Profitant du succès planétaire de leurs licences phares, les majors hollywoodiennes ont enregistré un bénéfice cumulé de 6,5 milliards de dollars en 2015. Un total en hausse de 11% en un an dont les principaux bénéficiaires auront été Disney, studio le plus rentable pour la deuxième année consécutive, et NBCUniversal pour qui 2015 restera comme une année record à bien des égards.
Une année faste sur le marché domestique
Pour la première fois de son histoire, le box-office américain a amassé plus de 11 milliards de dollars de recettes sur une année complète (+6% par rapport à 2014). Dans le même temps, le marché de seconde exploitation, celui de la vente de vidéos sous formats physiques et dématérialisés, a connu une légère progression outre-Atlantique (+1% à 18,1 Mds $), porté par le succès des offres SVoD (principalement Netflix et Amazon Prime) et EST (adoption progressive du standard UltraViolet et aménagement d’une fenêtre exclusive 3 mois après la date de sortie en salle des œuvres).
Une situation qui profite une nouvelle fois aux majors hollywoodiennes qui ont confirmé en 2015 leur hégémonie sur le box-office national en concentrant 86,2% des recettes totales à elles six (+ 1,5 point en un an). Disney et NBCUniversal sont les grands gagnants de 2015, avec respectivement quatre (Star Wars : Le Réveil de la Force, Avengers : L’ère d’Ultron, Vice-Versa, Cendrillon) et trois (Jurassic World, Fast & Furious 7, Les Minions) longs-métrages figurant dans le top 10 des plus gros succès en salle. Ces sept films totalisent près de 30% des revenus totaux du box-office nord-américain en 2015 avec à la clé, un nouveau record établi par le dernier opus de la saga Star Wars avec près d’un milliard de dollars de recettes (929 M$) sur le marché domestique.
Avec 2,5 milliards de dollars de recettes au box-office US (x2 en un an), NBCUniversal (maison mère des studios Universal et Focus) se classe au premier rang des studios américains les plus performants en 2015, effaçant au passage le précédent record établi par Time Warner en 2009 avec 2,1 Mds $. Fort du succès de ses principales filiales de production (Lucasfilm, Marvel, Pixar), Disney franchit lui aussi la barre des 2 Mds $ de recettes en salle (+41%). Une performance atteinte avec seulement 15 longs-métrages à l’affiche au cours de l’année passée contre 36 pour le line-up de NBCUniversal. A l’exception de la Paramount, qui vit une période difficile avec des recettes en recul de 35% en un an à 675 M$, les autres studios se maintiennent au-dessus du milliard de dollars. Time Warner (Warner Bros. / New Line) limite son recul à 5% à près de 2 Mds $ grâce au line-up le plus large du marché (44 films exploités au cinéma en 2015, soit 7 de plus qu’en 2014).
Disney, studio le plus rentable à l’échelle internationale
Avec près de 2,5 milliards de dollars de bénéfices (+45% par rapport à 2014), Disney est le studio américain le plus rentable au niveau mondial en 2015. Le studio de Burbank devance très nettement ses concurrents historiques : 1 Md $ d’écart avec le deuxième du classement, Time Warner, et ses 1,4 Md $ de bénéfices en 2015 (+15%). Pour Disney, il s’agit d’une deuxième année consécutive en haut du classement des studios les plus rentables. Comme en 2014 où il avait pu compter sur le succès des productions Marvel (Les Gardiens de la Galaxie, Captain America) et l’engouement planétaire autour de La Reine des Neiges, le studio a une nouvelle fois pu s’appuyer sur l’exploitation au long cours du plus grand succès de l’histoire de l’animation, sur ses super-héros (Avengers) et, surtout, sur la suite de la saga cinématographique la plus lucrative de tous les temps. L’épisode VII de Star Wars, premier opus de la franchise distribuée par Disney depuis l’acquisition de Lucasfilm fin 2012, est seulement le troisième film de l’histoire du cinéma à avoir engrangé plus de 2 milliards de dollars de recettes au box-office mondial (derrière les deux productions de James Cameron Avatar et Titanic).
Avec son trio de films milliardaires au box-office (Jurassic World, Fast & Furious 7, Les Minions), une première au niveau mondial, NBCUniversal franchit pour la première fois la barre du milliard de dollars de bénéfices (1,2 Md $) et affiche la plus forte progression en un an tous studios confondus (+73%). Le studio établit par ailleurs un nouveau record au box-office international (hors marché domestique) en 2015 en générant 4,4 Mds $ de recettes (contre 3,7 Mds $ pour le précédent record de Fox en 2014). Une performance rendue possible notamment par l’explosion du marché chinois dont les recettes se sont élevées à 6,8 Mds $, en hausse de 50% par rapport à 2014. Un véritable eldorado pour les majors hollywoodiennes quand on sait que cinq ans auparavant le box-office chinois s’établissait à seulement 1,5 Md $.
Les trois autres grands studios sont en recul par rapport à 2014, en termes de revenus et de résultats nets. Si News Corp. (Fox, Fox Searchlight) se maintient tant bien que mal au-dessus du milliard de dollars, Sony (Sony, Sony Classics, Screen Gems, TriStar), pénalisé notamment par le piratage massif de ses données et productions cinématographiques fin 2014, enregistre quant à lui un repli sévère (-46%) à moins de 300 M$ de bénéfices. Enfin, la situation la plus alarmante concerne la Paramount dont les revenus ont chuté de 26% et les bénéfices ont été divisés par près de deux en un an (-89%) pour atteindre 25 M$ sur l’année calendaire 2015. Studio au line-up le plus restreint en 2015 avec Disney (respectivement 16 et 15 films), Paramount n’a guère pu compter que sur les succès des derniers opus des franchises Mission Impossible et Terminator (1,1 Md $ à eux deux au box-office mondial) pour limiter la casse en 2015. Une situation critique qui a conduit sa maison mère, Viacom, à envisager la cession d’une participation importante, mais minoritaire, dans les studios Paramount en 2016. Sous la pression des actionnaires, des discussions ont d’ores et déjà été entamées avec plusieurs investisseurs potentiels. Une décision difficile pour Viacom – les studios de cinéma faisant office de vitrine pour les grands groupes de médias américains depuis des décennies – mais inéluctable au regard de la situation financière de la Paramount qui plombe régulièrement les comptes de sa maison mère.