Ce mercredi 11 janvier, TF1 a annoncé un accord – semble-t-il – sans précédent par lequel la diffusion de la Coupe du Monde de rugby 2023 sera partagée en France entre trois diffuseurs en clair (TF1, France Télévisions et M6).
Dans les prévisions qu’il vient de mettre à jour au niveau Mondial, le groupe Dentsu évalue à 75 millions d’euros les dépenses de publicité que les marques réaliseront pour l’occasion. Et il prévoit que les J.O. de Paris 2024 permettront à la France de connaître – de très loin – la croissance la plus forte au cours de l’exercice : +6%, contre +3,1% pour la moyenne des pays d’Europe de l’Ouest.
Ces deux observations résument l’interdépendance croissante que vivent sport et média (le premier se nourrit, pour une large part des droits de diffusion achetés par les seconds ; le second empoche les recettes de publicité découlant des recettes générées par les compétitions).
Tout ne va pourtant pas dans le meilleur des mondes, et l’accord tripartite passé entre les trois leaders de la TNT en est un signal.
Sur le niveau atteint par les droits de diffusion, d’abord.
Du point de vue de ces derniers, la situation du rugby se trouve dans une position intermédiaire. Sans comparaison avec celle de nombreuses disciplines Olympiques qui peinent à s’assurer un minimum d’exposition et sont prêtes, pour cela, à prendre en charge les couts de production ; mais à mille lieux des records atteints par le football.
Que trois piliers de l’audiovisuel français doivent unir leurs efforts pour assurer la transmission la compétition phare d’un sport ancré dans l’ADN national, dans laquelle l’équipe tricolore est en plein renouveau, et dont l’impact sera maximisé par le déroulement sur le sol national, pousse à s’interroger sur les limites du « toujours plus » sur le niveau des droits. Et sur les conséquences qui en découleraient pour les différentes épreuves dans le cas où les diffuseurs jetteraient l’éponge.
La question s’impose d’autant plus que la charge (coûts de production mais surtout montants à verser aux organisateurs) sont exclusivement pris en charge par les groupes audiovisuels, alors que les recettes de publicité générée par l’événement vont à l’ensemble des médias et que les supports digitaux, notamment, en captent probablement une part substantielle.
Lorsque le championnat du monde de Formule 1 avait tenté d’organiser la vente de droits de diffusion exclusifs en radio, l’initiative avait sollicité un tollé, au nom du droit à l’information.
Au vu de l’évolution du contexte concurrentiel, le sujet mérite probablement d’être réexaminé. Quitte à ce que la commercialisation de ces droits soit confié au diffuser TV, de façon à ce qu’ils viennent en en déduction de ce qu’il a payé pour s’assurer la présence de la compétition sur ses antennes et pas comme un nouvel élément d’augmentation de l’enveloppe globale.