Alors que TF1 et France 2 lancent cette semaine leurs rubriques de fact-checking au sein de leur JT, d’autres n’ont pas attendu le mouvement des Gilets Jaunes pour proposer ce type de contenus.
Fake news est un terme à la mode. Alors inconnu de notre vocabulaire il y a quelques années, il est devenu un terme courant et omniprésent sur les réseaux sociaux. Ainsi le terme « fake news » n’était absolument pas recherché sur Google France avant 2016, avant qu’il ne devienne « viral » à partir des élections présidentielles américaines de cette même année. Le terme connaît de nouveau un très fort intérêt à partir de 2018 avec l’annonce du projet de loi anti fake-news ainsi que par la prise d’ampleur du mouvement des Gilets Jaunes.
Evolution de l’intérêt pour le terme de recherche « fake news » sur Google
Source : NPA Conseil sur données Google Trends
Déjà utilisée lors des deux dernières campagnes présidentielles et généralisée par la suite à l’ensemble de la vie politique, la pratique du fact-checking est de plus en plus courante auprès des organes de presse français privés comme par exemple Le Monde avec Les Décodeurs, Libération et son service Checknews ou Factuel développé par l’AFP. Ceux-ci respectent tous la même méthodologie : décortiquer les fake news les plus virales, particulièrement sur les réseaux sociaux, pour démontrer leur inexactitude. Au-delà de leurs sites Internet respectifs, ces analyses sont partagées sur les réseaux sociaux via leurs comptes officiels. Ainsi, Les Décodeurs disposent du plus grand nombre d’abonnés que ce soit sur Facebook ou Twitter, mais c’est Factuel qui de loin suscite le plus d’interactions[1] à chacune de ses publications : 276 interactions sur Twitter et 249 sur Facebook pour chaque post en moyenne.
Activité des comptes de fact-checking des organes de presse privés en janvier 2019
Source : NPA Conseil
Le succès de l’offre Factuel développée par l’AFP n’est pas passée inaperçue puisqu’elle prendra vie sous forme de rubrique au sein du journal de 20 heures de TF1 à partir du samedi 9 février, l’objectif étant toujours de démonter le mécanisme d’une fausse information. Cette association entre TF1 et l’AFP rappelle celle qui existe entre Libération et BFMTV puisque depuis septembre 2018 la chaîne d’information propose régulièrement une rubrique dénommée Checknews en partenariat avec Libération, du même nom que le service de fact-checking du journal.
D’autres chaînes de télévision avaient déjà développé ce genre de rubriques, à l’image de M6 qui propose depuis plus d’un an, tous les samedis au sein du 19:45, une revue de presse de 2 minutes qui contre une par une les différentes fake news apparues sur Internet et les réseaux sociaux durant la semaine, toutes consultables en replay sur 6Play.
Quant aux chaînes publiques, une majeure partie d’entres elles proposent désormais une rubrique de vérification des faits et rumeurs, présentée au sein même d’une émission. Ainsi France 2 propose depuis lundi 4 février une rubrique dénommée Faux et usages de faux au sein de son journal de 20 heures, séquence de décryptage bien identifiée visuellement, comparable à ce que réalise déjà le journal et sa rédaction avec L’œil du 20 heures qui démonte les coups de communication des politiques. Le passage en revue des fake news dans l’objectif de les démonter est également pratiquée de façon hebdomadaire dans l’émission C à Vous sur France 5 dans la rubrique Fact checking présentée par Samuel Laurent, journaliste pour Les Décodeurs. La rubrique de 10 minutes décortique les déclarations du personnel politique pour dénouer la vérité du faux à l’aide de données sourcées et archives vidéo. De même sur Arte, le magazine quotidien 28 minutes diffuse la pastille Desintox qui décrypte l’actualité par une vidéo de 2 minutes, et souvent rétablit la vérité sur certains faits. France 24 fait de même par la rubrique Contre-faits qui démonte les rumeurs et fake news concernant l’Union Européenne dans l’émission Ici L’Europe.
Certains font le pari de faire du traitement des fake news une émission à part entière à l’exemple des Observateurs sur France 24 qui vérifie images et vidéos amateurs provenant du monde entier dans une pastille de quelques minutes, indépendante de toute autre émission. Franceinfo de son côté en propose également une du nom de L’instant détox depuis octobre 2017, dont le principe est d’interroger les Français dans la rue pour tester auprès d’eux leurs croyances et idées reçues. La chaîne d’information publique proposera prochainement un nouveau rendez-vous hebdomadaire d’une durée de 30 minutes consacré uniquement aux fake news. Enfin, format original, Escape News (France TV Studio & Spicee) sur France 4 propose aux adolescents de plonger dans la fabrique de l’information à travers un escape game pédagogique. Présenté par Thomas Sotto tous les samedis à 18h, l’émission n’arrive pas à trouver son public puisqu’elle n’attire en moyenne que 88 000 téléspectateurs pour 0,6% de PdA 4+.
[1] Une interaction sur Facebook correspond à un commentaire / un emoji / un like / un partage. Sur Twitter, une interaction correspond à un like ou un retweet.