L’opérateur télécom britannique vient d’acquérir auprès de l’UEFA les droits de diffusion exclusifs de la Champions League et de l’Europa League pour trois saisons moyennant le prix record de 1,18 milliard de Livres Sterling. L’accord qui court de 2018 à 2021, représente une augmentation de 32% par rapport au contrat actuel. Sur le marché britannique, les droits de diffusion de la Ligue des Champions et de l’Europa League passent ainsi de 299 M£ par saison à 394 M£, prouvant que l’inflation galopante des droits sportifs ne montre aucun signe de ralentissement. De fait, avant l’arrivée fracassante de BT Sport sur le marché il y a deux ans, Sky et ITV s’étaient partagés les droits de la Ligue des Champions pour 400 M£ sur trois ans.
Le football est central dans la stratégie de convergence engagée depuis trois ans par le nouveau PDG de BT, Gavin Patterson. La perte de la Ligue des Champions aurait ébranlé l’ensemble de l’édifice. A contrario, l’exclusivité de la plus prestigieuse des compétitions européennes va permettre à BT de rester dans la course face à Sky alors que les deux groupes devraient de nouveau se disputer les droits de la Premier League l’année prochaine. Quelques jours seulement avant l’officialisation de l’accord avec l’UEFA, Patterson avait consacré son intervention lors de la conférence annuelle Enders Analysis à Londres à critiquer l’inflation des droits sportifs, jugés insoutenables. Un moyen sans-doute d’envoyer un signal à Sky pour trouver « un équilibre stable » et une sorte de statu quo sur la diffusion de la Premier League après la bataille acharnée de l’hiver 2015 qui avait débouché sur une augmentation de la valeur des droits de 70% !
De fait, l’inflation des droits commence à devenir problématique pour BT. Certes, le développement dans les contenus a permis de recruter de nouveaux abonnés. Ainsi, depuis l’acquisition des droits de la Ligue des Champions en 2013, le nombre d’abonnés Broadband a augmenté de presque 50% passant de 6,3 à 9,3 millions. Et la progression des abonnés TV a été encore plus impressionnante passant de 700 000 à 1,8 million aujourd’hui. De plus, l’entreprise n’a pas été freinée dans ses développements puisqu’elle a racheté l’opérateur mobile EE et investi massivement dans la fibre. Mais l’enjeu est désormais de savoir si les investissements dans les réseaux pourront être maintenus à l’avenir tout en déboursant autant dans le sport et sans répercuter les coûts sur les consommateurs, au risque de les faire fuir. Les premiers signaux ne sont pas forcément encourageants. D’abord BT n’a pas réussi à convaincre l’Ofcom sur le dossier Openreach, qui gère le réseau haut débit utilisé par BT et ses concurrents. Malgré les promesses de nouveaux investissements pour améliorer le service aux clients et aux entreprises, le régulateur en appelle toujours à la Commission Européenne afin de l’aider à imposer une séparation juridique entre BT et sa division de réseaux. Ensuite, le mécontentement des clients est croissant, l’opérateur n’ayant pas hésité à procéder en ce début d’année à une troisième hausse de ses tarifs internet et téléphonie en seulement 18 mois. Une augmentation de 5% environ qui s’ajoute à un changement radical de politique concernant les chaînes BT Sport, initialement gratuites pour tous les clients mais désormais facturées 3,50 £ par mois.