais s’adapter totalement aux règles européennes. Sur le harcèlement en ligne, comme sur la vente de produits contrefaits, la pédopornographie ou les appels à des actes terroristes, le réseau devra s’adapter à notre réglementation européenne qui n’existe pas aux Etats-Unis ».
La parole est forte. Mais on est tenté de paraphraser Staline : l’Europe, combien de divisions ?, quand on apprend que les effectifs prévus pour assurer la bonne application du DSA ne sont que de… cent cinquante personnes.
Et le doute grandit, s’agissant du seul Hexagone cette fois, à relire les 32 propositions du rapport Assouline pour garantir l’indépendance des médias, qui ne traduisent même aucune volonté politique au niveau français.
« Le rachat de Twitter par Elon Musk : une très bonne nouvelle pour la liberté d’expression ! Stop censure, on suffoque ! Vive la liberté ! », a réagi sur Twitter le président des Patriotes Florian Philippot.
Oui, décidément, une inquiétude peut en cacher une autre